Le Métavers : à la croisée de deux mondes
Après avoir interviewé plusieurs experts de la simulation et plus particulièrement du Métavers (« Metaverse » en anglais), je constate qu’une définition concrète et exacte n’existe pas. Ceci pour une raison : le Métavers n’est qu’une notion, pour l’instant. Mais tout le monde s’accorde à dire que le Métavers n’est ni le monde réel ni le monde virtuel, mais le mariage des deux.
Si c’est la première fois que vous entendez parler du Métavers, sachez que ce terme ne date pas d’hier. Il a été conceptualisé pour la première fois dans le roman Snow Crash, publié en 1992 par l'écrivain cyberpunk Neal Stephenson, mais a connu une grande popularité grâce à l’annonce de Mark Zuckerberg, comme le montre l’évolution du nombre de recherche de ce mot sur Google :
Le Métavers : d’abord une promesse d’ubiquité
Ces notions peuvent paraître très conceptuelles et abstraites à première vue, alors projetons nous ensemble pour les concrétiser. Imaginez-vous dans un monde où vous pourriez voyager dans le temps et dans l’espace en quelques secondes, sans quitter le confort de votre canapé. Un monde où vous pourriez interagir avec vos amis dans le monde entier, où vous pourriez danser aux côtés de Beyoncé, ou organiser vos réunions Teams, et tout ça, avec le même avatar, sous la même identité, et sans quitter le confort de votre salon. Voilà la promesse du Métavers.
Charles-Henri Marraud des Grottes – Chief Creative Officer XR One - explique : « D’un point de vue technique, le Métavers n’est ni plus ni moins que le Web. Nous transformons le Web en espace virtuel et physique. C’est cela l’ossature du Métavers ». Plutôt simple, non ?
Le Métavers : pas forcément ce que vous pensez
Le terme Métavers utilisé aujourd’hui par la presse et le grand public et sa définition théorique ne sont pas tout à fait similaires. La nuance est subtile, mais a son importance. « Ce à quoi on assiste aujourd’hui est que le terme VR est remplacé à tort par Métavers. Tout ce qui est immersif et collaboratif on l’appelle le Métavers » explique Louis Dupain - Directeur des opérations chez Immersive Learning Lab.
En 2021, Matthew Ball - investisseur en capital-risque et spécialiste des stratégies technologiques - donnait une définition du Métavers, particulièrement intéressante par sa complétude et son exactitude. Selon lui : "Le Métavers est un réseau massivement étendu et interopérable de mondes virtuels 3D persistants, rendus en temps réel, qui assurent la continuité de l'identité, de l'histoire, des objets et des paiements, [qui] peuvent être expérimentés de manière synchrone par un nombre pratiquement illimité d'utilisateurs".
Cette définition rassemble plusieurs notions et caractéristiques du Métavers, selon son sens académique et théorique. Le Métavers ne serait pas plusieurs mondes contrôlés par différentes entités, comme utilisé par la presse. « C’est un abus de langage de parler de plusieurs Métavers » souligne Louis Dupain. Ce serait plutôt un seul environnement qui engloberait les deux mondes physique et virtuel, inclurait une économie à part entière et assurerait une "interopérabilité inédite". Cette notion d’opérabilité permettrait aux utilisateurs de transporter leurs avatars et leurs ressources d'un espace à l'autre du Métavers, qui sera décentralisé et donc sous le contrôle d’aucune entité. Il s'agira d'un "internet incarné", exploité par de nombreux acteurs différents de manière décentralisée.
Mais concrètement, nous n’en sommes pas tout à fait là.
Le Métavers 1.0 : les premiers pas
J’observe que le terme Métavers est aujourd’hui employé pour faire référence à une version non aboutie du Métavers théoriquement expliqué, « Le terme Métavers d’aujourd’hui n’est que la transition entre le web 2.0 et le web 3.0. Le web 3.0 étant le Métavers que la tech aspire atteindre » affirme Morgan Bouchet, Directeur du Programme XR / Métavers chez Orange Innovation.
De ce fait, la finalité du Métavers ne serait que l’évolution du web, une transition vers un web 3.0. Facile à dire mais pas si simple à réaliser, puisqu’aujourd’hui technologiquement, sa mise en place requiert des infrastructures réseaux très poussées et dont nous ne disposons pas encore. « Pour l’instant le Métavers est un effet de communication, mais la notion est beaucoup plus profonde que ça » explique Laureline Comte Legrand - Consultante XR Santé.
Un buzzword indéniable, mais pourrait-il être la révolution technologique de demain ?
Consultante chez Orange Consulting au sein de la communauté Accélération Digitale, j’accompagne les organisations dans leurs transformations organisationnelles et culturelles. Je m’intéresse tout particulièrement aux sujets liés à l’innovation et à l’organisation apprenante.