Au cœur de l’action digitale, ces hommes et ces femmes, entrepreneurs, chefs d’entreprise, chercheurs, philosophes, scientifiques… créent un nouvel ordre économique et social, tout autant écologique qu’éthique.
Olivier Diaz d’Orange Consulting a interviewé Renaud Guillerm, un des acteurs de la finance entrepreneuriale. Ce serial entrepreneur, ancien cofondateur de Vide-Dressing, a lancé Side Capital début 2016, un fonds d’investissement d’entrepreneurs au service des entrepreneurs. Au coeur de sa stratégie, la bienveillance et le plaisir d’accompagner des fondateurs incroyables.
Olivier Diaz : Le digital façonne notre société et nos modes de vie. Il a une dimension écologique, de par son impact sur notre environnement. Les entrepreneurs ont-ils un rôle à jouer dans cette prise de conscience sur l’écologie?
Renaud Guillerm : Je ne suis pas sûr qu’ils aient un plus grand rôle à jouer que tous les acteurs économiques, politiques et médiatiques.
Evidemment, certains entrepreneurs vont pouvoir traduire en projet d’entreprise, des convictions qu’ils ont et qui sont éventuellement partagées par un segment de marché. Si ces convictions sont épousées par une population importante, c’est source de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités. Aussi, certains entrepreneurs vont avoir un rôle actif sur le sujet.
En fait, il y a selon moi deux cas. On peut construire un business dont, par définition, l’objet ou l’innovation introduit aura un impact écologique direct. Par exemple quand on décide de faire du bio, on entre complètement dans une démarche écologique. L’écologie est ici ancrée dans l’ADN du projet.
Cependant, cela ne concerne pas l’intégralité des startups. En effet, d’autres entrepreneurs ne choisissent pas la notion écologique comme axe de différenciation. Néanmoins, cela ne les empêche pas d’induire ou de générer des valeurs écologiques ou responsables dans leur projet.
Prenons ZEST HCAAP, par exemple, qui développe une solution qui permet la gestion de dates limites de consommation en supermarché. La solution facilite la problématique de gestion des dates de péremption et ainsi une meilleure gestion des magasins. Par ailleurs, cette solution va sûrement aider à éviter le gaspillage et à transmettre les produits bientôt périmés à des associations. Or, le cœur de la solution consiste à faciliter le travail des chefs de rayon. En d’autres termes, un projet peut bien évidemment comprendre un impact écologique même si ce n’est pas sa vocation première.
O.D. : La notion d’entreprise responsable est-elle pertinente ?
R.G. : Il y a une responsabilité de l’entreprise vis-à-vis des actionnaires, mais également vis-à-vis des clients, des salariés et de la société dans sa globalité. Une entreprise qui prend en compte les vœux de l’ensemble des parties prenantes est tout à fait formidable !
Mais c’est un peu trop demander à une start-up de réussir sur tous ces plans en même temps. Si elle réussit vis-à-vis de ses clients, c’est déjà très bien ! Et si elle réussit vis-à-vis de ses clients, cela lui donnera, par la suite, les moyens d’adapter son comportement en vue de contribuer à l’intérêt plus global de la société.
O.D. : Est-ce que les valeurs éthiques influencent la prise de décision et la façon d’accompagner les startups ?
R.G. : Dans la façon dont j’accompagne les startups, les dimensions humaines et éthiques sont primordiales. J’ai envie que les personnes avec qui je travaille réussissent, qu’elles réussissent dans de bonnes conditions, qu’elles entreprennent avec plaisir.
C’est important pour moi de travailler avec des gens qui sont heureux d’entreprendre. J’ai envie de travailler avec des gens qui me semblent sains et qui manifestent de bonnes valeurs : des valeurs d’honnêteté, de transparence et de bienveillance. Je ne souhaite pas investir dans des startups dont les fondateurs ne sont pas alignés là-dessus.
O.D. : Le digital peut-il sauver la planète ?
R.G. : Le digital est un moyen, comme il y en a eu plusieurs au cours de toutes les révolutions, qu’elles soient industrielles ou télécom. Actuellement, nous sommes dans la révolution digitale, qui n’est d’ailleurs pas toute nouvelle. Il y a donc des moyens – de nombreuses technologies que nous n’avions pas avant – qui peuvent être utilisés pour aider la planète. Mais vient ensuite la question suivante : qu’est-ce qu’on en fait ? Effectivement, on le voit bien, à chaque fois qu’il y a une nouvelle technologie, on se demande si elle va faire du bien ou du mal. En ce moment, on parle d’intelligence artificielle. On se demande si ce type d’innovation va aider à sauver la planète.
Mais l’intelligence artificielle n’est qu’un moyen. Ce qui peut éventuellement sauver la planète, c’est ce qui sera fait avec. Peu importe que ce soit basé sur le digital, sur l’humain, sur l’intelligence artificielle, etc.
Le digital peut effectivement aider à sauver la planète, mais il reste un outil parmi d’autres à la disposition de projets qui peuvent éventuellement avoir un impact positif sur la société. En d’autres termes, je ne sais pas si le digital se suffira à lui-même pour sauver la planète. Les conséquences qu’il implique peuvent tout autant être positives que négatives sur la société. En somme, tout dépend de comment il sera utilisé.
Pour aller plus loin :
L’employee advocacy : quelle plus-value pour l’entreprise ?
Transformation numérique et management : les bénéfices de la confiance
Consultant expert dans la transformation digitale chez Orange Consulting, j’accompagne les entreprises pour relever les défis du Digital. Entrepreneur de start-ups innovantes ou membre du Comité de Direction de grandes entreprises internationales, j’ai œuvré pendant plus de 15 ans pour amorcer le changement et développer de nouveaux leviers de croissance, dans le secteur des médias et du Retail.