Être moteur du changement
Pour 93 % des DRH interrogés par le BCG dans une étude menée en juin dernier, la période actuelle vient bouleverser les pratiques managériales. Méthodes de travail mêlant autonomie et co-construction, modes de communication hybrides entre rencontres physiques et digitales, une profonde transformation est en cours. « La crise pousse le manager à faire évoluer ses propres pratiques et à être un moteur du changement. Il n’a plus le choix ! » confirme Jean-Michel Menant, Directeur Transformation Digitale Collaborateur & Nouvelles façons de travailler chez Orange Business. « Il doit à la fois assurer la continuité de l’activité, animer et motiver ses équipes en donnant du sens à leurs missions. Cela répond à une attente des collaborateurs et à une exigence d’efficacité opérationnelle. »
En contact permanent avec les équipes, le manager initie de nombreuses interactions hybrides où les outils numériques se superposent aux réunions physiques. Il se doit donc d’être exemplaire dans l’adoption des nouvelles pratiques : outils de communication unifiée, des applications de partage de données, mais aussi gestion des réunions à distance.
Adopter une posture d’animateur
Équipes pluridisciplinaires, hiérarchie plus horizontale et depuis quelques mois maintenant, généralisation du travail à distance : au-delà de donner des directives, le manager adopte également une posture d’animateur. De plus en plus, il sera amené à encourager l’intelligence collective et à valoriser la co-construction. « Pour adopter cette posture, les managers peuvent suivre des formations ou des programmes de coachings proposés par les RH » souligne Jean-Michel Menant.
L’étude du BCG montre que 25 % des entreprises interrogées mettent la crise à profit pour développer de nouveaux modes de travail favorisant le collectif. Le manager aura par exemple son rôle à jouer dans l’adoption du lean management (amélioration continue des process et gestion optimale des ressources) ou du design thinking (approche centrée sur l’humain et tournée vers l’innovation).
Cultiver la confiance
« Changer ses pratiques managériales aujourd’hui, c’est choisir une posture de confiance en ce qui concerne l’organisation des équipes, pour aller vers plus d’autonomie et de délégation » explique Jean-Michel Menant. La transparence du manager sera essentielle : donner des objectifs clairs aux collaborateurs, mais aussi communiquer sur l’avancement des tâches et informer les équipes à distance des décisions prises au bureau. Il veillera également à se rendre disponible pour venir en aide à un collaborateur en difficulté et pour trouver ensemble des solutions.
Le management par objectif est un autre point clé, avec une évaluation fondée sur des indicateurs objectifs et des livrables, en fonction du métier de chacun. Finalement, la qualité du travail fourni vient primer sur le temps passé au bureau ou derrière l’écran.
Entretenir le lien au sein des équipes
Si le manque d’accompagnement joue sur l’efficacité, il entraîne également un risque de perte de contact avec le salarié, qui peut se sentir isolé en télétravail. Le non-respect des délais ou l’absence de communication sont généralement des signaux d’alertes. Le manager doit avoir à cœur d’entretenir ce lien social et de garder une cohésion au sein des équipes. Des réunions régulières, individuelles et en groupe permettent d’assurer ce suivi. Elles peuvent être complétées de moments plus informels comme les désormais célèbres « apéros visio ».
Si le télétravail s’accentue, le manager doit également faciliter, en lien avec les ressources humaines, le retour partiel au bureau dans les meilleures conditions, afin que celui-ci reste le lieu de la convivialité et de l’émulation. Pour que la présence sur site des équipes ait du sens, il veillera à en créer toutes les conditions, via une organisation spécifique des activités. Un défi de taille à l’heure où les interrogations sur le futur des bureaux se multiplient.
« L’entreprise qui réfléchit aux évolutions des rôles managériaux à l’heure du travail hybride sera non seulement plus efficace en temps ce crise, mais également plus attractive à moyen terme » conclut Jean-Michel Menant. « Elle peut bien sûr être accompagnée dans cette modernisation par des spécialistes, tant sur les aspects humains que technologiques. »