Jeffrey Mann, vice-président de recherche de Gartner.
Stratégie Cloud First : la performance sans investissement
C’est là qu’intervient la stratégie Cloud First. Elle porte sur une idée simple : plutôt que de renforcer les architectures existantes ou de déployer de nouvelles architectures selon le mode traditionnel de l’achat d’équipements et de licences, pourquoi ne pas directement adopter les nouvelles solutions dans le cloud ?
La démarche porte tout autant sur l’adoption de nouvelles solutions, que de nouvelles fonctionnalités qui s’ajoutent aux solutions existantes et on-premise. Certaines entreprises sont "cloud native", attirées par l’absence d’investissement matériel, la rapidité et la flexibilité des déploiements, mais également la sécurité, la performance et la simplicité des applications en ligne.
C’est le cas des start-up, mais également d’entreprises qui possèdent/hébergent leur propre infrastructure, et qui au lieu d’acquérir de nouvelles licences pour compléter leurs solutions existantes, préfèreront passer par un mode SaaS (Software as a Service) pour ajouter de nouvelles fonctionnalités sans investissement, sur le modèle locatif.
« L’avantage d’une stratégie Cloud First est de penser application et non plus infrastructure », indique Dominique Vo, Directeur Transformation Cloud chez Orange Cloud for Business. Paradoxalement, la problématique est beaucoup plus large que le seul cloud, la réflexion des entreprises sur le devenir de leur informatique et leur transformation digitale leur impose d’adopter une approche Cloud First, mais aussi Mobile First et API First.
API (Application Programming Interface)
Une API est une application composée d’un ensemble normalisé de code, de classes, de méthodes ou de fonctions, qui sert de façade à une solution pour communiquer avec d’autres applications ou services, sans qu’il ne soit plus nécessaire de développer une interface.
De l’époque du logiciel à l’ère des microservices
Nous assistons à un changement du paradigme du travail. Nous travaillons en mobilité, avec des outils proposés sous forme de services disponibles à tout moment en n’importe quel lieu, et sur tout équipement, du PC à la tablette et au smartphone, et bientôt sur notre télévision. Le Cloud First est donc une véritable stratégie, pour consommer des services partenaires via des architectures de services Web.
Nous évoluons vers un monde où, au lieu de disposer d’une solution complète, nous irons chercher dans le cloud de l’entreprise, public ou privé, la fonctionnalité dont nous avons besoin, qui nous sera livrée quasi instantanément sous la forme d’un service dans le cloud. Nous entrons dans l’ère des microservices.
Encore faut-il disposer de la bonne architecture pour déployer les bons services : « le Cloud First est une véritable stratégie. « L’architecte de demain, c’est celui qui a la vision globale et qui va l’impulser, impacter l’organisation, les compétences, les méthodes agiles », annonce Dominique Vo.
Cloud First, Mobile First, API First, gestion des partenaires, enrichissement des services : tout cela ajoute une couche de complexité. Et pose de nouvelles questions : à quel moment réarchitecturer, comment renégocier ou contractualiser sur des approches agiles avec des livrables ? Ce qui est certain selon Dominique Vo, c’est qu’ « à un moment donné, les applications traditionnelles ne peuvent plus s’adapter aux nouvelles attentes de microservices ».
Dominique Vo, Orange Cloud for Business
Accompagnement et écosystème
Dans tous les cas, même en démarrant un projet nativement dans ce mode, adopter une stratégie Cloud First demande de se faire accompagner et d’intégrer l’écosystème qui saura apporter les bonnes réponses aux attentes de l’entreprise. La DSI devra également s’interroger sur sa capacité de développer sur la plateforme cloud, et sur la montée en compétence en interne. Quel conseil donner en conclusion ? « Partir dans un esprit start-up ! ».
En 2019, plus de 30 % des nouveaux investissements logiciels des 100 plus grands éditeurs passeront du stade Cloud First à Cloud Only. Source Gartner
Pour aller plus loin
ITSM dans le Cloud : gérer les services de A à Z
Bimodal IT : pourquoi les mainframes ne sont pas morts ?
Pourquoi virtualiser les postes de travail et comment en tirer tous les bénéfices ?
Peut-on mettre dans le cloud les applications et données critiques ?
Observateur privilégié de la transformation digitale et de l'engagement numérique des C-Level, partenaire des grands clubs de décideurs IT, je suis le rédacteur en chef d'IT Social. Depuis plus de 35 ans, avant même que le PC n'existe, je vis l'aventure de l'informatique. Journaliste depuis plus de 15 ans, je suis co-fondateur de Silicon.fr, j'ai collaboré à L'Informaticien, IT for Business, Programmez, Le Monde Informatique, et j'ai été le dernier rédacteur en chef du magazine CIO.