L'Augmented Enterprise Summit 2022 : Un signal de maturité pour l'AR/VR B2B
En octobre 2022 a eu lieu l’Augmented Enterprise Summit à Houston, aux Etats-Unis, le plus grand forum mondial sur l’utilisation de la réalité augmentée (AR) et virtuelle (VR) appliquée à l’entreprise.
Cette édition a été remarquable : des présentations visionnaires sur les conséquences à long terme des technologies AR/VR ont donné lieu à des discussions entre des fournisseurs spécialisés de la chaîne de projet (hardware, software, services) et un grand nombre d’entreprises du Fortune 500, dialoguant autour des enjeux à court-terme de l’AR/VR et en particulier les défis liés à son déploiement.
Ces grandes entreprises internationales, telles qu’Airbus, Toyota, Walmart, Amazon Web Services ou encore Coca-Cola, ont jusqu’à présent investi dans des projets pilotes et des « Proof of Concept », sans vraiment prendre le risque d’adopter ces technologies à grande échelle.
Selon ABI Research, leur intérêt croissant pour le déploiement de l’AR/VR est un indicateur de maturité qui prouve que ces technologies sont prêtes à être développées à plus grande échelle, quittant la phase d’exploration et de sensibilisation pour devenir des projets qui touchent des centaines ou milliers d’utilisateurs.
Si de tels signes de maturité industrielle attirent l’attention, c’est qu’ils semblent marquer la fin d’une période de stagnation pour l’AR/VR B2B. Depuis longtemps, des applications prometteuses à court et moyen terme ont été identifiées, mais leur développement a été considérablement ralenti au milieu des années 2010, en raison d'un mélange de facteurs macro-économiques et de restrictions fonctionnelles.
L’AR/VR pour la formation des collaborateurs : l’urgence du transfert des connaissances
Si le marché de la réalité augmentée et virtuelle pour les entreprises présente un vaste potentiel allant de l’amélioration de l’expérience client à la collaboration dans le métavers , il trouve ses débouchés les plus immédiates et les plus rentables dans la formation et l’accompagnement des collaborateurs de terrain. Une solution AR/VR permet ici soit de simuler un environnement dans lequel l’agent peut pratiquer un geste technique délicat, par exemple un casque plongeant des élèves-pilotes dans un cockpit d’avion virtuel où pratiquer les procédures de décollage, soit pour analyser en direct le champ visuel de l’agent et le guider dans sa tâche, comme une application sur tablette capable de reconnaître une pièce en production pour indiquer à l’ouvrier quel traitement lui apporter.
Ces applications répondent à un besoin croissant de renouveau générationnel des opérateurs métier, tout particulièrement en usine. Le départ à la retraite des travailleurs expérimentés et le ralentissement de la croissance démographique impose des défis de transmission de connaissance vers les ouvriers les plus jeunes, pour les faire monter rapidement en compétence et préserver l’efficacité opérationnelle de l’entreprise.
La fin d’une stagnation aux causes multiples
Malgré ces enjeux concrets et à court terme, et si les entreprises se sont montrées enthousiastes pour expérimenter ces solutions, leur maturité industrielle a pris plusieurs années de retard. La pandémie de Covid-19 en est la première cause majeure : bien qu’ayant dopé l’adoption de solutions de télé-présence, elle a fait freiner massivement les investissements en innovation dans l’ensemble des industries.
En plus de leur coût élevé, ces outils présentent un fort enjeu d’adoption : s’ils manquent d’ergonomie du fait de leur poids ou de leur complexité d’utilisation, l’opérateur aura de fortes chances de les abandonner après le premier usage. Une majeure partie du marché de l’AR B2B est aujourd’hui constitué de solutions de réalité augmentée pour téléphones et tablettes, plus maniables et plus faciles à développer mais plus limitées en fonctionnalités.
Alors que les signes de récession proche devraient conduire les entreprises à conserver leur position prudente sur l’AR/VR, leur appétit constaté cette année pour passer ces solutions à l’échelle est un véritable changement de paradigme. La maturation et l’urgence des enjeux business, l’amélioration continue des casques qui deviennent plus légers et plus économiques, ainsi que la nécessité de moderniser l’entreprise pour rester attractif auprès des plus jeunes dans la guerre des talents qui fait rage sont autant de signes d’un boom prochain du marché de la réalité augmentée pour les entreprises.
Et s’il fallait encore une preuve que l’avènement de la réalité immersive n’en est encore qu’à son commencement, il suffit de se tourner vers sur Los Angeles et son fameux Consumer Electronics Show, grand-messe de l’électronique, qui vient de fermer ses portes sur une édition riche en annonce pour la réalité mixte avec l’annonce de nouveaux casques chez la plupart des grands fabricants (HTC, TCL, Realwear…).
Moins encombrants, avec une meilleure versatilité, et toujours plus de confort, une nouvelle confirmation que l’écosystème s’adapte et prend en compte les retours des utilisateurs « pionniers » vers des casques et des lunettes qui conviennent au plus grand nombre !
Le rôle de l’opérateur-intégrateur
A l’instar des offres IoT, les offres AR/VR B2B sont des solutions complexes associant objets connectés, réseau, plateforme de données et application métier. Elles doivent être traitées via une approche écosystémique, impliquant des équipementiers et éditeurs spécialisés autour d’un intégrateur capable de conseiller l’entreprise cliente dans le choix des meilleurs éléments pour sa solution, et de faire levier avec d’autres technologies émergentes (5G, jumeaux numériques…) afin d’inscrire le service proposé dans une démarche de transition vers l’industrie 4.0.
Grâce à l’expérience en vision par ordinateur (dont la réalité augmentée est le prolongement naturel puisqu’elle consiste fondamentalement à traiter le flux vidéo d’une caméra déportée) d’Orange Business, le groupe possède un centre d’expertise dédié à l’AR/VR B2B, mobilisant un écosystème de partenaires dont il intègre les solutions au service d’un projet client. Cette union entre un opérateur et des éditeurs autour de l’AR est une approche très utilisée à l’étranger. Un exemple : aux Etats-Unis, Verizon travaille avec certains éditeurs communs avec Orange. L’opérateur est alors identifié comme un distributeur mais surtout comme l’interlocuteur métier légitime auprès du client. En tant que tiers de confiance sur le traitement de la donnée, du réseau et de la connectivité, il est donc garant de la qualité de service et de l’hébergement des solutions.
Je suis un chef de produit marketing chez Orange Business, tourné vers l’innovation, tombé dans la marmite du future metaverse quand j’étais petit. Curieux de nature, je recherche à comprendre les tendances et les rapports de l’humain à l’environnement numérique. J’ai fait mes armes sur la gestion et coordination de projets internationaux de la conception à la mise en production. Je m’attache à bannir les fausses promesses et à rechercher avec mes clients quels sont les réels bénéfices qu’ils vont tirer des technologies immersives de Réalité Mixte et d’Intelligence Artificielles.