Éclairages/ Pouvez-vous brosser rapidement le contexte dans lequel se retrouve une DSI aujourd’hui ?
Dominique Creurer/ Le passage au Digital Workspace, le déploiement d’outils plus agiles, le Big Data, les grands programmes de transformation du réseau, ou encore l’adoption des logiciels open source sont autant de tendances qui transforment le rôle et le mode de fonctionnement de la DSI pour encore plus de proximité avec les métiers.
Progressivement, une partie de la vision technologique du SI se reporte de la DSI vers les entités métiers. Le rôle de la DSI évolue alors vers davantage d’intermédiation entre les acteurs : elle doit adopter une vision métier et une posture conseil auprès des équipes de l’entreprise. Pour cela, une collaboration étroite avec les équipes des différentes composantes de l’entreprise et les utilisateurs doit être engagée.
Au plus près des métiers et sans oublier de maintenir une vision globale de l’architecture, la DSI doit également se rapprocher de la source des besoins : ceux des utilisateurs, devenus clients internes. Ceux-ci nourrissent des attentes fortes en matière de réactivité face aux innovations technologiques.
Autrement dit, la DSI doit adopter une posture « consumer centric ». La qualité de service, les applications, l’ergonomie et la facilité d’usage doivent respecter la même exigence que pour les clients externes de l’entreprise.
É./ Comment la DSI doit évoluer pour répondre à ces enjeux ?
D.C./ La DSI va devoir adopter un fonctionnement bimodal, en gérant à la fois de grands projets structurants, sur des temps longs, et la mise en place plus rapide d’applications plus légères, comme des applications mobiles. Deux typologies de projets qui peuvent bénéficier des méthodes agiles. Pour évaluer la performance des projets les équipes passent progressivement d’un pilotage via des KPIs de production vers une mesure de l’usage au plus proche de l’utilisateur.
Des transformations sont nécessaires, pour la DSI bien sûr, mais également pour les utilisateurs. Ceux-ci doivent être sensibilisés au fait que les méthodes agiles favorisent une satisfaction rapide, mais non exhaustive, de leurs attentes. Ce mode de fonctionnement aboutit le plus souvent à la mise en place d’un MVP, ou Minimum Viable Product, intégrant en priorité les fonctions indispensables pour une mise en production.
Pour assurer ce rôle de sensibilisation des métiers, un travail en partenariat avec les RH sur la formation de tous semble incontournable.
É./ L’ensemble de ces transformations ont un impact sur l’infrastructure, les technologies, les compétences nécessaires… Cela génère-t-il un surcoût pour la DSI ?
D.C./ La transformation digitale fait évoluer considérablement les modèles économiques et de production de la DSI par le recours à de nouveaux modes de gestion : via le stockage dans le Cloud, les outils accessibles en SaaS, le partage de compétences à travers des réseaux sociaux d’entreprise…).
En outre, les équipes de la DSI doivent acquérir de nouvelles compétences : méthodes agiles, devops (intégration des équipes d’exploitation dès le début des projets pour une optimisation des mises en production), data analytics, ergonomie, fonctionnement multiplateforme… et accélérer leur rapidité à comprendre les besoins des métiers !
É./ D’après votre expérience, quels sont les plus grands défis que la DSI doit relever pour accomplir sa transformation ?
D.C./ Les dimensions techniques sont maîtrisables. C’est la transformation pour les collaborateurs qui doit faire l’objet d’une attention particulière.
L’accompagnement du changement est une des clés : expliquer aux utilisateurs la différence entre le poste de travail et l’environnement de travail, par exemple, mais aussi la transformation des relations au sein de l’entreprise. La hiérarchie est estompée, le management passe d’un mode délégation/contrôle/sanction à une approche animation/motivation/dynamique. Il faut que l’entreprise soit capable d’accompagner ces évolutions pour que les clients internes, les utilisateurs, puissent adhérer à ces nouveaux modes de fonctionnement.
Une fois la transformation enclenchée, il faut aller vite pour pouvoir rapidement communiquer en interne sur un succès et les bénéfices apportés aux utilisateurs, afin de stimuler l’adoption des technologies.
Pour aller plus loin
>> Le digital workspace, ce nouvel état d'esprit pour les collaborateurs !
>> Quelles directions impliquer dans la transformation digitale ?