Les usages spéciaux face à la fermeture du RTC
Les acteurs de certains secteurs d’activité ont depuis longtemps recours aux lignes téléphoniques analogiques pour répondre à des besoins de communication spéciaux, de type machine-à-machine ou machine-à-serveur : fax, télésurveillance, télémesure, télémaintenance, alarme ascenseur, lecteurs de cartes, postes de sécurité… Autant d’usages non vocaux utilisant la boucle locale cuivre (BLC), qui représentent au total plus de 60 % du marché des lignes analogiques (clients entreprises).
Compte-tenu de la fermeture progressive du RTC, ces services doivent entamer une mutation technologique, indispensable à leur pérennité. Si certaines applications, comme la monétique ou la télérelève, ont déjà évolué pour fonctionner sur d’autres réseaux (mobile ou IP), des problématiques de contraintes techniques, d’environnement et de transport des données sur les réseaux VoIP émergent pour celles qui utilisent encore la BLC. La réponse ? Une transition concertée et progressive.
Palaiseau, ville laboratoire
Amorcée en 2012, l’expérience Palaiseau Ville 100 % fibre a contribué à identifier la plupart des usages spéciaux du RTC et offre aujourd’hui un cadre idéal pour étudier des solutions de substitution, pour tous les marchés. Une approche soutenue par le fait que les constructeurs d’équipements proposent de plus en plus de matériels conçus pour utiliser le réseau fixe IP ou le réseau mobile.
Les tests effectués à Palaiseau ont démontré que les terminaux et applications modems existants fonctionnent correctement en VoIP, contrairement à d’autres applications, qui font l’objet d’études complémentaires en partenariat avec les secteurs industriels concernés. Une démarche que vient appuyer celle de la Fédération Française des Télécom (FFT), tout aussi collaborative, initiée en 2016.
Innovation et co-construction au cœur de la transition
Dans la perspective d’une évolution généralisée du RTC vers des technologies IP, la FFT a mis en place un groupe de travail associant les professionnels des secteurs concernés. Objectif : définir des recommandations en faveur de la transition technologique et l’adaptation du parc de terminaux installé.
Le fruit de ces réflexions ? Un livre blanc, publié en mars 2017, qui synthétise les analyses et recommandations en termes de paramétrages des accès VoIP. Une référence qui permet aux différents acteurs de travailler dans une direction commune, afin de continuer à faire fonctionner au mieux les usages spéciaux construits sur le RTC lorsqu’ils sont transférés tels quels sur des réseaux IP. Ceci dans le cadre d’une transition progressive, mais générale, à terme, des réseaux et services vers l’IP.
Une migration progressive vers des usages nativement IP
Dans un premier temps, dès 2018, Orange proposera des offres spécifiques qui permettront aux entreprises de continuer à exploiter l’ensemble des usages spéciaux tout en conservant le matériel installé. Les accès RTC supportant ces usages basculeront progressivement en VoIP, dans le cadre d’une migration technologique sous la responsabilité des opérateurs, qui devront assurer la continuité de service chez leurs clients. Afin de simplifier cette transition, les solutions seront systématiquement étudiées en partenariat avec les fédérations des métiers concernés.
Si certains usages spéciaux, comme les terminaux de paiement électronique, fonctionnent déjà nativement en IP, l’objectif à long terme est que tous les usages soient IP-compatibles par défaut. En attendant que toutes les entreprises puissent migrer vers des terminaux natifs IP à leur propre rythme, des offres permettront de bénéficier des offres VoIP, en conservant leurs terminaux installés, sans dépendre du calendrier de fermeture du RTC.
À l’issue de cette période de migration, l’utilisation des réseaux VoIP pour le transport des usages spéciaux disparaîtra entièrement au profit de solutions nativement IP.