Efficacité énergétique et monitoring urbain
Face au défi climatique, les acteurs territoriaux publics et privés s’efforcent plus que jamais de réduire la quantité d'énergie et de ressources nécessaires au fonctionnement de leurs infrastructures et sur l’ensemble des services urbains. Les technologies numériques permettent d’aller dans ce sens, notamment via des relevés automatisés ciblant des indicateurs spécifiques, des remontées de capteurs pour mesurer, contrôler ou alerter, des analyses de flux voire des modèles prédictifs et des analyses d’efficacité.
À Narbonne, l’utilisation de solutions IoT dans les bâtiments a par exemple permis de réduire la consommation d’énergie tout en améliorant le confort dans les crèches et les écoles grâce au suivi des températures. Sur l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, des capteurs connectés sont utilisés pour surveiller en temps réel les niveaux d’eau dans les bassins de rétention et ainsi prévenir les risques d’inondation tout en optimisant les interventions.
Ce monitoring urbain offre ainsi de nombreuses opportunités pour un meilleur usage de l’énergie. Un enjeu particulièrement important pour les territoires, lorsque l’on sait que plus de 70 % de la consommation d’énergie d’une collectivité provient de ses bâtiments (source : ADEME).
Visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments par le déploiement de plans d’actions concrets, le décret tertiaire entré en vigueur en octobre 2019, impose à tous les sites de plus de 1 000 m2 de télédéclarer leurs données de consommation énergétique auprès de l’ADEME. Ce même décret intègre également un objectif de réduction de 50 % des consommations d’énergie à horizon 2040, encourageant la rénovation ou la conception de bâtiments évolutifs et moins énergivores.
L’analyse fine et la supervision des usages deviennent indispensables pour mieux gérer les ressources tout en améliorant la performance d’usage pour ses occupants. Les capteurs de présence informent par exemple de l’occupation des espaces, de même que les objets connectés et les réseaux IoT basse consommation facilitent l’analyse des usages. Les plateformes de gestion des bâtiments voire d’hypervision de parcs immobiliers permettent quant à elles de visualiser les données essentielles à la gestion des applications (énergie, sécurité, etc.) et des services aux occupants de manière centralisée voire mutualisée. Elles peuvent également servir à améliorer la performance d’un bâtiment, grâce à l’analyse croisée de la consommation énergétique et des caractéristiques patrimoniales.
Sobriété énergétique : repenser les usages des territoires
Qu’est-ce que la sobriété énergétique ? En quelques mots, il s’agit de prioriser ses besoins énergétiques et d’optimiser le fonctionnement des infrastructures et la coordination entre acteurs, pour passer du « plus » au « mieux ». Cela passe notamment par une mutualisation des flux, des services et des surfaces. La sobriété énergétique encourage également le déploiement de l’économie circulaire et favorise la participation citoyenne. Si cette démarche s’applique à tous les domaines de compétences d’une collectivité (aménagement du territoire, politique scolaire…), l’exemple des transports est emblématique : en optimisant ses réseaux et services urbains, la ville évite les déplacements à vide, fluidifie les parcours et favorise les nouvelles mobilités.
Le territoire intelligent peut intégrer des solutions numériques comme Flux Vision, qui propose des indicateurs simples pour visualiser les données de mobilité et révéler des grandes tendances. Certaines informations peuvent également être partagées avec les citoyens au travers d’applications mobiles ou de plateformes en ligne. Un exemple : le smart parking, qui, grâce à la connectivité embarquée et au traitement en temps réel des données, permet de réduire le temps d’accès au stationnement et l’empreinte carbone liée au temps passé à rouler en cherchant une place pour se garer. D’autres solutions proposant des itinéraires optimisés peuvent aussi être développées selon les besoins spécifiques du territoire. L’application Ma Ville dans Ma Poche propose par exemple aux Nantais des suggestions de mobilités en fonction du trafic tandis que l’application OùRA ! permet aux habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes d’accéder à la foisaux transports publics, à l’autopartage, au taxi ou à un calculateur d'itinéraires intermodal en ligne
Le numérique est donc un outil utile et nécessaire pour répondre aux enjeux de la transition environnementale Pour autant, s’il permet de transformer les business models et de donner une seconde vie à certaines ressources le numérique doit également veiller à optimiser sa propre utilisation de ressources.
Partager la donnée pour un meilleur pilotage de la transition écologique
Métropoles, intercommunalités, zones péri-urbaines et milieu rural sont tous concernés par l’usage du numérique au service de l’optimisation des ressources et des consommations d’énergie. Les statistiques en temps réel sur l’utilisation des services contribuent en effet à de meilleures décisions de politique publique et leur partage associe les citoyens à la gouvernance d’un territoire durable. C’est pourquoi le soutien de l’État via le plan France Relance doit permettre aux collectivités de toute taille d’accéder aux solutions innovantes ayant prouvé leur utilité. Le partage des bonnes pratiques et de la donnée est central dans cette démarche de transition.
Parmi ces bonnes pratiques, la mise en place de plateformes de données territoriales permet de présenter, agréger, partager et distribuer ces données de manière ordonnée et sécurisée. Ces mêmes données seront ensuite utilisées pour réaliser des statistiques et concevoir de nouveaux services comme des applications citoyennes. Lorient Agglomération développe ainsi une plateforme modulaire et ouverte, intégrant des solutions de data visualisation et IoT pour améliorer la gestion des déchetteries et fluidifier leur accès. D’autres agglomérations déploient également des plateformes de données pour piloter leur trajectoire zéro carbone et la réduction de leurs émissions de GES, en travaillant à la fois l’efficacité du bâti, l’autoconsommation en énergies renouvelables et des services de mobilité complémentaires. Reste maintenant à s’assurer de la bonne gouvernance des données partagées sur ces plateformes et de leur sécurisation, car la coopération entre acteurs du territoire et la participation citoyenne ne peuvent se développer sans confiance numérique.
Que ce soit par des tableaux de bord de visualisation d’indicateurs sur la production des déchets, de consommation et production énergétique par types de ressources, ou tout autre service d’aide à la décision, le numérique a un rôle central à jouer dans la transition environnementale des collectivités.