Une digitalisation accélérée de la médecine généraliste et spécialisée
« La digitalisation des acteurs de santé s’opère par phases : après la gestion administrative informatisée puis le dossier patient, on constate l’usage croissant du numérique par les professionnels de santé libéraux et les spécialistes », explique Laurent Frigara, CEO d’Enovacom, leader de l’interopérabilité et de la donnée de santé. Les statistiques de la médecine à distance en France confirment cette analyse, en particulier depuis le début de la pandémie de Covid-19 : l’assurance maladie a comptabilisé près de 500 000 téléconsultations par semaine au mois de novembre 2020. Une pratique qui devrait encore se développer dans les cinq à dix ans à venir grâce à la puissance des nouveaux réseaux.
La 5G devrait grandement améliorer la qualité vidéo des consultations, tandis que les informations issues des appareils médicaux connectés portés par le patient (bracelet, tensiomètre…) seront récupérées plus rapidement par le praticien. Les spécialistes ont aussi tout à gagner à cette multiconnectivité : les débits des nouveaux réseaux vont par exemple permettre d’échanger du contenu en haute définition (comme des scanners ou des IRM pour les radiologues) de manière sécurisée.
La connectivité augmentée va également entraîner le développement de nouvelles pratiques comme la radiographie 3D, qui peut être utilisée par un dentiste pour réaliser une prothèse, ou pour préparer ou une chirurgie avant même de voir son patient. La qualité d’image et la régularité des débits 5G seront décisives dans les prochaines années, surtout si les opérations chirurgicales réalisées à distance deviennent une réalité quotidienne. Lors d’une expérience réalisée avec succès en Chine en 2019, un malade de Parkinson s’est ainsi fait implanter un neurostimulateur par un spécialiste situé à plusieurs milliers de kilomètres via un bras connecté. Une opération impensable sans multiconnectivité.
*Source : AG2R / Assurance Maladie
Un parcours de soin construit autour du patient
Renforcer la coordination et le partage d’information entre les multiples structures de santé, c’est la condition centrale à la digitalisation du parcours de soin qui devrait améliorer le suivi thérapeutique du patient. Prise en charge médicale, séjour en hôpital, suivi post-opératoire : « il faut faciliter la connexion des systèmes et des applications des différents établissements pour que les professionnels aient accès à la bonne donnée patient au bon moment, où qu’ils se trouvent, et qu’ils puissent la partager de manière fluide », note Laurent Frigara.
Ce partage de la donnée facilité par la multiconnectivité permettra une médecine plus personnalisée mais aussi plus participative, puisqu’il encouragera le patient à remonter les informations issues du suivi médical à distance. Il fait déjà gagner un temps précieux aux personnels administratifs qui évitent un travail de ressaisie des informations en remontant directement jusqu’au dossier patient.
Le chantier de l’interopérabilité est loin d’être terminé car il concerne tous les acteurs de la santé. L’agrégation des flux de données nécessite à la fois l’émergence de standards de communication communs et des solutions jouant le rôle d’intermédiaire entre les systèmes. Le travail est conséquent mais mérite d’être effectué : au plus fort de la crise de la Covid-19, les solutions d’interopérabilité Enovacom ont par exemple rendu possible la connexion des appareils biomédicaux aux systèmes informatiques des hôpitaux. La remontée des données des patients a ainsi permis d’identifier les besoins en lits de réanimation. À l’échelle régionale, la connexion de centaines de laboratoires d’analyse à un système central a facilité le suivi des opérations de dépistage du virus et consolidé l’ensemble des résultats d’analyse
L’IoT à tous les étages
Le cabinet IoT Analytics estime à 21,5 milliards le nombre d’objets connectés opérationnels en 2025*. En milieu médical, les objets connectés sont déjà partout : en service de réanimation (lits, électrocardiogrammes, respirateurs), en Ehpad (détecteurs de chute, piluliers connectés) ou lors du suivi à domicile (bracelet connecté, tensiomètre, glucomètre). Mais les applications de l’IoT médical ne s’arrêtent pas aux soins : elles concernent aussi la maintenance des matériels (température des réfrigérateurs, usure des machines) ainsi que la surveillance des bâtiments (détection d’incendie ou d’intrusion.)
Pour profiter du plein potentiel de l’IoT, trois défis majeurs attendent les acteurs de santé dans la décennie à venir : une connectivité performante, l’interopérabilité des appareils pour faire circuler la donnée en temps réel, mais également la garantie de leur confidentialité.
« La connexion des objets connectés constitue une ouverture de l’hôpital sur l’extérieur, les enjeux de sécurité sont énormes » souligne Laurent Frigara. Mise à jour des logiciels des capteurs, protocoles sécurisés d’échange de données, stockage des informations dans un cloud d’un prestataire certifié, gestion des authentifications et des droits d’accès… Parce qu’il n’y pas de multiconnectivité sans haute sécurité, acteurs médiaux et spécialistes de la cyberdéfense ont tout à gagner à construire ensemble le futur de l’e-santé.
** Source : IoT Analytics, State of the IoT 2018