Une interface familière à 1,5 milliard d’utilisateurs
Facebook At Work est actuellement testé par quelques entreprises pilotes. À quoi ressemble-t-il ?
« Comme pour toute version béta, tout n’est pas totalement figé », explique Daniel Gonçalves. « Mais la principale certitude est que Facebook At Work utilisera le même moteur que la version grand public. Sa logique de fonctionnement sera la même ».
La solution intégrera par ailleurs des fonctionnalités collaboratives classiques dans le monde de l’entreprise : groupes de discussions à thèmes, échange de documents, invitations à des évènements (réunions par exemple)…
Si le RSE* de Facebook détient un atout, ce sera sans conteste sa prise en main : elle sera immédiate pour tout collaborateur ayant déjà utilisé Facebook à titre personnel. « Les entreprises ont toujours eu Facebook en tête lorsqu’elles parlaient de leur réseau social interne, et ceci bien avant que l’idée Facebook At Work soit dans les cartons. Les clients parlaient souvent de leur "Facebook interne" . »
Autre point fort : l’adaptation de Facebook At Work aux interfaces mobiles, qui là encore profitera de toute l’expérience acquise sur la version grand public.
Le capital de notoriété : un argument à double tranchant
« La similitude de Facebook At Work avec la version grand public est un atout autant qu’une faiblesse » analyse Daniel Gonçalves. « En effet, le Facebook grand public peut avoir, pour une entreprise, une connotation négative, l’assimilant à la protection insuffisante des données ou encore à la perte de temps sur internet ».
Facebook devra en premier lieu prouver que sa solution professionnelle garantit la confidentialité des données qui s’y échangent. Où seront-elles stockées ? Sous quelles conditions ? Les réponses seront essentielles. « A ce stade, Facebook a déjà assuré que la confusion entre le compte personnel et professionnel des utilisateurs serait impossible : les deux univers resteront cloisonnés ».
Cela garantit au moins que les données professionnelles ne pourront pas s’égarer au-delà des cercles sociaux de l’entreprise.
Un modèle économique à préciser
Alors que le business model de sa version grand public repose sur l’exploitation publicitaire des données collectées, la question pour la version entreprises de Facebook demeure. « Dans le monde d’internet, on a coutume de dire que si c’est gratuit, c’est que vous n’êtes pas le client mais le produit », rappelle Daniel Gonçalves. « Mais en entreprise, les modèles sont évidemment différents ».
Ainsi, Facebook évoque la possibilité d’une version freemium qui associerait des fonctionnalités de base gratuites et des options payantes. Reste à préciser lesquelles. « On évoque aussi un modèle de licence, plus classique dans le monde des réseaux sociaux d’entreprise », complète Daniel Gonçalves.
L’indispensable intégration à l’environnement de l’entreprise
« En 2010, alors que Facebook comptait déjà 500 millions d’internautes, j’avais écrit un article volontairement provocateur, qui expliquait "Pourquoi votre RSE* ne serait jamais Facebook’’. Peut-être avais-je raté une bonne occasion de me taire ! », s’amuse Daniel Gonçalves.
« Plus sérieusement, cet article ne remettait pas en cause la puissance de la plateforme et de ses usages. J’insistais sur les spécificités qui font de la mise en place d’un réseau social en entreprise un projet particulier. La nécessaire prise en compte des spécificités liées à l’identité du collaborateur et de ses préoccupations métier, mais aussi des enjeux liés à l’intégration avec l’environnement de travail, l’obligation d’assurer la protection des données, etc. »
Ces conseils restent donc pertinents. Les principales limites de Facebook At Work devraient concerner la capacité de personnalisation et d’intégration de la solution. « La principale préoccupation des entreprises consiste aujourd’hui à proposer un environnement de communication et de collaboration fédéré. Sur ce point, Facebook a un coup de retard sur les Microsoft, Jive and co, acteurs traditionnels, et même sur son grand rival Google, déjà présent en entreprise ».
Une arrivée tardive sur le marché ?
« Je ne me risquerai pas à des prévisions de pénétration de marché pour Facebook At Work. Ce que l’on peut dire, c’est que les grands groupes ont souvent déjà investi sur le sujet, même si tous n’ont pas encore su ancrer ces nouveaux usages dans les habitudes de travail », note Daniel Gonçalves. « Il y aura certes un marché de renouvellement ; chez Orange, nous venons par exemple de déployer la deuxième version de notre RSE : Plazza. Nous en avons profité pour changer de solution technique, mais nous avons des besoins forts d’intégration combinés à des politiques de gestion de l’information très strictes, comme c’est le cas de la plupart des grandes entreprises ».
Un terrain de jeu plus porteur, en France tout au moins, pourrait être celui des petites et moyennes entreprises. « Elles ont moins de contraintes liées à leur environnement technologique et profitent de cultures plus libérées », explique Daniel Gonçalves. « Après les grands groupes, ce sont elles qui lancent désormais leurs projets ».
*RSE : Réseau Social d'Entreprise
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