Transports : vers un parcours sans couture
Avec la smart city, les modèles de déplacement évoluent considérablement. La collecte de données, si elle est partagée entre les différents transporteurs, permettra aux usagers de combiner beaucoup plus efficacement les moyens de transport tout au long de leur trajet. « On commence déjà à avoir des notions de parcours beaucoup plus souples », explique Delphine Woussen, Directrice de l'unité Smart Cities d'Orange Business. « Pour le moment les titres de transport et les tarifications divergent d’un moyen de transport à l’autre... Dans quelques années tout sera beaucoup plus naturel grâce à la création d'applications uniques et à un accès partagé à la data concernant les flux de voyageurs et la position des véhicules. » La gestion du trafic sera elle aussi repensée : les sociétés de transport qui s’appuyaient jusque-là sur la statistique pour établir des schémas prédictifs auront la capacité d’adapter leur offre de bus ou de navettes à la volée, en fonction des flux de voyageurs détectés en temps réel.
L’essor des objets connectés permet aux villes de multiplier les expériences allant dans le sens de cette « smart mobility ». Los Angeles a par exemple expérimenté un logiciel qui traque les places de stationnement inoccupées, associé à une application gratuite pour les utilisateurs (ParkMe). En Angleterre, la ville de Nottingham a mis en place un système de géolocalisation des véhicules de transport public dont les informations sont retransmises en direct sur les réseaux sociaux. Le Royaume-Uni a par ailleurs lancé le premier projet pilote d'autoroute connectée au monde. Des capteurs placés sur les bandes routières sont capables d'évaluer le trafic et d'émettre une série de signaux permettant de réagir rapidement en cas de congestion de la circulation et d'imposer une limitation de vitesse aux automobilistes en fonction des conditions du trafic.
La gestion connectée et « intelligente » des transports va rendre toujours plus indispensable la coopération entre acteurs publics et privés pour une mise en commun des ressources. En Finlande, la ville d'Helsinki a ainsi développé l’application MaaS Global qui combine l'offre en transports publics et d'autre options de transporteurs privés pour donner aux clients les meilleurs itinéraires possibles, associés à des informations en temps réel sur les smart parkings et le trafic.
Des bâtiments intelligents créateurs de lien social
L’utilisation d’outils numériques pour mieux gérer la consommation énergétique est déjà une réalité : le pilotage de l’éclairage public, le suivi en temps réel de la consommation d’énergie des bâtiments ou les réseaux électriques intelligents (smart grids) sont présents dans certaines villes. « De nombreuses initiatives existent déjà » confirme Delphine Woussen, « c’est la multiplication de ces usages, souvent simples et toujours utiles aux habitants, qui donnera à la smart city tout son sens ». L’essor des objets connectés permet à la ville de prendre ce virage. Leur croissance est particulièrement rapide dans le domaine des bâtiments (on en comptait 206 millions en 2015) et de la maison connectée (295 millions). Des solutions telles que l'éclairage intelligent enregistrent la croissance la plus forte parmi les objets connectés d’intérieur. Pour Lyse Brillouet, Directrice de Recherche Société Numérique chez Orange : « d’ici 10, 20 ou 30 ans, les objets d’une maison ou d’un ensemble d’habitats pourront coopérer et interagir les uns avec les autres, avoir une logique de solidarité, voire avoir une logique de réemploi ».
Le smart building peut aller encore plus loin : le numérique offre la possibilité de transformer le bâtiment en ressource. Il offre une nouvelle entrée sur le web et ses services. Le bâtiment deviendrait « actif » grâce à un internet local mettant en relation tous les habitants d’un lieu. Chacun pourra y devenir consommateur et producteur de services. Des réseaux numériques locaux pensés dès la conception des bâtiments intelligents pour accélérer la mise en place d’une économie sociale et solidaire à l’échelle locale. Le développement raisonné d’une intelligence artificielle à l’échelle du bâtiment semble être une clé d’ouverture pour le futur de la smart city, qu’il s’agisse de la gestion de l’espace comme de l’énergie, mais aussi et surtout des échanges entre les habitants.