L’innovation en 4 mots clés
Edouard Barbier revient sur l’’innovation d’hier à aujourd’hui, avec une présentation de l’innovation fermée, de l’innovation collaborative, de l’open innovation et de la co-innovation.
Innovation 1.0 : l’innovation fermée
Les organisations sont en compétition afin de développer des compétences de base uniques pouvant être exploitées pour créer un avantage concurrentiel. Les facteurs de production traditionnels (la terre, le capital et la main-d'œuvre) constituent le fondement de la réussite de toute entreprise.
Par la suite, d’autres facteurs deviennent des atouts concurrentiels critiques : la localisation, la technologie, les stratégies commerciales et financières, les innovations relatives à la chaîne d’approvisionnement, le capital humain et social, les compétences uniques pouvant créer un avantage concurrentiel et les innovations en matière de gestion.
Les organisations développent des compétences uniques en interne, souvent dans un secret total, ce qui leur octroie un avantage concurrentiel décisif sur le marché. Le département R&D est une source d’innovation cruciale qui soutient la chaîne de valeur de l’organisation. Parmi les systèmes d'innovation fermés les plus connus, on peut citer le laboratoire Bell, le département de recherche et développement de Procter & Gamble et la NASA.
Innovation 2.0 : l’innovation collaborative
Les compétences spécifiques d’une organisation ne sont plus suffisantes pour développer un avantage concurrentiel durable.
L’approche traditionnelle de l’autosuffisance face à la concurrence mondiale n’est plus suffisante. Même les multinationales leaders estiment nécessaire de trouver des partenaires pour réinventer une chaîne de valeur innovante, combinant leurs propres compétences avec celles d'autres entreprises. Sur un marché mondial ouvert depuis 2000 et avec les progrès des NTIC, les entreprises ont beaucoup plus de facilité à rechercher des entreprises dotées de compétences de haut niveau à l’échelle globale.
De nouvelles formes de partenariats, alliances stratégiques, joint-ventures et accords de partage de technologies/brevets se développent. Les relations inter-organisations aident des sociétés telles que Nike, Apple, Mattel, Dell à croître et à développer des chaînes de valeur offrant un avantage compétitif pérenne.
Innovation 3.0 : l’open innovation
L'économie mondiale connectée et l'avènement des TIC qui favorisent un large partage des connaissances ouvrent la possibilité d'une collaboration encore plus large pour l'innovation.
Les collaborations vont au-delà des entreprises, touchant des entités telles que les instituts de recherche externes, les universités, les communautés scientifiques mais aussi les particuliers, et ce dans le monde entier.
Chesbrough (2003) invente ainsi le concept « d’innovation ouverte » pour désigner des efforts novateurs collaboratifs internes et externes pour la création de valeur. L’idée de base de l’innovation ouverte est de construire une chaîne de valeur à l’échelle mondiale, à travers un nouvel écosystème d’innovation. En son sein, divers éléments peuvent être combinés pour créer des solutions cohérentes de création de valeur, en toute transparence, grâce à des accords de collaboration. Une convergence créative entre les compétences externes et les compétences propres à l’organisation est au cœur de l’innovation ouverte.
Un exemple : P&G met en place une chaîne de valeur fondée sur la convergence de ses activités de R&D et de C&D (Connecter et Développer). De nombreuses entreprises de premier plan, des organisations à but non lucratif et même des gouvernements, commencent à mettre en œuvre l'innovation ouverte : Eli Lilly, Microsoft ou encore SAP et LG.
Innovation 4.0 : la co-innovation
Aujourd'hui, l'intelligence collective et le crowdsourcing sont possibles via des canaux formels et/ou des réseaux sociaux. L'élément clé de la co-innovation consiste à fournir une expérience convaincante des effets de réseaux pour la création de valeur.
La co-innovation est une plateforme où de nouvelles idées ou approches de diverses sources internes et externes sont appliquées différemment, pour créer une expérience nouvelle pour toutes les parties impliquées, y compris les consommateurs (Von Hippel, 2011). D’un côté, le principe de la co-innovation repose sur l'engagement, l'expérience et la co-création pour créer une valeur difficile à imiter par la concurrence. De l’autre, la plateforme de co-innovation facilite la convergence des idées, la collaboration et la co-création d'expériences avec l’ensemble des parties prenantes.
La co-innovation permet de créer de la valeur dans cinq domaines :
Edouard Barbier
Consultant Principal Banque, Orange Consulting
Consultant Principal en conseil digital et innovation, spécialisé dans le secteur banques et assurances, j’accompagne la transformation digitale et l'innovation de mes clients en France et à l'étranger. Mes compétences couvrent des domaines aussi variés que la mise en place de démarches innovantes, le design thinking, le consumer-centric design et les pratiques de Lean Startup.