Hyperconnectés = hypercarbonés ?
Télétravail, outils collaboratifs à distance, convergence IT/OT, l’hyperconnectivité est de plus en plus prégnante dans les entreprises. Un rapport de IDC de juillet 2020 prévoit plus de 55 milliards d’appareils connectés à l’horizon 2025, dont près de 30 % seront installés dans des environnements industriels et qui généreront 79,4 Zb (Zettabit) de données. Cette hyperconnectivité croissante pose évidemment de nombreuses questions en matière d’impact environnemental. « Les deux sujets ne sont pas incompatibles, au contraire, l’hyperconnectivité a de nombreuses vertus en faveur de la protection de l’environnement à condition de passer d’un comportement compulsif à raisonné », souligne David Kernanec, manager pour Orange Consulting Smart City. Le tout est de partir des usages, d’insuffler une gouvernance impliquant toutes les parties prenantes, puis d’identifier un modèle économique viable et enfin de mettre en place des outils de pilotage efficients.
Plusieurs initiatives sont déjà lancées pour associer hyperconnectivité et protection de l’environnement. Parmi elles, sobloo, une plateforme qui donne un accès centralisé et en temps réel à des données brutes d’observation de la Terre. Ces données, associées à des outils métiers, permettent notamment d’étudier les effets du changement climatique et de concevoir des solutions. Un exemple ? En agriculture de précision, sobloo facilite notamment l’étude des sols, le stress hydrique et facilite la prise de décision pour des cultures moins gourmandes en eau. Les possibilités sont multiples pour développer de nouveaux modèles économiques et faire de l’hyperconnectivité un levier de durabilité.
L’usage comme point de départ
Adapter la connectivité aux usages permet de réduire l’impact environnemental et de tendre vers plus de sobriété numérique. « La plupart des entreprises sont déjà hyperconnectées, donc il s’agit désormais de valoriser et d’optimiser ce qui est en place en identifiant les besoins de la manière la plus précise possible », ajoute-il. D’autant que « bien souvent, seules 20 % des applications mises en place dans les entreprises ne seront réellement utilisées. Cette fuite en avant est contre-productive alors qu’en se demandant ce dont l’entreprise a vraiment besoin aujourd’hui et demain, elle peut être plus performante », selon David Kernanec. Pour cela, l’entreprise peut commencer par réaliser un état des lieux de son patrimoine réseau, énergétique, applicatif, mais aussi des données produites. À partir de cet état des lieux, les équipes informatiques pourront optimiser certaines architectures IT afin d’en réduire l’impact environnemental. Elles peuvent également être sollicitées pour faire l’inventaire de toutes les applications informatiques, supprimer celles qui sont rarement utilisées et en remplacer d’autres par des solutions écoconçues.
Identifier et mettre en place les leviers d’optimisation
Plusieurs questions peuvent se révéler utiles pour analyser ses patrimoines réseau et applicatif. Les coûts IT évoluent-ils plus vite que les résultats économiques ? Quel est le TCO (Total Cost of Ownership) de l’IT en prenant en compte tous les coûts directs et indirects ? Sur l’ensemble du circuit d’une donnée, combien de briques logicielles et applicatives sont nécessaires ? Comment les applications sont-elles utilisées ? Avec la crise sanitaire et la nécessaire mise en place du télétravail, de nouveaux comportements sont rentrés dans les usages. L’hyperconnectivité représente un véritable atout pour aider l’entreprise dans ses évolutions. Elle permet par exemple une meilleure gestion du flex office, grâce à la microlocalisation du personnel présent pour adapter les sources d’énergie aux bons endroits. Un tiers de vos collaborateurs est présent ? Grâce à la récolte des données de capteurs et des outils de pilotage à distance, il est possible de ne climatiser ou chauffer que certaines pièces du bâtiment.
Intégrer toutes les parties prenantes
« De la même manière que les navires vont pouvoir emprunter les meilleures routes maritimes en fonction des données collectées sur la météo et les courants, une entreprise a tout à gagner avec l’hyperconnectivité en termes de modèle économique, de productivité et de réduction des coûts », insiste David Kernanec. Dans l’industrie par exemple, l’hyperconnectivité se révèle être un formidable atout en soutien du lean management pour produire plus, mais surtout mieux en faveur de l’environnement.
L’intelligence artificielle et l’analyse des données peuvent fournir par exemple des informations précieuses pour l’optimisation des ressources, des matières premières, mais aussi des consommations énergétiques. En cas de fuite sur une machine par exemple, un capteur connecté saura prévenir les techniciens au plus tôt. Toutes ces solutions sont prometteuses et les entreprises qui les appliquent déjà affichent des résultats positifs, à la condition que le plus grand nombre soit associé à ces transformations.
Il s’agit donc de convaincre toutes les parties prenantes, notamment la direction. Les collaborateurs sont aussi concernés et sur ce point, ajoute David Kernanec, « la pédagogie est nécessaire pour les former aux bons usages et leur faire prendre conscience des enjeux pour leur métier, l’entreprise et l’environnement, comme c’est le cas par exemple sur la gestion du poids des mails envoyés ou l’utilisation ou non de la vidéo lors d’une visio ». Ainsi, l’hyperconnectivité, couplée à des comportements plus responsables, offre les clés d’un numérique plus durable.