Destination open innovation & collaboration
Pour suivre la cadence des cycles d’innovation et des nouveaux schémas concurrentiels, chaque entreprise doit d’abord synchroniser ses modes de travail et de collaboration avec les autres entreprises et ses partenaires externes. Une culture d’ouverture fondée sur une relation privilégiée avec d’autres entreprises innovantes : prises de participation, capital ventures, incubateurs, essaimage, etc.
Le défi pour l’entreprise est de préparer les collaborateurs à s’affranchir des barrières organisationnelles traditionnelles et à travailler plus souplement au sein d’équipes interfonctionnelles, interentreprises, intersectorielles. Et ce, tout en utilisant de nouveaux espaces collaboratifs virtuels ou physiques. Une dynamique de travail sur un modèle d’incentives qui favorise l’intrapreneuriat, le test & learn, le droit à l’erreur… Toute une philosophie du mode projet à insuffler en interne pour s’adapter aux cycles d’innovation courts, aux temps de prototypages accélérés et aux méthodes itératives s’appuyant sur une démarche User Experience Design.
Une révolution culturelle et une appropriation des nouveaux outils (réseaux sociaux d’entreprise, social learning, applications métiers) qui semble aujourd’hui s’imposer à tous les marchés.
Management et leadership : vers une nouvelle ère
L’autre point clé est celui des talents et des compétences, point pour lequel les ressources humaines sont un levier stratégique. Le développement des usages digitaux peut en effet être accompagné par la valorisation de nouvelles fonctions ; par exemple le Chief Digital Officer ou le Chief Transformation Officer, et par la création d’instances dédiées de type Shadow Comex. Mais c’est aussi l’horizontalité croissante des relations professionnelles qui est en jeu : les réseaux sociaux facilitent l’émergence de nouveaux référents et experts, en dehors de toute structure hiérarchique. Les managers « officiels » voient donc leur rôle évoluer vers celui de facilitateur et d’accélérateur du changement. Le digital conduit de fait à une multipolarisation du leadership (la DSI prend par exemple chaque jour plus d’importance via le choix des systèmes informatiques, l’analyse et la gouvernance des données). Une matrice de responsabilités métiers/DSI peut par exemple permettre de définir ce qui relève du local ou du corporate.
Mener à bien le changement grâce au soft skills
La digitalisation de l’entreprise n’a de sens que si elle se centre sur la culture du service et l’expérience client. Pour embrasser cette culture de l’Humain au cœur du digital, il y a autant urgence à investir dans la maîtrise des outils que dans les soft skills : doter les femmes et les hommes de compétences interpersonnelles et d’accompagnement au changement, de gestion émotionnelle, de co-création, de leadership... Afin d’aider les collaborateurs à se mettre en mouvement et éviter la constitution d’une entreprise à plusieurs vitesses. « Aucune méthode ne permet aujourd’hui de se substituer au temps et à la transformation des Hommes », rappelle Emmanuelle Duez, fondatrice de la start-up Boson Project. Pour s’assurer que chaque collaborateur prenne le train en marche et se responsabilise, l’entreprise pourra identifier et créer des relais locaux (mentors, formateurs, experts) qui faciliteront et entretiendront la mobilisation autour des nouveaux dispositifs en place, assureront une bonne communication et organiseront les feedbacks afin de moduler en permanence ces dispositifs.
L’identité de l’entreprise en question
La nouvelle place prise par le digital s’accompagne d’une quête de sens pour les collaborateurs et d’identité pour l’entreprise. L’heure est à la remobilisation autour d’une vision et d’une raison d’être collectives. Si les entreprises digital natives peuvent être une source d’inspiration pour les dirigeants, il est important de rester centré sur ses origines et de conserver l’état d’esprit insufflé par les fondateurs. « L’émergence des start-up aux technologies disruptives et au fonctionnement plus horizontal ne signifie pas la fin de l’entreprise traditionnelle », confirme Emmanuelle Duez. « Cette dernière peut compter sur son capital immatériel : valeurs, culture, histoire, etc. » À l’avenir, l’entreprise puisera sa croissance dans sa capacité à gérer la dualité entre ses actifs historiques et la nécessité de se réinventer en plaçant l’innovation au cœur de son fonctionnement.