L’enseignement à distance : la résilience pour l’éducation ?
La fermeture des établissements scolaires lors du confinement de 2020 a démontré le rôle crucial du numérique pour assurer la continuité pédagogique à distance : le mail pour transmettre les leçons et recevoir les devoirs, la visioconférence pour conduire des cours, etc. Mais le numérique n’est pas seulement un palliatif à l’impossibilité d’enseigner en présentiel. Il ouvre des voies supplémentaires et complémentaires d’accès à la connaissance et à sa transmission.
D’ailleurs, le numérique à l’école n’est pas apparu avec la crise de la Covid-19. Depuis une dizaine d’années, la totalité des établissements du secondaire et du supérieur sont équipés d’environnement de travail numérique (ENT) facilitant la communication inter-enseignants et avec les élèves, mettant à disposition des ressources pédagogiques. La vidéo et les liens internet « pour aller plus loin » sont largement utilisés.
« Avant la crise sanitaire, une faible proportion d’enseignants et de formateurs avait réellement conscience que le numérique allait transformer leur métier et que la pédagogie numérique ne se résumait pas à proposer des contenus en ligne », nuance Patrice Abolin, Business Developer Services Numériques Éducation-Emploi-Formation chez Orange. « Le confinement a entraîné un intérêt beaucoup plus large envers les innovations en matière d’enseignement numérique. »
Les nouvelles technologies permettent en effet d’envisager d’autres modalités de formation : classes virtuelles à distance, expérimentation en immersion grâce à la réalité virtuelle, visites de laboratoires ou d’entreprises en vidéo interactive et en temps réel, utilisation des serious games pour ancrer les connaissances.
Enfin, avec l’intelligence artificielle, les enseignants pourront s’adapter à chaque élève en détectant très tôt des lacunes et des points faibles à corriger. Certaines de ces innovations sont en phase de test au sein de l’Immersive Learning Lab par exemple, avec le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et Orange. Au ministère de l’Éducation nationale, on réfléchit même à préparer les élèves de terminale à l’oral grâce à des mises en situation immersive face à un jury virtuel. Un bon moyen de les préparer au Grand oral, nouvelle épreuve du baccalauréat.
Apprendre à apprendre avec le numérique
Pour tirer parti des apports de l’éducation numérique, la formation des enseignants aux nouvelles formes de pédagogie est incontournable. Cela doit se traduire notamment par un accompagnement aux nouveaux usages, mais aussi et surtout par une phase de réflexion concertée autour de chaque matière, chaque niveau de classe et chaque type de formation (technique, professionnelle, générale, etc.) avant de mettre en place les conditions d’adoption des nouvelles pratiques.
« Utiliser le numérique pour former les enseignants est un moyen de leur faire sentir et comprendre la transformation de leur métier. Ils doivent être acteurs de cette transformation », explique Patrice Abolin. Si la fibre et la 5G peuvent accélérer le développement de l’enseignement numérique, un certain nombre de conditions doivent être réunies. Les équipements et l’accès aux réseaux très haut débit constituent un premier défi qui peut être relevé par la mutualisation entre les établissements.
« Au sein du programme « Au cœur des territoires » porté par le Cnam et dont Orange est partenaire, 15 sites de villes moyennes du Grand Est ont été identifiés pour recevoir des raccordements adaptés aux usages d’éducation et de formation. Ces raccordements sont prévus en réponse aux besoins du Cnam, bien sûr, et aussi pour être mis à disposition d’autres enseignants. »
De quoi réduire le montant d’investissements nécessairement élevés pour équiper les établissements scolaires.
Vers une vision partagée du numérique
Des dispositifs existent pour faire évoluer le métier d’enseignant. Le réseau Canopé, par exemple, propose des supports digitaux et dispense des informations et des formations au numérique. De son côté, le laboratoire d’innovation 110 bis, au sein des services centraux du ministère de l’Éducation nationale, expérimente et teste de nouvelles solutions d’apprentissage depuis 2018. Les incubateurs académiques poursuivent les mêmes objectifs au niveau des territoires et en lien avec les acteurs locaux.
En parallèle, le grand mouvement de transformation s’accélère suite à la période de confinement. Tous concernés, tous acteurs : c’est en substance l’esprit des États généraux du numérique pour l’éducation annoncés en juin 2020, cette consultation nationale et régionale menée auprès de parents, d’enseignants, d’agents, de représentants des collectivités, du secteur privé et des associations pour faire émerger une vision partagée du numérique pour l’éducation. Cette démarche participative s’organise autour de cinq grands thèmes parmi lesquels « enseigner et apprendre avec le numérique », qui permettra de fédérer et de mettre en lumière des initiatives locales d’avenir. Un tremplin pour accélérer les nouvelles façons d’enseigner avec le numérique.