Un nom unique pour des réalités différentes
Un drone est un objet radio-guidé, qui se déplace majoritairement dans les airs sans pilote humain à son bord et destiné à des usages civils ou militaires. Une définition qui couvre des appareils très différents, du drone « de loisir » embarquant une caméra avec une autonomie réduite, au drone industriel truffé de capteurs et dont la taille peut atteindre celle d’un petit avion…
La mission des drones reste le plus souvent la surveillance, qu’il s’agisse de détecter une intrusion sur un site protégé, une fuite de gaz sur une canalisation ou une dégradation sur un équipement difficile d’accès. Leurs usages sont simples à mettre en œuvre et à imaginer, et ce quel que soit le matériel embarqué : traditionnelle caméra numérique, caméras thermiques, capteurs et analyseurs en tous genres.
Des technologies nées sur le marché grand public
« Bien souvent, c’est en voyant un drone grand public qu’un collaborateur de l’entreprise envisage un usage professionnel. Il constate que le drone lui permettrait de travailler plus vite ou de limiter les risques auxquels sont exposés les collaborateurs. Chez Orange par exemple, nos experts peuvent détecter des besoins de maintenance en examinant les antennes du réseau mobile. Désormais avec un drone, ils n’ont plus besoin de se hisser sur le toit d’un château d’eau : ils prennent moins de risques et inspectent davantage d’antennes plus rapidement », explique Laurent Marchou.
De telles tâches de contrôle se multiplient d’autant plus que les connectivités radio et les technologies Cloud permettront de réduire le temps nécessaire à l’analyse des données transmises.
Faire évoluer les technologies… et la réglementation
Aujourd’hui, les usages industriels du drone restent limités par des problèmes technologiques, comme l’autonomie de leurs batteries. Il est impossible aujourd’hui d’envisager des drones « actifs » qui exécuteraient une tâche physique : tout équipement mécanique amputerait en effet trop largement l’autonomie du drone.
La réglementation européenne, imposant le pilotage à vue, est une autre limite pénalisante. Le pilote, qui doit avoir suivi une formation agréée par la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) et être titulaire du Certificat d’Aptitude de télépilote, doit toujours être en mesure de voir l’appareil qu’il pilote. Même avec un « retour » vidéo en direct, il ne peut laisser son drone s’éloigner ou se trouver camouflé par un obstacle. Des limites réglementaires qui sont plus conciliantes en Asie ou aux États-Unis.
De nouveaux enjeux de sécurité
Les nouveaux usages peuvent parfois entraîner de nouveaux risques. D’autant plus que les drones manipulent parfois des données sensibles, par exemple lorsqu’ils surveillent un site d’accès réglementé. Pour l’entreprise, une seule solution : exiger une sécurité de bout-en-bout dès la conception des drones et de leurs composants. Un exemple : un drone industriel devra impérativement utiliser un chipset* intégrant une couche de sécurisation.
« Comme pour tout système intégrant simultanément interaction humaine, objet connecté et fonctionnalités Cloud, la sécurité doit être au centre des préoccupations des différents acteurs de la chaîne de valeur », insiste Laurent Marchou. Car il ne faut pas oublier que les drones du marché grand public n’offrent pas tous une protection satisfaisante.
* jeu de composants électroniques dans un circuit intégré
Vers le transport de matériel… ou de personnes ?
L’autonomie des équipements embarqués – et par conséquent leur consommation d’énergie – est aujourd’hui un facteur qui limite l’apparition de nouveaux usages. La 5G permettra des transmissions de données plus rapides, avec une consommation énergétique moindre. Néanmoins, des progrès dans le stockage de l’énergie et la recherche rapide des batteries seront nécessaires pour que des usages radicalement nouveaux se développent. « Les drones transportant des passagers sont aujourd’hui à l’étude : ces navettes aériennes garantiraient une durée fixe de transport d’un point à un autre, même en cas de congestion du réseau routier. Des filiales de grands groupes travaillent sur de tels projets. Le transport longue distance est aussi envisagé. Une start-up travaille sur le développement d’un drone capable d’apporter une aide humanitaire transcontinentale à des territoires en difficulté, sans subir la corruption, les vols, les menaces sur le personnel… Ce drone utiliserait une batterie pour décoller ou se poser à la manière d’un hélicoptère et exploiterait les courants aériens en vol longue distance, comme les oiseaux ou les planeurs… », explique Laurent Marchou. Le transport de marchandises par drone répondrait à de nombreux besoins : ravitailler des refuges de montagne, apporter rapidement un défibrillateur ou un médicament, transporter un organe jusqu’à l’hôpital où il sera greffé… Et la livraison de colis annoncée par Amazon ? « Je suis persuadé qu’elle existera un jour. D’abord aux États-Unis, où les consommateurs ont l’habitude d’être livrés dans leur jardin – par l’intermédiaire du « paper boy » qui, depuis son vélo, lance le journal devant la porte. Cela restera compliqué en Europe où la réglementation plus restrictive pénalise les applications, du fait du pilotage à vue impératif. En Europe, même avec une culture différente, la livraison par drone verra peut-être le jour, pour des besoins précis, sous réserve que la réglementation l’autorise. En payant un surcoût, l’usager pourra recevoir immédiatement et à son domicile une carte mémoire pour son appareil photo pour immortaliser un moment rare », estime Laurent Marchou.