Avec l’augmentation des échanges de données, les réseaux informatiques des entreprises vont avoir du mal à faire face au déluge de données qui les attendent.
Bienvenue dans l’ère du zettaoctet ! Selon un rapport de Cisco, le trafic IP annuel sur les réseaux informatiques atteindra le volume 2 zettaoctets d’ici 2019. C'est trois fois le volume de 2014 ! Si vous avez du mal à vous représenter à quoi cela correspond, un zettaoctet équivaut à un million de pétaoctets. Soit mille milliards de gigaoctets.
Quelle est la source de tout ce trafic ?
L’une des raisons principales de cette explosion exponentielle du volume de données est notre appétit inextinguible de communiquer les uns avec les autres. Et pour cause : à chaque minute qui passe, 200 millions d’e-mails sont envoyés à travers le monde et 2,5 millions de messages sont échangés sur Facebook !
Rajoutons à cela que les humains ne sont pas les seuls à générer tous ces échanges de données. À titre d’exemple, l’un des tout nouveaux avions « hautement connectés » de l’entreprise Virgin Atlantic, devrait générer par vol environ un demi-téraoctet de données sur le cloud.
Ainsi, en prenant en compte l’augmentation du nombre de logiciels dématérialisés, de la vidéo en streaming, de l’augmentation du volume minimum des données et du développement des plateformes de travail collaboratives, il ne serait pas surprenant que le trafic IP des entreprises double entre 2014 et 2019. L’utilisation de la vidéo est elle aussi l'un des principaux facteurs de cette croissance, touchant à la fois les consommateurs et les entreprises. Selon le rapport de Cisco, le trafic vidéo représentera jusqu'à 63 % de l’ensemble du trafic IP des entreprises en 2019, contre 36 % en 2014.
Ajoutons que les logiciels verticaux essentiels au développement des entreprises sont eux aussi particulièrement gourmands en bande passante. Prenons par exemple les programmes de conception assistée par ordinateur (CAO) dans le secteur automobile. Dans ce domaine, les ingénieurs et concepteurs automobiles utilisent de plus en plus ce type de logiciels pour dessiner leurs prototypes, mais aussi collaborer avec d'autres experts et simuler les performances réelles. Les fichiers CAO qu’ils s’envoient sont énormes, et pourtant ils paraissent bien légers comparés aux gigaoctets de données de l’industrie pétrolière.
Les réseaux d'entreprise transportent aussi beaucoup de trafic Internet dit « récréatif ». Une enquête réalisée par Palo Alto Networks estime que les employés utilisent jusqu’à 28 % de la bande passante totale du réseau pour naviguer sur les réseaux sociaux.
Gérer le déferlement de données
Toutes ces tendances contribuent à un véritable déluge de données qui mettent à rude épreuve les réseaux existants. La complexité du déploiement des réseaux des entreprises et de la gestion de leurs opérations quotidiennes devient alors un vrai casse-tête pour les ingénieurs des départements informatiques. Pour eux, le défi consiste à gérer de façon durable cette croissance continue du trafic avec des ressources budgétaires qui elles n’augmentent pas.
L’enjeu consiste également à gérer des volontés contradictoires. En effet, de leur côté les utilisateurs veulent des connexions toujours plus rapides afin d’utiliser des applications plus performantes alors que les grands dirigeants sont à la recherche d'une approche plus personnalisable. De plus, ces derniers réclament par la même occasion une baisse des coûts d’exploitation de leur réseau, une amélioration des marges et une réduction des risques liés aux failles de sécurité. Les ingénieurs sont alors obligés d’établir des priorités en fonction des besoins opérationnels s’ils veulent maîtriser les coûts et garantir la satisfaction des utilisateurs.
Le grand défi pour les départements informatiques est de fournir la flexibilité nécessaire pour éviter les pannes, la mise en mémoire tampon et les délais de réponse excessifs, le tout en prenant en charge une multitude de nouvelles applications. Les réseaux doivent alors être conçus pour une utilisation particulièrement intensive. Par exemple, une vidéoconférence consomme plus de bande passante que vingt personnes utilisant Salesforce simultanément, selon Sean Armstrong, directeur de la gestion des produits chez AppNet.
Et l'importance du trafic Internet ne doit pas être sous-estimée non plus, car bien des ressources – par ex. Salesforce – sont utilisées en dehors du réseau d'entreprise. Les ingénieurs informatiques des entreprises font donc l’objet d’une pression croissante pour garantir des niveaux élevés de fonctionnement, amoindrir les perturbations sur le trafic Internet et maintenir une attention accrue aux questions d'accès et de sécurité.
Rester dans la course
Pour garder une longueur d’avance sur la concurrence, les entreprises doivent innover et se transformer à l'aide d'outils numériques. Les départements informatiques doivent pouvoir fournir ces outils afin d’encourager l'innovation et supporter le réseau sur lequel ceux-ci seront déployés. Cependant, beaucoup d'entreprises éprouvent déjà des difficultés pour simplement assurer le fonctionnement de leurs propres réseaux.
D’après une étude de Zeus Kerravala, fondateur de ZK Research, de plus en plus de ressources sont englouties dans le seul but de maintenir le niveau de performance. ZK Research indique par ailleurs que 83 % des budgets informatiques sont utilisés juste pour « garder les lumières allumées », contre 74 % il y a cinq ans. Avec l’explosion des technologies numériques et l’utilisation de plus en plus massive des objets connectés, le problème, affirme-t-il, ne fera que s’aggraver.
À moins que les entreprises n’agissent, leurs réseaux informatiques perdront vite en rapidité tout en étant plus chers à entretenir et moins sécurisés. Des éléments qui pourront avoir un effet néfaste sur la capacité des entreprises à innover et à investir.
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Jan Howells
Jan has been writing about technology for over 22 years for magazines and web sites including ComputerActive, IQ magazine and Signum. She has been a business correspondent on ComputerWorld in Sydney and covered the channel for Ziff-Davis in New York.