Dans le cadre de la vision de l'économie numérique adoptée par le plan Numérique 2012, 72 Mhz de bande analogique désactivée seront octroyés au haut-débit mobile, dans l'optique du développement d'un accès universel. (Il s'agit plus précisément de la bande allant de 790 MHz à 862 MHz.)
Le haut débit mobile va-t-il rattraper le DSL ?
Il y a cinq ans, les analystes prévoyaient que le haut débit mobile constituerait un complément au haut débit fixe, mais qu'il n'empièterait jamais sur son territoire. Le haut débit mobile permettrait aux utilisateurs itinérants, qu'il s'agisse d'employés en déplacement ou d'étudiants dans les cafés, de bénéficier d'Internet à des vitesses presque identiques à celles qu'ils obtiendraient chez eux ou au bureau. Il était établi que, le spectre étant une ressource limitée, les communications mobiles ou sans fil impliqueraient des vitesses moins élevées et des coûts supérieurs aux communications fixes.
Mais cette vision conservatrice de la situation a changé radicalement. Aux quatre coins du monde, les opérateurs mobiles proposent un haut débit 3G HSPA à des vitesses et des coûts comparables à ceux du DSL d'entrée de gamme. Au Royaume-Uni par exemple, Orange propose le haut débit mobile à 15 £ par mois (18,50 €), avec un transfert de données s'élevant à 3,6 Go, et des vitesses de pointe à 1,8 Mbps. Pour plusieurs millions d'utilisateurs dans les pays en développement, le haut débit mobile est le seul mode de connexion Internet disponible.
Le nouveau spectre mis à disposition par l'abandon de la télévision analogique constitue non seulement un espace qui répondra au développement du haut débit mobile, mais il permettra également de gérer le passage massif du haut débit fixe vers le haut débit mobile. Un rapport récent publié par la société d'analyse Analysys Mason prévoit que d'ici 2013, 47 % des abonnements au haut débit en Europe concerneront le mobile, et près d'un quart des bureaux et des foyers utilisant le haut débit ne possèderont qu'une connexion haut débit mobile. Avez-vous saisi ? Cela signifie qu'un quart des utilisateurs d'Internet auront abandonné le DSL, la fibre optique et le câble en faveur du haut débit mobile.
Pourquoi ? L'une des principales raisons de ce changement réside dans la flexibilité de ce système. De plus, la télévision sur IP n'intéresse peut-être pas les utilisateurs, ou bien ceux-ci disposent d'une connexion haut débit mais ont également besoin d'un accès individuel.
Déjà, de nombreux opérateurs mobiles proposent des téléchargements utilisant la technologie HSPA avec des vitesses de pointe de 7,2 Mbps, voire même 14,4 Mbps pour certains. Ces connexions atteindront bientôt 28 Mbps et seront suivies de peu, l'an prochain, par le lancement de la technologie HSPA Evolved, qui offrira des pointes de téléchargement à 42 Mbps. Mais le plus tentant est la technologie LTE ou Long Term Evolution, qui devrait tout d'abord être déployée au Japon et en Corée du Sud début 2010.
La GSM Association déclare que, dans le cadre de tests en laboratoire, le LTE permet d'obtenir un débit descendant de 172 Mbps et un débit montant de 50 Mbps. Naturellement, ces vitesses ne seront jamais atteignables sur un réseau encombré, dans de mauvaises conditions climatiques et à l'intérieur d'un bâtiment de béton à plusieurs kilomètres d'un site cellulaire. Mais plus les fréquences sont basses, plus il est possible d'atteindre des vitesses de plusieurs mégabits dans les bâtiments et à travers des cellules. Sera-t-il un jour possible de bénéficier de la télévision IP sur un écran plasma et par le biais d'une connexion haut débit mobile ? Peut-être, ou pas. Mais il est certain que le haut débit mobile est en passe de devenir une technologie viable pour les bureaux distants et les succursales.
Chacun pourra-t-il bénéficier d'une capacité suffisante ?
La question consiste à savoir si les réseaux mobiles offrent une capacité suffisante pour pouvoir gérer une telle demande. Si les opérateurs de téléphonie mobile peuvent accéder à ce nouveau spectre et sont autorisés à « réexploiter » le spectre GSM des 900 MHz pour les services 3G, ils seront peut-être à même de répondre à l'ensemble de nos besoins en matière de haut débit mobile.
Le haut débit mobile actuel utilise une fréquence supérieure (autour de 2 100 MHz en Europe, Asie et Afrique, 1 900 MHz en Amérique du Nord). Des fréquences élevées offrent un débit plus fort, mais une portée plus limitée, ce qui nécessite davantage de sites cellulaires par rapport au GSM, qui utilise une fréquence inférieure (900 et 1 800 MHz). Un plus grand nombre de sites génère une augmentation des coûts des réseaux, qui sont répercutés sur les tarifs payés par les utilisateurs.
Avec des fréquences plus basses, la puissance est moins élevée mais la portée plus grande, ce qui réduit les coûts. Si le haut débit mobile 3G pouvait être déployé à 790-862 MHz, il pénétrerait davantage à travers les murs, et les opérateurs auraient besoin de moins de cellules pour couvrir les territoires. Ainsi, le haut débit mobile pourrait être déployé plus rapidement vers les zones rurales. C'est pourquoi de nombreux pays en développement préconisent l'utilisation de ce spectre moins élevé pour le haut débit mobile. Pour comprendre les enjeux économiques du haut débit mobile sur des fréquences plus basses, consultez la page 4 de ce document de Booz Allen Hamilton.
Pour conclure, et sans vouloir sembler chargé des relations publiques de la GSM Association, le haut débit mobile à des fréquences inférieures mises à disposition grâce à l'abandon de la télévision analogique me semble parfaitement adapté aux opérateurs mobiles, aux sociétés à la recherche d'une meilleure qualité de service pour leurs utilisateurs itinérants, aux personnes ne souhaitant pas s'engager dans un contrat DSL d'une durée de 12 mois (comme les étudiants), ainsi qu'à la large frange que représentent les pays en développement, où les boucles locales de cuivre n'atteignent pas les zones éloignées. Il s'agit d'un sujet compliqué, impliquant beaucoup de politique politicienne, mais néanmoins intéressant.
Et avant que vous ne posiez la question, le WiMax a également un grand rôle à jouer dans cette affaire, mais ceci est une autre histoire.
Journaliste depuis prés de 20 ans et diplomé en Sciences et Philosophie, j'ai créé en 2002, l'agence Futurity Media avec Anthony Plewes. L'objectif de notre agence est d'accompagner les entreprises à identifier des sujets émergents dans le domaine des nouvelles technologies.