Les idées sont immatérielles et souvent floues mais la "raison d'être" du projet ne souffrira pas d'approximation. On doit, en quelques phrases, être capable d'exprimer très clairement les objectifs et bénéfices attendus du projet.
Cette clarté de vision et d'articulation des éléments principaux du projet est cruciale:
- Quels seront les livrables du projet : produits et services ?
- La clientèle visée ?
- Dans quel environnement compétitif?
- Avec quels moyens et quel horizon de temps ?
Voici quelques pistes à suivre pour éviter de confondre bonne idée et projet...
Adéquation avec la stratégie de l'entreprise
Une idée non alignée ou sans point d'accroche fort sur la stratégie de la société sera plus difficile à vendre et à transformer en projet. Il manquera le cadre contextuel auquel le management puisse se référer pour comprendre le positionnement et la pertinence de cette idée, puis prendre la décision de lancer ou pas le projet. Et pourtant! Les idées en rupture et innovantes, celles qui font ou défont le succès des entreprises, rencontrent souvent ce problème qu'elles doivent surmonter pour passer en mode projet.
Objectifs concrets et quantifiés
Pour parler projet, il nous faudra définir des objectifs SMART comme le disent nos amis anglophones. Donc: Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, à réaliser dans un laps de Temps défini.
Clients et Sponsors
Avons-nous déjà identifiés des clients fortement intéressés par ce nouveau produit ou service ? Qui sont-ils ? Seraient-ils prêts à en cofinancer le développement par exemple si nous leur en offrions la possibilité ? Quels sponsors vont vraiment mouiller leur chemise pour supporter et promouvoir ce projet? Quels avantages peuvent-ils en tirer ?
Retour sur investissement
L'idée peut être séduisante et présenter un fort potentiel de chiffre d'affaire additionnel, de réductions de coûts ou d'accroissement de productivité. Et, l'idée ne coûte pas grand-chose. Le projet par contre a un coût très significatif et sa première évaluation doit être aussi réaliste que possible pour partir sur de bonnes bases. Rien ne sert de faire miroiter des bénéfices importants et de trop minimiser les investissements pour atteindre cet objectif. D'autre part, cette première ébauche du retour sur investissement (ROI) réel escompté, doit vous permettre d'éviter de trop passer de temps à essayer de lancer un projet mort-né. Soit parce qu'il aurait un ROI trop faible ou bien un "break-even point", le moment dans le temps où les bénéfices dégagés auront couverts tous les frais, trop éloigné dans le temps pour intéresser l'entreprise. Il faut choisir la meilleure des bonnes idées.
Définition du périmètre
L'idée ne demande qu'à évoluer, s'enrichir, s'étendre... Le projet devra être le plus cadré possible pour bien en définir les livrables, délais, coûts. Cela ne l'empêchera pas d'évoluer avec le temps et des versions ultérieures du produit ou service si nécessaire. Mais ces versions ultérieures seront de nouveaux projets avec leurs livrables, débuts et fins bien définis. Donc, bien identifier le contenu critique du projet sans lequel il serait dépouillé de sa valeur. Se concentrer sur ce qui fera le succès du produit ou service, pas les fioritures ou bonnes idées complémentaires.
Nécessité opérationnelle, stratégique et compétitive
Impact de ne pas faire ce projet. Pour mieux défendre son idée et en faire un projet, il est toujours intéressant de calculer les impacts de ne pas faire ce projet. Ce peut-être une perte de parts de marché, stagner sur un plateau de productivité qui ne permet pas d'accroître les ventes, ne pas être capable de maintenir ses marges alors que la conjoncture l'exige. Si possible, le chiffrer simplement: "chaque jour qui passe sans cette nouvelle application informatique dans la société nous coûte x milliers d'euros" ou bien, "sans ce nouveau service ou produit, le concurrent tartempion va continuer à nous prendre Y% de parts de marché chaque mois".
Conditions de fin
Le projet, à la différence d'une idée, aura une date de début et une date de fin très claire. Pour s'assurer de cette clarté, il n'est pas inutile de se poser quelques questions basiques avant de le lancer: Quand le projet sera-t-il terminé? Comment le saurons-nous? Quelles mesures simples et indiscutables permettront de le déterminer? Ce peut-être la mise en production d'un nouveau système, la recette d'acceptation du produit, la fin du pilote de validation, ou encore le dernier site connecté lors du déploiement d'un réseau.
Conditions d'arrêt avant la fin
Bien que nous ne partions jamais dans l'intention de rater le projet, cela peut hélas arriver. Et, si cela doit se produire, mieux vaut s'en apercevoir le plus tôt possible. Donc, réfléchir avant le lancement aux conditions qui pourraient justifier un arrêt du projet avant son terme ne relève pas du pessimisme ni du défaitisme. Il est important de clarifier ces conditions. Elles peuvent-être liées au projet lui-même: retards, dépassements budgétaires, problèmes de qualité, problèmes humains... ou bien plus extérieures à l'équipe projet: un produit concurrent ou un nouvel entrant qui modifie significativement le marché ou nous coupe l'herbe sous les pieds, un contexte légal ou économique qui évolue et rend notre nouveau service moins attractif.
J'espère que ces quelques modestes conseils sauront vous aider à vous poser quelques questions utiles et vous permettront de transformer vos idées prometteuses en projets concrets !
Et, si vous avez des idées pour améliorer cet article, n'hésitez pas à poster vos commentaires.
I've been leading IT projects for more than 20 years at telecom and computer manufacturers: Thomson Sintra, Digital Equipment, NCR, Nortel Networks, Orange Business. My passion is Project Management and leadership and I run a blog on the PM best practices at http://dantotsupm.com/