L'entreprise à l'assaut des réseaux sociaux
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Le phénomène « réseau social» n’est pas nouveau en soi. Le désir de partage et de collaboration est en effet à l’origine même d’Internet. Dès la fin des années soixante, l’Arpanet - l’ancêtre du réseau Internet - relie quatre grandes universités américaines dans une logique de collaboration. Au même moment, dans « The computer as a communication device », J.C.R Licklider et Robert W. Taylor pressentent l’émergence de communautés virtuelles grâce au développement des outils informatiques. Il faudra toutefois patienter jusqu’en 1995 pour que Classmates.com ouvre officiellement la voie des réseaux sociaux tels que nous les connaissons aujourd’hui. Toujours en service, Classmates est le cousin américain de Copains d’avant qui, lancé au début des années 2000, reste le principal concurrent de Facebook en France avec environ 12 millions de membres. Il favorise la mise en relation d’anciens élèves d’une même école et revendique à ce jour plus de 55 millions d’inscrits.
Depuis ces premières expériences, la mouvance « web 2.0 » a permis de prolonger les fonctionnalités existantes en leur offrant de nouvelles perspectives et une nouvelle dimension. En quelques années, Myspace, Twitter, Facebook et compagnie ont ainsi conquis plusieurs centaines de millions d’utilisateurs et se sont imposés comme des acteurs incontournables du monde de l’internet. En comparaison, il a fallu près de quatre décennies à la radio et environ une et demi à la TV pour toucher 50 millions de foyers.
Facebook revendique au premier trimestre 2011 plus de 600 millions de membres dont environ 20 millions en France. Avec 200 millions d’utilisateurs gagnés en moins d’un an, Facebook est LE réseau social incontournable. En mars 2010, il enregistrait, pour la première fois, les pics de trafic supérieurs à ceux du géant Google aux USA (source Hitwise). Sa valorisation s’élèverait désormais à 65 milliards de dollars, soit quatre fois plus qu'en 2009. Une performance qui place la société parmi les trois plus grosses valeurs internet au monde, derrière Google (193 milliards environ) et Amazon (75 milliards environ).
Bien ancrés dans les habitudes de l’internaute, ces nouveaux espaces de liberté permettent d’obtenir rapidement une information pertinente (ou perçue comme telle) ou d’échanger efficacement avec des utilisateurs partageant les mêmes centres d’intérêts et ce, sans contraintes géographiques.
Alors que les limites entre la sphère privée et la sphère professionnelle sont de plus en plus floues - certains parlent de porosité - les entreprises s’interrogent logiquement sur leur capacité à profiter de la dynamique des réseaux sociaux en les rapatriant derrière leurs firewalls. Objectif : augmenter l’efficacité, voire le bien être de leurs collaborateurs au travail, et capitaliser sur la somme des intelligences individuelles.
A l’approche du plateau de rendement maximum des outils de productivité personnels (mail etc…) il est tentant de voir dans les RSE une nouvelle génération de productivité. Séduisantes, les initiatives peuvent pourtant relever de la schizophrénie. Car entre un univers internet par définition totalement dérégulé et libertaire et un monde de l’entreprise soumis à des règles et process stricts, les points de convergence sont, a priori, peu évidents… Si les projets de réseaux sociaux d’entreprise (RSE) fleurissent dans les grands groupes, il serait effectivement réducteur de résumer ces tentatives à des « Facebook d’entreprise ».
Certes, les RSE s’inspirent de leurs cousins grand public et présentent des points de ressemblances évidents, les profils, les contenus, le collaboratif, la mise en relation etc..., mais une analyse minutieuse de la réalité des projets d’entreprise pointe des divergences majeures. C’est d’abord sur ces points de divergence que doit reposer l’approche spécifique RSE.
Le tour de la question en dix points clé, qui feront chacun l'objet de nouveaux articles sur ce blog.