« L'individuel et le divertissement portent la croissance de la microélectronique »

Article écrit par Sophy Caulier

Jim Turley est le  fondateur de Silicon Insider. Fin connaisseur de l'industrie électronique de la Silicon Valley, il anticipe les grandes tendances qui vont affecter ce secteur dans les toutes prochaines années.  Sophy Caulier l'a rencontré lors de Europress Electronics.

Sa vraie passion, c'est le sport automobile qu'il pratique intensément. Mais depuis qu'il a quitté l'industrie électronique, où il a occupé des postes tant de management que d'ingénierie, pour créer sa propre société Silicon Insider, Jim Turley pratique aussi intensément le conseil, l'analyse de produits, l'expertise, la rédaction, etc. Il connaît parfaitement le secteur, que ce soit dans la Silicon Valley ou dans les pays asiatiques, devenus les champions de la production en électronique. « Les gens pensent souvent qu'Intel est leader mondial des microprocesseurs, c'est faux », affirme-t-il d'emblée, « Intel ne fabrique que 2% des processeurs vendus dans le monde ! De nombreux acteurs conçoivent et fabriquent des composants extrêmement complexes que l'on retrouve aujourd'hui dans nos voitures - un modèle haut de gamme de BMW comporte plus de 100 processeurs -, dans nos téléphones portables, nos fours à microondes ou nos téléviseurs ».

Pour lui, la consolidation des sites de fabrication à l'échelle mondiale est inévitable. « Une nouvelle usine, capable de graver des circuits dans une technologie très avancée, coûte actuellement entre 3 et 10 milliards de dollars. Très peu d'acteurs dans le monde ont les moyens de financer de tels projets. Je peux citer Intel, Samsung, IBM ou Renesas. Les autres comme Freescale, Texas Instruments, AMD ou Nvidia  externalisent la fabrication aux quelques grands fondeurs mondiaux que sont TSMC, Global Foundries ou UMC ».


Autre tendance forte, les ASIC (Application-specific integrated circuit), composants très en vogue dans les années 80, perdent du terrain face aux FPGA. Les premiers sont des circuits intégrés spécialisés, c'est-à-dire dédiés à une fonction précise comme piloter un ascenseur ou assurer la distribution des communications dans un système collectif. Mais leur mise au point est longue et onéreuse. Il faut donc les produire en très grande quantité pour amortir le coût du développement. « Les ASIC sont une anomalie de l'histoire, ironise Jim Turley. Avant, ils étaient trop difficiles à mettre au point, aujourd'hui, ils sont trop chers ! ». Les FPGA (Field-programmable gate array) quant à eux sont des circuits logiques programmables qui peuvent être dédiés à une application puis reprogrammés plusieurs fois pendant leur durée de vie. « Ils sont donc plus rapides à mettre au point, avec des outils logiciels très accessibles, et ils peuvent évoluer. Ills coûtent plus chers à fabriquer que les ASIC, mais il n'est pas nécessaire d'en fabriquer des centaines de milliers voire des millions d'unités pour amortir le développement ».

Enfin, les secteurs les plus gourmands en composants et en forte croissance sont tous ceux liés à l'individu et au divertissement. « Tout ce qui est fun et personnel est en croissance. Le fun l'emporte à chaque fois sur le business », affirme Jim Turley. « Comparez les ventes de l'iPhone à celles du BlackBerry ! ». Outre l'électronique de salon et les loisirs en tout genre : caméscopes, consoles de jeu, écrans plats et autres box, il anticipe de fortes croissances du côté des appareils mobiles, qu'il s'agisse de tablettes, de netbooks ou de smartphones, et en matière de sécurité  des réseaux

Article écrit par Sophy Caulier
Nicolas Jacquey
Pascal Boulard

nsp