Alors que la récession s'aggrave, des indicateurs étonnamment positifs émergent de différents recoins du monde informatique. Forrester Research prévoit une baisse de seulement 3 % des dépenses informatiques cette année et Dave Aron, analyste chez Gartner, pense que contrairement à la dernière crise économique, le secteur informatique pourrait cette fois faire partie de la solution plutôt que du problème. Cependant, les nouvelles restent loin d'être bonnes, puisque cet analyste prévoit également une stabilisation des dépenses cette année, et aucune croissance des ventes de PC n'est prévue par de nombreuses sociétés d'analyse.
D'une entreprise à l'autre, des messages différents surgissent concernant l'impact de la récession sur les secteurs individuels. IBM, par exemple, a publié des résultats qui ont dépassé les attentes, avec les bénéfices de son quatrième trimestre en augmentation de 12 %, à 4,4 milliards de dollars. Pourtant, ses revenus en termes de matériel ont chuté de 18 %, ceux d'unités centrales de 6 %, et de 32 % pour les serveurs bas de gamme. Malgré ces différentes baisses, IBM souligne que le groupe recrute toujours, pendant que d'autres procèdent à des licenciements de masse.
Microsoft a notamment annoncé la suppression de 5 000 postes, dont 1 400 avec effet immédiat. Avec de mauvaises performances en termes de ventes de matériel, le géant du logiciel est lui aussi clairement concerné par la crise. L'activité Windows du groupe a été la plus touchée, avec une baisse de 8 % des revenus causée par le ralentissement des ventes de PC et le passage à des netbooks à bas prix. Intel, fabricant majeur de circuits intégrés, est également durement touché, également en raison de ventes de PC stagnantes. Le groupe a annoncé que ses bénéfices ont chuté de 90 % au quatrième trimestre et, bien que cela corresponde aux attentes revues à la baisse, l'entreprise attribue une grande partie de cette diminution à l'amortissement de sa participation d'un milliard de dollars dans l'opérateur de WiMAX, Clearwire. En ce qui concerne leur activité principale, la situation n'a rien d'idyllique non plus. La demande de puces du groupe a chuté car les fabricants de PC utilisent désormais leurs stocks plutôt de commander de nouvelles fournitures. Cela a engendré une baisse des revenus de 23 % au cours du trimestre.
On peut cependant entrevoir une lueur d'espoir dans les résultats de Google, qui ont dépassé les attentes. Au dernier trimestre, le groupe a communiqué un revenu net de 382 millions de dollars, comparé à 1,21 milliard l'année précédente. Le revenu total s'est élevé à 5,7 milliards de dollars, soit 24 % de plus que l'année précédente. La nature changeante du climat économique se reflète dans la décision de Google de supprimer les prestataires et de licencier 100 recruteurs, tout en rationalisant certains projets.
Si l'on peut en tirer des conclusions, l'expérience semble montrer qu'il va être de plus en plus difficile pour l'industrie du matériel informatique de générer des bénéfices cette année. Divers produits d'IBM ont souffert de la crise, mais son activité de service après-vente n'a subi une chute que de 4 %, ce qui laisse penser que les entreprises essaient d'exploiter ce dont elles disposent plutôt que de payer pour du matériel neuf. Les résultats de Google indiquent quant à eux que rien n'a changé pour le moment, mais nous attendons de voir l'impact qu'aura la réduction des budgets publicitaires sur cette activité. Le ralentissement que connaît actuellement eBay peut cependant nous éclairer sur le sujet. Les mois à venir ne seront sans doute pas une promenade de santé, mais à l'heure actuelle je me sentirais mieux dans la peau d'un PDG d'entreprise de service informatique que dans celle d'un patron qui essaie de vendre des puces.
Journaliste depuis prés de 20 ans et diplomé en Sciences et Philosophie, j'ai créé en 2002, l'agence Futurity Media avec Anthony Plewes. L'objectif de notre agence est d'accompagner les entreprises à identifier des sujets émergents dans le domaine des nouvelles technologies.