Deux ans après le Printemps arabe, de nombreux pays du Moyen-Orient sont en quête d’un souffle économique et d’une réussite pérenne. La région reste confrontée à de nombreux défis politiques, sociaux et économiques, et les bonnes performances réalisées en 2012 ont surtout bénéficié aux puissances pétrolières en place.
L’impact financier du Printemps arabe s’est naturellement fait sentir dans les pays qui ont subi les plus grands changements sociaux. La croissance au Moyen-Orient reste donc largement centrée sur les États pétroliers du Golfe qui contribuent significativement au dynamisme de la région.
Ces États forment le CCG (Conseil de coopération du Golfe) qui réunit le Bahreïn, le Koweït, le Qatar, Oman, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis (EAU). En 2012, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) a généré un PIB combiné d’environ 2 900 milliards de $ en majorité grâce aux membres du CCG ; près de 78 % de ces revenus proviennent de leurs ressources naturelles (pétrole et gaz principalement).
les États du CCG se maintiennent
Selon les études, les pays membres du CCG continueront à jouir d’une bonne santé économique et resteront relativement préservés des effets du Printemps arabe. L’Arabie saoudite poursuit le développement de ses infrastructures pour soutenir sa croissance économique. Les investisseurs ne misent plus seulement sur le secteur de l’exportation pétrolière, mais aussi sur des projets de développement internes.
Les EAU, hébergeant le pôle commercial majeur qu’est Dubaï, bénéficient d’un statut protégé à l’abri de l’instabilité politique de la région. À Dubaï, le marché de l’immobilier reprend après une période mouvementée alternant expansion et récession, et les problèmes d’endettement des Émirats ont été résolus, d’où un regain d’intérêt des investisseurs.
Le Koweït continue à attirer des investissements basés sur ses importantes réserves pétrolières (le pétrole générant environ 96 % de ses revenus). Il semble offrir de bonnes perspectives économiques pour 2013 et au-delà. Autre État du CCG fortement axé sur le développement de ses infrastructures, Oman se montre néanmoins optimiste sur son avenir proche.
Le Qatar, qui a récemment obtenu le privilège d’organiser la Coupe du monde de la FIFA en 2022, pourrait réaliser la plus forte croissance du CCG. Épargnée par le Printemps arabe, sa structure politique lui donne une stabilité inégalée par rapport à la plupart des pays de la région, et son économie est actuellement stimulée par les industries d’infrastructures non pétrolières. Les secteurs de la production manufacturée, du BTP et des services financiers offrent tous des conditions propices aux investissements dans ce pays.
capitaliser sur les ressources de la région
À un niveau macroéconomique, les pays du CCG ont continué à bénéficier des prix élevés du pétrole. Le maintien de ces prix élevés, la hausse de la production pétrolière, des politiques économiques novatrices et des taux d’intérêt bas ont permis de poursuivre une croissance régulière, voire de l’accélérer.
Les prix du pétrole ont atteint en moyenne près de 110 $ le baril en 2012 contre 107 $ en 2011, notamment grâce à la hausse de la demande des États-Unis.
investir dans les infrastructures
Les pays du CCG se placent également au premier rang des investissements et des développements d’infrastructures au Moyen-Orient avec d’importants projets ferroviaires, routiers, informatiques et de transport public. La région prévoit d’investir près de 120 milliards de $ dans des projets d’infrastructures d’ici 2020, dont la majeure partie concerne des installations ferroviaires. L’Arabie saoudite investit à elle seule 25 milliards de $ dans un réseau ferroviaire de pointe tandis que les EAU ont mobilisé 7,6 milliards de $ pour la modernisation du métro de Dubaï.
Les investissements en infrastructures continuent à progresser à rythme soutenu tandis que la région cherche à renforcer ses industries non pétrolières ; le secteur du commerce de détail offre un exemple significatif de cette diversification, comme en témoignent des études récentes prévoyant que le secteur du commerce de détail du CCG dépasserait 220 milliards de $ en 2015 avec un taux de croissance composé annuel (TCAC) de 7,9 %.
le paysage technologique
Les pays du CCG continuent à stimuler le développement des technologies et des télécommunications dans la région, grâce aux taux élevés de couverture internet et de pénétration des smartphones. Avec un taux de 73,8 %, les EAU bénéficient du plus fort taux de pénétration des smartphones au monde, suivis de près par l’Arabie saoudite qui se classe en troisième position. Cette croissance des smartphones devrait continuer puisque l’utilisation des appareils mobiles va doubler d’ici 2017 dans les pays du Moyen-Orient.
Les EAU sont en première ligne des investissements technologiques avec des investissements en TIC qui devraient atteindre 40 milliards de $ entre 2013 et 2015. Près de trois quarts d’entre eux concerneront les télécommunications, ce qui permettra de mieux connecter les Émirats avec le reste du monde et incitera les multinationales à s’implanter davantage dans la région.
Les nombreux événements sportifs internationaux organisés dans la région favorisent le développement des investissements technologiques. L’organisation du Grand Prix de Formule 1 permet à Abu Dhabi et à Bahreïn de présenter leurs infrastructures les plus spectaculaires et les plus abouties, ainsi que de démontrer la qualité et la fiabilité de leurs systèmes de communication. La Coupe du monde de la FIFA qui se tiendra au Qatar en 2022 garantit la continuité des investissements dans les infrastructures de réseaux et de communications de ce pays.
L’évolution démographique stimule encore davantage le développement technologique dans la région. Le Moyen-Orient compte plus de 350 millions d’habitants, soit presque le double de la population du Brésil. Le revenu disponible est en hausse et c’est un marché jeune qui compte de nombreux consommateurs friands de gadgets technologiques. Plus de 100 millions d’entre eux ont moins de 15 ans, et ce sont eux qui sont les moteurs de la révolution des TIC et de la téléphonie mobile dans la région.
perspectives d’avenir
Grâce au volume des investissements, le Moyen-Orient se dote rapidement d’infrastructures de pointe, et l’engagement de la région en faveur d’une prospérité économique durable est perceptible dans tous les pays du CCG. Des projets tels que le Burj Khalifa, le plus haut building du monde construit à Dubaï, et le Burj Al Arab voisin, seul hôtel 7 étoiles au monde, témoignent de son ambition et de sa volonté de s’imposer sur la scène mondiale.
Pensez-vous que le Moyen-Orient parviendra à s’imposer sur la scène mondiale comme il le prévoit ? Ses ressources naturelles continueront-elles à lui permettre d’investir dans des infrastructures de pointe pour favoriser sa croissance ?
Steve
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Basé dans la région d'Asie Pacifique, je travaille au sein de l'agence Futurity Media en tant que journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies et principalement sur les sujets télécoms. Je garde toujours les yeux ouverts sur ce qui se passe dans l'univers des technologies.