petit inventaire* préalable des usages...
Si aujourd'hui presque 80 % des français se déclarent internautes, leur équipement principal reste encore un ordinateur fixe ou portable à leur domicile ou au travail (92%). 41% d'entre eux seulement utilisent une console de jeux, 34 % un smartphone et on tombe à 5 % d'utilisateurs équipés de tablette tactile. Et tous ces équipements sont de plus en plus connectés...
En terme de profil, les mobinautes -ceux qui utilisent internet depuis leur smartphone ou tablette autre que pour un usage mail- sont plutôt des early-adopters, plus jeunes de 33 à 35 ans, urbains, CSP+, e-influenceurs ou geek.
En terme d'usages, il n'y a pas de phénomène de canibalisation d'un support versus un autre : les usages sont très souvent complémentaires et partagés entre l'ordinateur et les supports plus mobiles. Dans le top 3 des usages, on retrouve toujours les incontournables :
- les e-mails
- les infos pratique (météo, trafic)
- et l'actualité.
En revanche on voit émerger des usages plus spécifiques à l'un ou a l'autre des supports : si le e-commerce reste l'apanage d'une connexion via un ordinateur fixe ou portable, les réseaux sociaux rentrent dans les top 3 des usages sur un smartphone et les contenus et le divertissement rentrent dans les principaux usages de la tablette.
Parmi les applis téléchargées, tous types confondus -en moyenne 28 à 30 par mois dont 1/3 de payantes-, on retrouve les services pratiques (la géolocalisation), le divertissement (jeux), l'actualité générale mais aussi les réseaux sociaux et la musique.
des internautes prêts à payer pour un contenu en ligne ?
Presque 50% se disent prêts à payer pour du contenu en ligne, essentiellement sur le divertissement, mais on constate toutefois un grand décalage entre les "prêts à acheter" et ceux qui "ont réellement acheté".
les usages m-commerce s'installent
Aujourd'hui les principaux acteurs du e-commerce se positionnent aussi le marché m-commerce, m étant pour... mobile ! Leurs revenus générés par le canal du m-commerce varieraient de 10 a 15%, essentiellement par le biais de l' in-app purchase, -la vente de produit par le biais d'applications mobiles grauites.
En 2011, les revenus générés par les app stores s'élèvent à 3,9 milliards de $ (dont 75% par Apple) et les prévisions de téléchargement de 35 milliards d'applications en 2014 ne vont pas infléchir ce chiffre. On note toutefois que les revenus générés par les applis gratuites sont quasi équivalents à ceux générés par les applis payantes.
Un autre exemple significatif : 50% des revenus des 200 applications les plus populaires pour iPhone proviennent d'applications gratuiites et 65 % sur Android Market, pour ne citer que les principaux.
On voit bien se dessiner la tendance de proposer un contenu ou un service payant via une application gratuite pour générer des revenus. D'autant que le panier moyen de 50€ en m-commerce rattrappe quasiment le montant de 56 € du panier moyen sur le e-commerce. Un exemple édifiant, Starbucks a enregistré pas moins de 26 millions de tranctions générées sur applis mobile (chiffre dec 2011).
Et les revenus publicitaires ? Le mobile a porté 3,3 milliards de dollars de revenus publicitaires dans le monde en 2011, soit le double de 2010. A noter que la pub est naturellement mieux acceptée dans une application si elle est gratuite.
deux expériences concrètes en France : Voyages SNCF et La Banque Postale
Voyages SNCF fait le constat d'usages qui ont décollés depuis l'été dernier : phénomène saisonnier des vacances ou pas, 2 millions de billets ont été vendus en ligne en 2011 via le site mobile ou les applis, soit environ un CA de 90 Millions d'euros... La part de marché CA mobile aujourd'hui égale à 3% va rapidement passer à 5% comme le montre la tendance des 2 derniers mois.
Il faut dire que 2 clients sur 10 de Voyages SNCF sont des mobinautes, dont 1/4 100% mobile...
L'application mobile est aussi un canal de recrutement : 20% font connaissance de Voyages SNCF via l'application mobile.
Au total, 3 millions d'applications chargées, dont 75 % sur App Store (AIOS) fort de sa position dominante sur le marché, et 14 % sur Android Market. Voyages SNCF note aussi l'émergence des tablettes à Noël 2011 qui ont généré 15 % du volume d'affaires depuis l' iPad.
Une étude qualitative montre cependant une différence de comportement entre intenautes et mobinautes : 51 % des mobinautes commandent la veille ou pour le jour même ; même proportion d'achats entre mobi- et inter-nautes entre 7 et 15 jours à l'avance, et seulement 10 % des achats sont fait par les mobinautes au-delà de 30 jours en amont.
Fort de sa note de satisfaction liée à l'expérience utilisateur, Voyages SNCF se fixe néanmoins des axes de développement pour aller vers encore plus de simplicité et une ouverture accrue du e-ticket mobile... Avec en leitmotiv l'enjeu de faire aussi du mobile ou de la tablette un canal d'achat en anticipation.
La Banque Postale a quant à elle une expérience d'un an depuis le lancement de sa première application bancaire d'accès aux comptes. Elle constate un déport des usages de l'internaute traditionnel vers le mobile, usages qui restent néanmoins complémentaires, même si 17% des utilisateurs n'utilisent que le mobile.
Aujourd'hui la Banque Postale, c'est aussi un site mobile et deux applications dans sa spécificité bancaire (Acces Compte et Suivi Budget ) et deux applications plus "ludiques" de découverte (Carnet IMMO et Idée projet). Au total, 775 000 applications téléchargées depuis 1 an ! Le site mobile plus ancien (2 ans) observe toujours une croissance forte des visites ; les visites générées par les applis suivent la même courbe...
quels freins au m-commerce ?
Les freins constatés il y a quelques années sur le e-commerce sont-ils différents aujourd'hui sur le m-commerce ? Pas tant que cela... Si on reproduit quasi les mêmes erreurs qu'avec le e-commerce, on y apporte des réponses plus rapides. L'essentiel des efforts doit toujours porter sur la pédagogie notamment pour l'aspect sécurité des transactions. A noter que l'aspect sécurité porte moins sur l'IHM -car on observe le même protocole que sur internet fixe-, que sur la malveillance et l'usurpation d'identité.
La notoriété de la marque, notamment sur le e-commerce, joue aussi un rôle très important dans la concrétisation d'achat depuis le mobile.
Et le prix des forfaits data mobile ? La question se pose indéniablement avec l'arrivée de l'offre Free Mobile sans engagement : et d'ailleurs les autres opérateurs ont déjà opéré leur riposte... Mais le prix du forfait n'est pas le seul levier : le prix du support l'est aussi, car le taux d'équipement -rappelez-vous-, passe de 92% pour l'ordinateur portable à 34 % pour le smartphone et 5% pour les tablettes. Sur ces derniers segments, on n'est plus face à des marchés de masse et plus on se rapprochera du profil moyen des internautes et mobinautes, plus il y aura un décollage du m-commerce.
Et vous, quels sont vos usages en matière de m-commerce ?
Pascal Adam
(* source : Etude profiling IPSOS menée au second semestre 2011sur le comportement des consommateurs Intenet mobile)
crédit photo : © Christos Georghiou - Fotolia.com.jpg
Au sein de l'équipe communication digitale externe d'Orange Business, je suis en charge de l'animation éditoriale du blog cloud computing et des newsletters thématiques envoyées à nos clients et prospects. Intéressé par tous les usages en mobilité, je partage aussi les expériences, les réflexions ou les perspectives recueillies lors de conférences ou salons sur le blog usage d'entreprises.