Les objets connectés et le Big Data : l'avenir de l'Assurance

L’évaluation des profils. C’est l’enjeu principal des assureurs. C’est sur cette notion que repose l’intégralité de leur stratégie. Avec 50 milliards d’objets connectés dans le monde en 2020 et l’intensification de l’usage des réseaux sociaux, nul doute que les sociétés d’assurance se ruent sur cette opportunité de collecte de données en masse pour affiner leur connaissance client. En effet, entre outils marketing et moyens d’optimiser la gestion des risques, les objets connectés et le Big Data sont l’avenir de l’Assurance.

Collecte de données, scoring et gestion de la fraude : les nouveaux enjeux des assureurs

Les assureurs sont confrontés à deux difficultés majeures : établir le « score » de chacun de leurs assurés afin de déterminer le montant de leur prime et lutter contre les fausses déclarations et la fraude à l’assurance en général. Selon l’Alfa, cette-dernière leur coûterait d’ailleurs aujourd’hui 2,5 milliards d’euros en dommages par an.

Les assureurs voient alors dans les technologies du Big Data, qui mettent à disposition des informations issues d’une multitude de sources différentes et en les croisent pour établir des profils quasi individuels, deux opportunités :

  • Etablir un score au cas par cas plus précis que ce qui se fait jusque là avec la définition de profils-types, et donc mieux optimiser leur gestion des risques. C’est ce type d’activité que des plateformes comme Hello Soda ont choisi de développer et de mettre au service d’acteurs tels que les assureurs.
  • Vérifier les informations transmises par les assurés en cas de sinistres, et donc déceler plus facilement et systématiquement les cas de fraude. La start-up Shift Technology a ainsi développé une solution logicielle sécurisée qui permettrait aux assureurs de détecter les comportements frauduleux et d’économiser au moins 9 € de plus par sinistre que ce qu’ils détectent aujourd’hui.

Mais le Big Data, à l’aide des objets connectés notamment, peut également représenter un formidable outil marketing permettant d’offrir de nouveaux services aux assurés, de les fidéliser et de conquérir une nouvelle clientèle.

Santé, mobilité et habitation : « mieux vaut prévenir que guérir » !

L’adage est bien connu, certes. Cependant, il ne semble pas exister de secteur dans lequel il puisse s’appliquer aussi facilement que dans celui de l’Assurance aujourd’hui. Trois domaines de développement ont été identifiés et, que ce soit en matière de santé, de mobilité ou d’habitation, il revient toujours moins cher d’ « éduquer » son assuré et le garder en bonne santé que de lui verser des indemnités après qu’un quelconque incident soit survenu.

  • Les  assureurs, nouveaux partenaires bien-être

Décidés à réduire leurs coûts, les assureurs surfent désormais sur la vague du quantified-self et misent sur les concepteurs d’objets connectés. Leur objectif : garder leurs assurés en bonne santé le plus longtemps possible grâce au développement de nouveaux services d’accompagnement au quotidien. Afin de les motiver à adopter une vie saine, ils ont indexé les tarifs sur leur mode de vie (activité physique, alimentation, etc.). L’américain John Hancock a été le premier à lancer un programme du genre avec Vitality, une offre que le groupe Vitality va maintenant développer en Europe (cf. Finovation 2015).

  • 50 % de réduction pour les bons conducteurs

En matière de transport et mobilité, c’est sur l’automobile que les assureurs concentrent leurs efforts pour le moment. La promesse du « juste prix » est aussi mise en avant – avec YouDrive (cf. Finovation 2015), Direct Assurance revendique pouvoir faire bénéficier jusqu’à 50 % de réduction à ses assurés équipés d’une DriveBox – mais les assureurs aspirent surtout à donner les bons réflexes à leur clientèle : la DriveBox évalue le comportement au volant en mesurant accélération, freinage, tenue de route dans les virages et vitesse, et délivre des conseils en temps réel. Une meilleure réactivité en cas de panne ou d’accident est aussi parfois soulignée : le boîtier d’ « Allianz Conduite connectée » contacte, automatiquement lors d’un choc violent, un conseiller de Mondial Assistance France.

  • La maison, bientôt transformée en hub intelligent

La maison est le troisième domaine dans lequel les assureurs, dans une logique de protection, peuvent avoir intérêt à placer des objets connectés. Ils sont encore peu nombreux mais certains, comme AXA, proposent déjà des réductions sur différents équipements tels que caméras, alarmes, détecteur de fumée et de monoxyde de carbone, ou encore ampoules contrôlables à distance et prises intelligentes. Tous ces objets peuvent être contrôlés via l’application Mon AXA. Elle fonctionne comme un véritable « hub intelligent » pour prévenir des accidents domestiques et des intrusions. Et pour lever les doutes sur une effraction à son domicile, un service d’intervention d’urgence est proposé en option.

Un malus pour mauvais comportement ?

Grâce à tous ces équipements connectés, les assureurs sont désormais en possession d’une multitude de données : une véritable mine d’or qu’ils se verraient bien exploiter. La loi informatique et libertés du 6 janvier 1978 et la CNIL leur limitent encore l’accès aux données personnelles. Il n’est cependant pas difficile d’imaginer un système de bonus/malus tablant sur les comportements de chacun tels qu’ils seraient contrôlés par les différents équipements connectés. Si ce sont aujourd’hui les potentielles réductions tarifaires qui sont mises en lumières et les récompenses « en nature » qui sont principalement pratiquées (AXA a offert jusqu’à 100 € de médecine douce à ses assurés acceptant de s’équiper d’un podomètre connecté pour mesurer des informations telles que le niveau d'oxygène dans le sang, le rythme cardiaque, ou le nombre de pas effectués dans une journée), à quand néanmoins les majorations pour « mauvais » comportement ?

Marine

En savoir plus :

Internet des objets et Big Data pour les assureurs : la révolution est en marche

Etude Finovation 2015

Marine Favreau

Consultante Senior chez InovenAltenor, je suis passionnée par tous les sujets se rapportant à la donnée et à son traitement. C’est autour des défis que demandent de relever le Big Data et les objets connectés que se joue, j’en suis convaincue, l’avenir de nombreux secteurs, dont celui de l’Assurance. A ce titre, je m’occupe de Finovation depuis mon arrivée dans le cabinet, anime des formations internes à QlikSense (outil de data visualisation) et fais partie d’un groupe de travail sur le machine learning.