La communauté Ouishare et la Fing ont présenté le 3 mars dernier dans les magnifiques locaux de Blablacar les résultats d’une enquête conjointe consacrée à la consommation collaborative. Retour sur les principales conclusions de l’étude.
Intitulée « Je partage ! Et vous ? », l’enquête vise à comprendre les motivations, usages et trajectoires des consommateurs collaboratifs. Commençons d’abord par un petit rappel lexical. Ouishare et la Fing reprennent la définition de Rachel Bostman qui fait de « la consommation collaborative (ou économie du partage) (…) un modèle économique favorisant l’usage sur la possession et permettant d’optimiser les ressources via le partage, le troc, la revente, la location, le prêt ou le don de biens et de services». Par extension, Ouishare définit l’économie collaborative comme l’ensemble de « pratiques et de modèles économiques organisés en réseaux ou communautés d’usagers ».
profil type
Menée en ligne pendant trois mois, l’enquête a permis de recueillir 2150 réponses. Premier enseignement, la consommation collaborative est avant tout une pratique urbaine, majoritairement féminine, plébiscitée par les CSP +. Voici quelques chiffres éloquents :
- 59 % des adeptes du partage sont des femmes
- 50 % sont des cadres supérieurs
- 40 % bénéficient de revenus compris entre 2 500 et 5000 euros mensuels
- 53,2 % vivent dans des villes de plus de 100 000 habitants (28,7 % en Ile-de-France, dont la moitié à Paris).
Enfin, et sans surprise, les adeptes du partage sont aussi les plus connectés. 63,7 % des répondants déclarent en effet faire un usage quotidien ou régulier des réseaux sociaux.
le partage, vraiment ?
Champion toute catégorie : la vente d’objets entre particuliers (type Ebay, Le Bon Coin, mais aussi le traditionnel vide grenier), pratiquée par 92 % des répondants. Vient ensuite l’hébergement chez l’habitant (49 %), suivi de près par le covoiturage (47,4 %).
La notion de partage mérite cependant d’être relativisée. En effet, les adeptes de la location entre particuliers, type AirBnB, se déclarent « voyageurs » plutôt « qu’hébergeurs ». De plus, pour la majorité des utilisateurs (52,9 %), le covoiturage permet d’abord de réaliser des économies. Seuls 17,3 % d’entre eux y voient également la possibilité de réduire leurs émissions polluantes. De leur côté, si elles émergent bel et bien, les pratiques comme la location de voiture et l’échange de services entre particulier restent plus marginales, avec des taux compris entre 11,1 % et 20 %.
dépenses contre sens
La majorité (65 %) des répondants estiment que la consommation collaborative leur permet surtout d’effectuer des économies marginales. Les motivations économiques (75%) sont toutefois au coude à coude avec la recherche de sens (74 %).
l’impact des plateformes
Plus significatif sans doute est l’impact des plateformes dans l’émergence de cette économie collaborative. Selon l’étude, « 93,5 % des répondants qui utilisent des plateformes depuis 1 à 4 ans affirment que leurs pratiques collaboratives ont augmenté ».
Il apparaît ainsi, sur la base des résultats de l’enquête, que plutôt que d’une envie de plus de partages, c’est peut-être avant tout la recherche de plus de services, conçus avec plus de désintermédiation, qui favorise l’essor de l’économie collaborative. Frédéric Mazzela, le fondateur de Blablacar qui concluait la matinée, ne dit finalement pas autre chose. Selon lui, « le service apporté devient habituel, facile pour les gens. L’âge moyen des utilisateurs a tendance à augmenter, car la fonctionnalité s’est améliorée avec la montée en puissance de la fiabilité des plateformes ».
De son côté, Ouishare a établi quatre profils types d’utilisateurs : les pragmatiques, les engagés, les opportunistes et les sceptiques. Ce faisant, le collectif pose clairement la question de l’évolution de cette économie du partage. Ce sera d’ailleurs le thème du prochain Ouishare Fest, du 20 au 22 mai 2015, qui s’est donné pour thème un titre évocateur « Lost in transition ? »
Joévin
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Journaliste, passionné par le digital, j'ai couvert l’actualité numérique au sein de l’équipe digitale d’Orange Business et accompagné le déploiement du dispositif éditorial appliqué aux blogs et aux réseaux sociaux de l'entreprise.