Pour inaugurer cette analyse d’expert, nous avons choisi de discuter de la géolocalisation. Cette technologie, très en vogue actuellement, attise l’intérêt des plus grands. De Google à Yahoo en passant par Facebook, tout devient possible : localiser une adresse, des amis ou se géolocaliser sur des réseaux sociaux…
Nous avons réalisé un état des lieux de la géolocalisation, listé les usages possibles et enfin défini les limites de cette technologie à la mode.
La géolocalisation, c’est quoi ?
A l’origine, la géolocalisation a été conçue pour des besoins de l’armée américaine.
En 1993, Bill Clinton décide d’ouvrir cette technique au grand public. Des services sont alors apparus permettant de localiser des objets, des personnes, de gérer des flottes de véhicules sur un plan ou une carte à l’aide de coordonnées géographiques.
Depuis quelques années, la géolocalisation s’est démocratisée et est très utilisée notamment pour la navigation routière.
Ces positions sont obtenues à l’aide de systèmes de radionavigation par satellites (GNSS), le terminal le plus connu du grand public est le GPS (Global Positioning System).
Ce sont ces services de navigation routière qui ont très fortement dynamisé le marché au début de la geolocalisation, et qui continuent de représenter la majorité du marché en valeur.
Il existe de nombreuses technologies de localisation et nous ne les nommerons pas tous ses procédés.
Aujourd’hui, nous avons choisi de nous concentrer sur deux besoins différents dans le domaine de la géolocalisation.
«J’ai besoin de me localiser»
La navigation par GPS permettant de guider un véhicule à l’aide d’un boitier ou aujourd’hui de plus en plus à l’aide d’une application utilisée sur un Smartphone, est un exemple de ce type d’usage.
Comment fonctionne le GPS ?
Le récepteur GPS communique avec un réseau de satellites qui lui permettent de connaitre ses coordonnées terrestres. Il connait ainsi à tout moment sa position (longitude, latitude et altitude) avec une précision allant de 5 à 100 mètres.
Le + : un coût bon marché pour l’utilisateur final
Le - : le GPS a des conditions de réceptions difficiles dans certains milieux urbains ou forestiers, en particulier dans les canyons urbains ou à l’intérieur des bâtiments. Le temps mis par le GPS pour se géolocaliser peut aussi être relativement long. Enfin, tous les téléphones ne sont pas équipés d’un GPS.
« Je géolocalise un tiers», qui peut être aussi «Je veux être localisé par un tiers»
Cet autre procédé de géolocalisation d’un tiers peut être mis en œuvre grâce au réseau mobile utilisant les bornes GSM auxquelles les téléphones mobile sont connectés. En effet des fonctions natives liées à la technologie utilisée existent pour connaitre la position des téléphones mobiles et ainsi acheminer les appels téléphoniques qualitatifs. Cette technique de géolocalisation par GSM est appelée Cell-ID, celle-ci est utilisée et proposée aujourd’hui par Orange API à travers l’API location. Intéressons nous à ce procédé.
Comment fonctionne le Cell-ID ?
Ce qu’on appelle Cell-ID, ce sont les cellules autour des stations du réseau mobile GSM qui communiquent par liaison radio avec les terminaux mobiles. Ces cellules sont toutes identifiées dans le réseau mobile.
Pour connaitre la position d’un abonné mobile qui a préalablement accepté d’être géolocalisé, le réseau mobile est sollicité afin de trouver l’antenne (appelée BTS) à laquelle le téléphone mobile est connecté à l’instant de la requête. Une fois l’antenne identifiée, des échanges entre l’antenne et le mobile sont effectués afin de connaitre la distance entre l’antenne et le mobile. Ces données sont ensuite retournées sous forme de coordonnées normalisées type GPS que l’on peut exploiter avec une solution de cartographie (mapping). La précision dépend de la zone de couverture de l’antenne GSM.
Le + : cette technologie fonctionne avec la totalité du parc mobile (Smartphones et autres) ainsi qu’à l’intérieur des bâtiments.
Le - : un téléphone ne peut être géolocalisé que s’il a donné son accord préalable. La précision de la geolocalisation est par ailleurs moindre qu’avec la technologie GPS (de 100m à 300m en zone dense et pouvant aller à plusieurs kilomètres en zone rurale).
L’API location d’Orange API :
Ce service permet de répondre au besoin « je veux être géolocalisé par un tiers » ou « je géolocalise un tiers », en obtenant une position géographique.
Quel est l’intérêt de cette technologie de géoloc Cell-ID via GSM ?
La géolocalisation est possible là où la couverture mobile passe, aussi bien en milieu couvert, dans les bâtiments par exemple, qu’en extérieur, là ou le GPS ne fonctionne pas (connexion satellites impossible). De plus, cette technologie est compatible avec tous les téléphones mobiles.
Listons maintenant les principaux usages possibles :
- Navigation routière : c’est cet usage qui a dynamisé le marché de la geolocalisation à ses débuts. La seule technologie possible pour cela est le GPS car il permet une précision de geolocalisation importante. Cet usage est couplé avec le Routing, qui permet de calculer le trajet d’un point A à B
- Gestion de flotte de voiture : cela est possible aussi bien avec le GPS, qu’avec le Cell-ID
- Cartographie locale : certaines applications permettent d’obtenir une carte centrée sur l’endroit ou le téléphone est géolocalisé. Cela peut se faire aussi via GPS ou Cell-ID
- Local search & advertising : ces applications permettent d’avoir des informations liés au lieu ou l’on se trouve, pouvant être en cohérence avec ses préférences personnelles
- City guide : cela permet de connaitre la position géographique de certains points d’intérêts: restaurants, musée :Yelp (site web d’avis d’utilisateurs)
- Buddy finder/social network : ces applications de type réseau sociaux permettent de localiser ses amis, ses enfants...
- Météo et infos : ces applications permettent d’avoir des informations précises liées à un domaine particulier, suivant l’endroit où l’on se trouve.
Quel est l’usage le plus important qui a poussé le marché ?
C’est la navigation routière avec le GPS qui a développé le marché pendant environ 15 ans.
Aujourd’hui, le marché de la navigation stagne ou augmente très faiblement, à cause d’applications gratuites ou intégrées dans des forfaits ou des terminaux comme ce que proposent Nokia, Google Maps, ou des applications Android.
Mais d’autres usages prennent le relai : la publicité géolocalisée ou les réseaux sociaux... Le marché est en pleine croissance.
Les intervenants de ce nouveau marché ?
- Gowalla (réseau social et géolocalisation)
C’est l’ancêtre du réseautage social géolocalisé.
L’objectif est de se géolocaliser, et de se «checker» pour indiquer à ses amis que vous êtes à un endroit. Un système de biens virtuels récompense les utilisateurs les plus actifs avec des pin’s, des badges.
- Foursquare (réseau social et géolocalisation)
Il s’agit d’une application de réseau social de jeu et de microblogging téléchargeable gratuitement.
Le but de Foursquare : visiter le plus d’endroit pour gagner des points et des badges et devenir Mayors (maire) de l’endroit. En vous géolocalisant via l’application, vous partagez vos données et en retour vous recevrez des bons plans ou des conseils d’utilisateurs du lieu où vous êtes. Chez Starbucks, les maires bénéficient par exemple de réductions.
- Facebook Places/Lieux (réseau social et géolocalisation)
Permet de partager sa position à ses amis, de découvrir les autres utilisateurs, mais aussi de commenter (on « check » sa position comme Foursquare). Les utilisateurs peuvent encore découvrir les amis qui ne sont pas loin d’eux. Le plus, c’est que l’on peut tagguer ses amis, sur des photos par exemple.
Depuis quelques jours, le réseau social a lancé Facebook Bons Plans (Deals) en Europe : un service d’offres commerciales géolocalisées qui permet aux utilisateurs de gagner des réductions et de se tenir au courant des bons plans dans les lieux qu’ils fréquentent régulièrement.
- Local Offers (le dernier né de chez Yahoo) taginlineimport
Ce sont des offres locales qui sont proposées aux utilisateurs.
Ces informations sur les commerçants sont des coupons de réductions et affichent les offres promotionnelles proposées en cours par les magasins du quartier localisé. Par
Les risques de la géolocalisation :
Devenu à la mode, l’application géoloc est utilisée comme outil de travail pour les cambrioleurs. Indiquer ses allées et venues via son checking ou son statut permettent aux voleurs de planifier leur vol ; « Vous vous souvenez peut-être de PleaseRobMe (“s’il vous plaît, cambriolez-moi”), un site qui visait à sensibiliser les utilisateurs des tels services aux risques potentiels ; en se basant sur les informations fournies par Foursquare, Gowalla, etc., PleaseRobMe montrait les personnes qui n’étaient pas chez elles et par conséquence plus susceptibles d’un cambriolage… » (Techcrunch, un réseau de cambrioleurs)
Notre conclusion ?
Le marché des services liés à la géolocalisation a généré un chiffre d’affaires estimé par Strategy Analytics à 160 millions de dollars en Europe de l’Ouest en 2009.
Ce chiffre d’affaires a été réalisé à 83% dans le domaine de la navigation routière.
La croissance devrait être très forte, puisque le marché mondial est estimé en 2013 par Strategy Analytics à 8 milliards de dollars, dont 3 milliards en Europe de l’Ouest. Digital Trends (ref en bas de page) précise même que la croissance du marché des services basés sur la géolocalisation devrait être de 51.3% par an entre 2009 et 2014.
Sur ce marché, ce sont les domaines de la recherche géolocalisés qui devrait croître le plus fortement, poussé par la généralisation des technologies de gélocalisation indoor (cell id + wifi) contrairement aux technologies outdoor (GPS) dont le chiffre d’affaires devrait croître moins vite.
La géolocalisation est devenue un outil majeur de communication personnelle et professionnelle. Ceci est une évidence lorsque l’on sait que le taux d’équipement en Smartphone ne cesse de croitre... Cela se voit également à travers la multiplication des applications web et mobiles disponibles aujourd’hui. Et ce marché devrait pouvoir être rémunérateurs pour les commerçants :chez les français par exemple, la géolocalisation et le shopping font bon ménage, puisque 1/3 des utilisateurs se servent de la géolocalisation pour trouver un point de vente.
Toutefois, certains freins à l’usage subsistent : ils ne sont pas prêts à partager en temps réel leur position sur internet, puisque 72% d’entre eux trouvent cela risqué.
Pierre
Références :
CNIL : guide géolocalisation
Postclic : Rapport d'étude Ifod & BNP Paribas
Ptolemus Consulting group:Positioning Technology Providers:Evolving landscape & opportunities
Le Monde Informatique
Marché mondial des services basés sur la géolocalisation (2009-2014)
Passionné par internet et son évolution, j'ai participé au lancement des services applicatifs en self-service d'Orange API et des usages qui vont avec : SMS, click to call, géolocalisation...