Ca ne va pas très fort pour Facebook en ce moment… L’introduction en bourse a connu quelques déboires, avec une chute d’environ 30% de l’action depuis l’introduction. La révolution annoncée sur le mobile se fait attendre et les jeux n’arrivent plus à battre le record de 100M de MAU (Monthly Active Users) arraché par CityVille et Sims Social en 2011.
Quant aux derniers changements du profil, avec Timeline, ils génèrent une fois de plus des grognements, voire des quiproquos comme pour le dernier « bug Facebook ».
Facebook aurait-il atteint de tels sommets qu’il lui serait impossible de grandir davantage ? Probablement pas… Mais on pourrait se demander jusqu’à quand sa domination pourra durer.
la malédiction des 7 ans
Il y a dans le monde de l’entertainment une « malédiction des 7 ans », qui a poursuivi et causé la perte de très grands noms ces dernières années. Née en 1999, la messagerie instantanée de Windows, MSN, règne sans partage sur les échanges. Jusqu’à l’arrivée de… Facebook, en 2006, qui révolutionne la communication avec son réseau social.
Nokia également, symbole de la révolution mobile avec le 3210, lancé en 1999, connaitra les premiers signes d’un lent déclin avec l’arrivée des Smartphones, et notamment de l’iPhone, en 2007. Même étrange constat pour My Space, Netscape ou AOL.
On peut même s’amuser à regarder du côté des programmes télé les plus populaires. Très rares sont les séries à avoir survécu jusqu’à une 7e saison, la 8e clôturant parfois très mal de longues années de succès populaires. Desperate Housewives, 24H se sont arrêtées à la saison 8. Star Academy, blockbuster des années 2000, ne survivra pas à une saison 7 plutôt poussive et une saison 8 catastrophique. Allez, j’ose en parler : Mc Giver, la série mythique qui a marqué tous les trentenaires ne compte que 7 saisons…
pourquoi compter 7 ans de l’éclosion d’un phénomène mass market à la fin de son hégémonie?
Bon, c’est facile de s’amuser avec des exemples, la malédiction des 7 ans n’est bien sûr pas infaillible, et la durée de « domination » peut-être plus ou moins longue. Il y a également des exemples d’inoxydables, qui semblent ancrés pour des années dans nos habitudes, comme Google ou les Simpsons qui séduisent plusieurs générations depuis 23 saisons.
Mais le chiffre des 7 ans est assez remarquable pour 3 raisons :
- il symbolise le passage d’une génération à l’autre : et oui, au bout d’un moment, on n’a plus envie de faire la même chose que nos aînés. Chaque génération cherche son propre totem, qui réussira à la fédérer et à la différentier des autres.
- en parallèle des changements générationnels, il y a bien sûr la lassitude. On peut compter 3 ans entre les early adopters et les late adopters pour une nouvelle technologie ou un nouvel usage, ce qui laisse 4 ans aux late adopters pour se lasser… c’est déjà beaucoup !
- enfin, il est difficile de rester toujours au top. Si la concurrence n’a pas toujours anticipé le produit révolutionnaire que vous allez lancer, au bout d’un moment, elle fera tout pour vous surclasser. Rester à la pointe de l’innovation est primordial, mais chaque amélioration de produit est un risque, qui peut vous couper d’une partie de vos utilisateurs, déroutés.
des alarmes à surveiller pour éviter la chute
AOL a révolutionné l’usage internet avec son forfait illimité. Mais il n’a pas su prendre le virage du haut débit et c’est ce qui a causé sa perte. De même, Nokia a commis une première erreur en ne lançant pas de téléphone à clapet, laissant une énorme marge de manœuvre à Samsung. En réagissant avec retard sur les téléphones tactiles, Nokia a laissé la révolution smartphone achever son leadership. Enfin côté MSN, le produit rebrandé « Windows Live » sorti en 2006 ne convainc pas et laisse la porte ouverte à Facebook, qui fédère les utilisateurs mécontents autour d’une nouvelle suite de communication.
A l’inverse, Google semble indétrônable, tant le service est simple d’utilisation, et s’adresse aux 7 à 77 ans.
fidéliser fait appel à une relation client intergénérationnelle
Ces exemples illustrent la difficulté à fidéliser ses clients, ses utilisateurs, sur la durée, même en connaissant une renommée planétaire. Le marketing comportemental et la gestion des générations sont primordiaux pour une marque mass market qui veut durer. Le WEB 2.0 a rendu les consommateurs de plus en plus volatiles, et les phénomènes de mode de plus en plus massifs. Pour réussir à tenir, il faut savoir s’adresser à toutes les générations : identifier leurs valeurs, leurs codes, utiliser leurs propres canaux de communication. Facebook est un très bon canal de communication pour les 18-35 ans aujourd’hui mais il ne faut pas négliger les autres canaux, plus anciens, dans la relation client.
Attention donc à l’année 2014 pour Facebook !
Et espérons que Marc Zuckerberg sait que même Mc Giver, au bout de 7 ans, s’est retrouvé à cours d’idées !
Aurélien
crédit photo © Andrei Tsalko - Fotolia.com
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la courbe d’adoption d’une innovation
Après quelques années de conseil en innovation dans le marketing digital, j’ai finalement rejoint Orange pour m’occuper du business development et de l’innovation dans les jeux mobiles. Un univers passionnant, aussi bouillonnant et créatif que celui du cinéma ! Passionné par la sociologie, les mécaniques intergénérationnelles, les nouvelles tendances et particulièrement la génération Y, j’interviens sur le blog Relation Client pour discuter du nouvel éventail de relation entre la marque et le client qu’offrent les jeux et les réseaux sociaux, ou partager des bons plans pour être vu et bien vu dans la jungle du Web !