la demande intérieure, clé de voûte de la croissance chinoise

Quel est le point commun entre General Electric, Philips et IBM ? Tous trois ont installé en Chine le siège mondial de certaines fonctions majeures de l’entreprise. Longtemps perçue comme un gigantesque réservoir de main‑d’œuvre compétente et bon marché, la Chine intéresse désormais les entreprises pour son marché intérieur.

L’enjeu est immense puisqu’il s’agit de capter l’immense demande chinoise. Par exemple, selon Euromonitor, la Chine est déjà le 3ème  marché mondial pour les produits de luxe, représentant 7 % des 318 milliards de dollars du chiffre d’affaires mondial. Cette part atteindra 26 % dans les 5 prochaines années soit 17 milliards de dollars. En réalité, selon le Bureau national des statistiques chinois (NBS), c’est l’ensemble du secteur de la vente de détail qui affiche une croissance soutenue avec une progression de 12,5 % au premier semestre 2013 par rapport à l’année précédente.

L’industrie du luxe n’est pas la seule à bénéficier de l’engouement des consommateurs chinois. De nombreux autres secteurs vont enregistrer une forte croissance aux cours des prochaines années. Les entreprises internationales cherchent à se positionner au cœur de cette dynamique.

À titre d’exemple, avec l’évolution des goûts culinaires des Chinois, l’industrie agroalimentaire offre un formidable potentiel de développement. Le propriétaire de Pizza Hut et de KFC réalise déjà 42 % de son chiffre d’affaires en Chine ! La santé est également un secteur clé du fait du vieillissement de la population, et le secteur privé de l’éducation progresse, porté par le souhait des parents de compléter la formation scolaire de leurs enfants.

une destination de choix pour les investissements

Selon une étude récente de PwC et de la Fondation chinoise pour la recherche et le développement, 56 % des PDG choisissent la Chine plutôt que d’autres économies telles que le Brésil, l’Inde, la Russie et les États-Unis pour leurs investissements. « L’essor de l’économie chinoise repose entre autres sur sa capacité à attirer les investissements étrangers », explique Dennis Nally, Président de PricewaterhouseCoopers International. « En 2012, la Chine a concentré 111,7 milliards de dollars de l’ensemble des IDE. Et selon nos prévisions, d’ici 4 ans, le pays détrônera les États-Unis au rang de première économie en terme de parité de pouvoir d’achat. »

À qui profitent ces investissements ? Les entreprises ayant installé leur siège social à Pékin génèrent 46 % des recettes totales de la Chine, selon des données publiées par McKinsey. Mais ces entreprises sont pour la plupart publiques et donc proches du pouvoir politique central. Il est toutefois intéressant de noter que l’économie chinoise n’est pas aussi centralisée que dans d’autres pays, au premier rang desquels la France où les entreprises dont le siège est à Paris contribuent à la richesse nationale à hauteur de 91 %.

Rechercher la proximité avec le pouvoir politique central n’est pas aussi essentiel pour les entreprises étrangères qui s’installent en Chine. Shanghai semble être aujourd’hui le site d’implantation le plus prisé par les multinationales. Ce statut sera renforcé par l’inauguration récente de sa zone de libre échange qui offre, pour près de 20 secteurs différents, une réglementation assouplie et un encadrement monétaire allégé. D’autres villes chinoises proposent également de nouvelles zones de libre échange ou agrandissent celles déjà établies, comme les ports de Nansha (Guangdong), Tianjin et Xiamen.

stratégies d’innovation

La récente croissance de la Chine s’appuie sur un autre élément majeur : le soutien à l’innovation dans de nombreux secteurs. Les données du cabinet conseil McKinsey en la matière sont très intéressantes. Nous apprenons notamment qu’en Chine, les entreprises axent fortement leur stratégie d’innovation sur la rapidité de lancement de produit et sur le test produit auprès des consommateurs. Cela leur permet d’affiner leurs concepts et de répondre parfaitement aux attentes du consommateur. Sur le fond, cette approche de l’innovation est plus proche de la démarche de Google, que de celle d’Apple par exemple.

La technologie machine-to-machine (M2M) est l’un des secteurs sur lesquels la Chine vise un rôle de leader. Le pays a d’ores et déjà détrôné les États‑Unis en termes de nombre de connexions M2M, avec 5,5 millions de connexions M2M supplémentaires pour le seul second semestre 2012 (l’équivalent du nombre total de connexions au Royaume-Uni !). Les compteurs intelligents, les véhicules connectés et les systèmes de sécurité intelligents figurent parmi les domaines les plus porteurs.

L’association GSMA et le cabinet Machina Research révèlent que l’industrie automobile en Chine se tourne vers les solutions M2M afin d’aider les conducteurs à localiser les véhicules partagés et les bornes de recharge pour les véhicules électriques, tout en développant le concept de véhicule connecté. Ils estiment que ces deux secteurs représentent un potentiel de marché de 198 milliards de dollars pour la seule industrie automobile chinoise.

des réseaux de communication toujours plus performants

Le 3ème pilier de la croissance économique chinoise est la transformation de ses infrastructures. Le pays injecte des sommes considérables pour construire ou entretenir ses réseaux routiers, ferrés, énergétiques ou de communication.

En septembre, le gouvernement chinois a annoncé 325 milliards de dollars d’investissements supplémentaires visant à améliorer les infrastructures haut débit fixes et sans fil dans le pays d’ici à 2020.

Les objectifs de cette stratégie « Broadband China » sont ambitieux. D’ici 2020, la couverture du réseau fixe haut débit devrait atteindre 70 % du territoire, avec 300 millions de foyers raccordés aux réseaux de fibre optique (FTTH), contre 130 millions de foyers en 2013.

Ce taux de couverture est complété par les réseaux sans fil 3G et 4G qui devraient concerner 85 % des foyers d’ici 2020. L’objectif en termes de vitesse d’accès est de passer de 20 Mbps pour 80 % des foyers connectés au haut débit en 2013 à 50 Mbps à horizon 2020, et jusqu’à 1 Gbps pour les utilisateurs situés dans les villes les plus développées !

Le haut débit en zone rurale fait partie intégrante de cette stratégie et jouera un rôle clé dans la dynamisation de la demande intérieure. La familiarisation de l’ensemble de la population avec les achats en ligne sera un élément déterminant. Bien que les internautes chinois aient dépensé 210 milliards de dollars en ligne en 2012, cela ne représente que quelque 7 % du total des ventes au détail. Les internautes vivant en zone rurale utilisent déjà régulièrement les solutions en ligne pour la vente de leurs marchandises sur le territoire national, comme en témoigne le formidable essor de la plateforme d’e-commerce Alibaba.

Enfin, le recours à internet pour réduire l’écart de richesse entre l’élite urbaine et les populations plus modestes des campagnes contribuera à soutenir la demande intérieure en Chine, et aidera le pays à maintenir son impressionnant rythme de croissance.

Et vous ? Comment votre entreprise envisage-t-elle le développement de la Chine entre aujourd’hui et 2020 ? Internet jouera-t-il un rôle fondamental dans l’autonomisation des populations rurales plus modestes ?

Anthony

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Anthony Plewes

After a Masters in Computer Science, I decided that I preferred writing about IT rather than programming. My 20-year writing career has taken me to Hong Kong and London where I've edited and written for IT, business and electronics publications. In 2002 I co-founded Futurity Media with Stewart Baines where I continue to write about a range of topics such as unified communications, cloud computing and enterprise applications.