Un Hackathon, c’est quoi ?
Le mot hackathon est né de la contraction des mots « hacker » et « marathon ». A l’origine, le hackathon se présentait sous la forme d’une compétition entre développeurs volontaires organisés en équipes, dans un même lieu autour d’un ou plusieurs porteurs d’idées (personne ayant trouvé une idée d’une solution innovante). Son objectif était de réfléchir à des solutions en équipe, de les tester et les prototyper, et ce sur une durée pouvant aller de un à trois jours, nuits potentiellement comprises.
Pourquoi un hackathon ?
Ce concept a été adopté, plus largement, pour aborder tout le spectre des activités d’une organisation, publique ou privée. Il est devenu le rendez-vous incontournable pour ceux qui souhaitent travailler différemment, en ouverture avec leurs écosystèmes. Dans ce cas, des équipes pluridisciplinaires sont formées avec des salariés, clients, fournisseurs, étudiants, chercheurs, citoyen pour réfléchir ensemble à des problématiques et thématiques communes.
Les objectifs d’un hackathon sont multiples :
- créer et innover différemment - réfléchir « out of the box », en rupture
- travailler en Open Innovation (principe d’innovation par lequel une organisation s’appuie sur les acteurs de son écosystème interne (salariés de tous services confondus) et externes (clients, fournisseurs, chercheurs, partenaires, étudiants, retraités, etc.) pour réfléchir et concevoir des innovations de manière itérative).
- repérer et recruter des talents
- impulser une culture agile et digitale en adoptant les nouvelles technologies (ubérisation, big data, blockchain, réalité virtuelle …) et en dynamisant les collaborateurs avec des méthodes de design thinking, lean startup et agiles
- accélérer la résolution de problèmes opérationnels
- prototyper rapidement de nouveaux produits et services en utilisant les dernières technologies
En bref, c’est un accélérateur de l’innovation, quelle que soit la nature des thématiques qu’il aborde : commerciale, organisationnelle, managériale, sociale, culturelle, etc.
Le cerveau droit, invité d’honneur du hackathon !
En 1981, le prix Nobel de médecine, le neurophysiologiste Roger W. Sperry, démontre que notre cerveau doit sa pleine intelligence à deux hémisphères : le droit, centre de notre créativité et intuition, et le gauche, responsable de notre capacité d’analyse rationnelle.
Un hackathon est un moment où les sens des participants sont en effet extrêmement stimulés. La sollicitation de la part créative des individus les amène à un état d’émotion galvanisante et irrationnelle. Ainsi, ce type de propos est souvent exprimé en fin d’événement : «… je ne me pensais pas capable d’avoir autant d’imagination … », «… je suis très heureux d’avoir eu l’occasion d’exprimer mes idées librement… », « … je suis ravie de travailler avec des personnes que je ne connais pas …», etc.
Cet état d’esprit, recherché par les organisateurs eux-mêmes car propice à l’innovation, représente un élément indispensable. En effet, s’il est prouvé que nos deux hémisphères sont complémentaires, dans le cadre du hackathon, nous stimulons avant tout l’hémisphère émotionnel (droit) des participants en s’assurant de déclencher ensuite les réflexes de l’hémisphère analytique (gauche) au bon moment et de la manière la plus juste.
De l’idée à la concrétisation
Le risque avéré avec ce type d’événement est uniquement la création d’un buzz, en particulier via les réseaux sociaux car peu de hackathons donnent naissance à des projets concrets. Les organisateurs ont souvent tendance à se focaliser sur l’événement pour en faire un moment sympathique et mémorable où les participants se rencontrent et expriment leurs idées par le biais d’ateliers créatifs et d’espaces d’expression libre.
Ce facteur est en effet nécessaire pour la réussite d’un hackathon mais ne devrait pas se substituer à l’élément le plus important, qui est de répondre à la question opérationnelle suivante : « Pourquoi voulons-nous réaliser ce hackathon et comment allons-nous sélectionner les projets les plus pertinents pour une mise en œuvre utile après l’évènement ? ».
Cela peut paraître couler de source et pourtant nombre d’organisateurs de hackathons omettent de s’interroger sur ce sujet. Cela soulève des questions qui nécessitent parfois un engagement de la part de la Direction pour fournir les moyens et l’organisation adéquats pour accompagner la mise en œuvre agile de ces projets. De plus, le challenge est aussi de concevoir un parcours suffisamment stimulant pour libérer la créativité des individus tout en répondant à des objectifs rationnels et précis des organisateurs.
Prenons l’exemple du hackathon « Ctrl Alt Desk : reprogramme ton bureau » organisé par M. Philippe Boyer, Directeur Innovation de Foncière des régions. Cet événement a réuni des populations issues d’univers très différents : des architectes d’intérieur, urbanistes, étudiants, développeurs, psychologues, ergonomes, designers, etc. La première étape a été de définir l’objectif de cet hackathon avec le client. Cela a permis de préciser le périmètre des innovations à imaginer avec les participants et d’en déduire les critères de sélection des projets gagnants. Nous avons ensuite conçu la méthodologie d’accompagnement des équipes participantes pour les amener à aborder la thématique de l’hackathon de manière ludique et créative, sans oublier le cadre posé par le client.
Les dotations pour les équipes gagnantes sont aussi constituées de manière à apporter un soutien opérationnel qui leur permettrait de réaliser les prochaines étapes de mise en œuvre de leur projet. Cela peut consister à offrir du coaching Lean startup (méthode qui repose sur l’expérimentation successive de concepts simples afin de les valider auprès des utilisateurs rapidement, ce qui permet de produire des solutions attendues par ces derniers), une incubation, l’accès à une population ou à un portefeuille client pour tester la solution, l’accompagnement au prototypage et à la réalisation d’un MVP(Minimum Viable Product), ou encore l’aide à la mise en œuvre de la stratégie Go-to-Market (dispositif qui aligne les ressources internes et externes d’une organisation pour délivrer la promesse de sa proposition de valeur, telle que attendue par ses clients), etc.
Attention à la propriété intellectuelle !
D’un côté, il y a des personnes qui ne se connaissent pas et qui se rencontrent le jour du hackathon qui vont travailler en équipe créée le jour J sur le projet d’une entreprise à laquelle elles ne sont liées que par une volonté morale de créer ce moment éphémère ensemble. De l’autre côté, il y a un organisateur, et éventuellement ses partenaires, qui souhaite transformer les idées des participants en projets concrets pour leurs collaborateurs ou leurs clients.
C’est cette situation fragile qui pose la question cruciale de la propriété intellectuelle. L’organisateur doit décider du bénéficiaire des droits de propriété intellectuelle sur les idées, et ce dès l’amont du hackathon, dans le cadre d’un règlement de participation et de convention de partenariat : droits d’exclusivité, droit de regard, libre de droit, etc.
En conclusion
Le hackathon, bien qu’éphémère par nature, peut être un levier continu et pérenne de transformation des ambitions stratégiques et opérationnelles d’une organisation, en faisant émerger le plein potentiel créatif de son écosystème dans le cadre d’une démarche globale, allant de la préparation de l’événement (et surtout) jusqu’à la mise en œuvre des projets retenus. Il semblerait bien que le Graal de l’innovation soit au bout de ce chemin incertain, si et seulement si l’initiative créative est correctement entreprise et soutenue dans sa mise en œuvre concrète et opérationnelle, avant, pendant et après l’évènement.
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Je m’intéresse à l’innovation comme levier de croissance et de transformation des ambitions stratégiques. Mon objectif, donner un contexte favorable à l’innovation en mobilisant les ressources humaines, matérielles et managériales disponibles.