Pour les laboratoires pharmaceutiques, on le sait, l’avenir du business n’est pas forcément au beau fixe. Depuis quelque temps déjà, ces acteurs, qui comptent encore parmi les plus riches et les plus influents dans l’écosystème mondial de la santé, doivent faire face à des difficultés croissantes : perte d’exclusivité sur les brevets de leurs médicaments blockbusters qui tombent dans le domaine public, arrivée massive de la concurrence des génériques et de nouveaux distributeurs (cf. les médicaments OTC chez Leclerc !), coûts de R&D toujours plus lourds et complexité vertigineuse pour identifier et produire de nouvelles molécules…
Face à ces menaces qui viennent assombrir leurs perspectives de business, ils n’ont d’autre choix que de trouver des relais de croissance à la simple « vente de boîtes de pilules ». Pour ce faire, l’une de leurs perspectives réside certainement dans la transformation digitale et l’évolution vers les services d’e-santé.
l’innovation digitale par le service
Cette tendance est déjà avérée et ne va cesser de croître dans un avenir proche.
La plupart des laboratoires pharmaceutiques du marché, ainsi que les équipementiers médicaux, s’intéressent actuellement au sujet et lancent des études de faisabilité ou des projets pilotes pour apporter cette dimension « service » dans leurs offres qui se veulent de plus en plus digitales.
Le contexte actuel les pousse en effet à revoir leur positionnement vis-à-vis de leur activité historique centrée autour du médicament et à rechercher comment mettre en place de véritables solutions thérapeutiques intégrées et complémentaires.
vers de nouvelles relations avec les patients, les professionnels de santé et les financeurs
A bien y regarder, cette stratégie de services et de digitalisation présente en effet de nombreux avantages pour les labos :
fidéliser les patients (et consommateurs !)
Miser sur le service autour du médicament, c’est l’occasion de faire évoluer la relation avec les patients :
- agir sur leur fidélisation
- agir sur l’image des labos
en proposant des services différenciants et attractifs avec une valeur ajoutée concrète.
Le suivi de maladies chroniques comme le diabète en est un bon exemple.
Permettre à un patient diabétique d’utiliser un glucomètre connecté, c’est lui faciliter la vie et améliorer son suivi… Il peut en effet utiliser son smartphone pour visualiser ses constantes glycémiques en quasi temps-réel, partager ces données à distance avec son diabétologue, consulter des informations d’éducation thérapeutique, et recevoir des conseils de traitement… tout cela en utilisant des outils non stigmatisants qu’il a l’habitude d’avoir avec lui pour d’autres usages.
En résultent également pour le laboratoire une connaissance approfondie et améliorée des patients et de leurs comportements thérapeutiques qui leur permettent de mieux adapter leurs solutions.
améliorer la communication médecins – patients (et y participer !)
A l’instar des patients, les labos peuvent apporter aux médecins des services à valeur ajoutée pour leur permettre d’améliorer le suivi thérapeutique :
- en collectant des informations plus fréquentes et plus précises sur leurs patients,
- en leur proposant des outils d’aide à la décision médicale suivant des algorythmes éprouvés
- ou encore en leur permettant de s’informer sur les nouveaux protocoles de traitement.
En termes d’image, c’est aussi un moyen pour les labos de remettre leur relation avec les professionnels de santé sur de bons rails en diversifiant les modes d’échanges pour sortir de l’unique relation des visiteurs médicaux si souvent décriés par les professionnels.
mettre en place des partenariats avec les financeurs
En développant des services d’e-santé pour les patients, les laboratoires ont également l’opportunité de se rapprocher des organismes d’assurance santé en permettant à ces derniers de proposer des programmes de prévention, de coaching ou de suivi à leurs assurés. Ils leur offrent ainsi la possibilité d’agir pour améliorer leur qualité de vie et limiter in fine les coûts de santé qu’ils ont à supporter.
Ce type de partenariats, déjà en vigueur aux USA, commencent à voir le jour en France notamment (certes plus lentement compte-tenu de l’environnement réglementaire très présent sur notre territoire).
L’e-santé et la transformation digitale fait donc son chemin, y compris dans l’industrie pharmaceutique. Sera-t-elle le nouveau blockbuster des labos face à l’évolution de leur écosystème ? C’est en tout cas une question intéressante !… Qu’en pensez-vous ?
Jean-Yves.
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Manager au sein du secteur santé chez Orange Consulting, je me passionne pour la révolution de l' e-santé et des nouveaux usages permis par l’innovation technologique et digitale, que je côtoie au gré de nos missions de conseil pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème Santé.