La France est souvent décrite comme un pays de râleurs… et le domaine de l’e-santé n’est pas en reste ! On entend régulièrement qu’il n’y pas d’initiatives pour converger vers un passage à l’échelle de la pratique de la télémédecine ; qu’il n’y a pas d’initiative pour développer des parcours de soins intégrés… Info ou intox, faisons un point sur l’ensemble des démarches e-santé en France.
une Nouvelle France Industrielle tournée vers l’e-santé
Tout d’abord parmi les 34 plans de la réflexion stratégique « Nouvelle France Industrielle », trois plans concernent la santé numérique ainsi que les dispositifs médicaux et nouveaux équipements de santé et les objets connectés.
Ce dernier représente un marché en croissance (80 milliards d’objets seront connectés en 2020) impliquant un grand nombre de start-ups et des industriels reconnus, dont Orange fait partie.
Le plan santé numérique vise quant à lui au développement des Systèmes d’Information de qualité pour le continuum ville-hôpital autour des territoires de soin numérique, de la télémédecine avec une ambition affichée forte (télésurveillance de maladies chroniques : 50 000 patients suivis en 2017 et 2 million en 2020) et de parcours de soins avec la mise en œuvre affichée du « case management ».
prévention, innovation, information au cœur de la stratégie nationale de santé
Un autre pan des initiatives engagées est celui de la stratégie nationale de santé, présentée en septembre 2013 par Mme la Ministre Marisol Touraine.
Elle met l’accent sur 3 objectifs :
- le développement de la prévention,
- l’organisation des soins autour du patient,
- et le renforcement de l’information et des droits des patients.
Le programme territoire de soins numérique s’inscrit dans cette stratégie pour favoriser l’émergence de territoires d’excellence en matière d’e-santé, pour améliorer la prise en charge des patient et moderniser le système de soins. Ce programme va être mis en place dans 3 à 5 régions pilotes grâce à une enveloppe de 80 millions d’euros qui seront alloués aux ARS retenues, 18 ARS ayant répondu à l’appel à projet.
5 projets ont ainsi été sélectionnés pour leur caractère innovant et pérenne :
- pour la région Aquitaine : XL ENS (Landes espace numérique de santé) ;
- pour la région Bourgogne : E_TICSS (Territoire innovant coordonné santé social) ;
- pour la région Ile-de-France : TerriS@nté (« Le numérique au service de la santé en métropole du Grand-Paris ») ;
- pour la région Rhône-Alpes : PASCALINE (« Parcours de santé coordonné et accès à l’innovation numérique ») ;
- pour l’Océan indien : PLEXUS OI (« Plateforme d’échange pour les nouveaux usages des TC en santé dans l’océan indien »).
l’article 36 ou comment financer la télémédecine
La loi de finance de la sécurité sociale 2014 permet elle aussi le développement de l’e-santé, notamment dans son article 36 qui concerne la prise en charge des actes de télémédecine.
9 régions ont été retenues (l’Alsace, la Basse-Normandie, la Bourgogne, le Centre, la Haute-Normandie, le Languedoc-Roussillon, la Martinique, les Pays-de-la-Loire et la Picardie) par le Ministère des affaires sociales et de la santé pour participer à des expérimentations du financement d’actes de télémédecine. Ces dernières, pouvant être menées à compter du 1er janvier 2014 et pour une durée de 4 ans, vont concerner la médecine de ville, et la prise en charge en structures médico-sociales dans le but de faciliter l’accès aux soins, optimiser les parcours de santé, et renforcer l’efficience de la prise en charge pour les patients en ciblant particulièrement les activités de télé-expertise, de téléconsultation et de télésurveillance, par exemple pour le suivi des plaies chroniques.
les filières industrielles s’organisent
Un autre véhicule pour favoriser l’émergence d’une filière industrielle de l’e-santé est le comité stratégique de filières (et celle des industries de santé). Comme cela a été le cas avec la filière Silver Economie, l’émergence d’une filière e-santé semble se dessiner avec notamment la mesure 33 qui vise à permettre l’émergence d’une stratégie industrielle en matière d’e-santé en soutien de la politique de santé publique en associant les industriels.
Les initiatives sont donc nombreuses : positif a priori ! Cela montre en tout cas une envie forte d’aller sur ces nouveaux territoires de développement de l’e-santé.
Néanmoins, il faut qu’institutions, ministères, industriels ne s’éparpillent pas. Les moyens alloués ne doivent pas non plus se saupoudrés comme nous l’avons trop souvent vu par le passé. La convergence des efforts est en effet nécessaire pour lever les freins de cette filière industrielle. Face au foisonnement des projets, liés au grand nombre d’entreprises travaillant sur l’e-santé, on assiste à un saupoudrage des budgets auquel s’ajoute des difficultés réglementaires ainsi que le manque de business models. Par ailleurs, l’évaluation des projets d’e-santé doit également trouver sa place et sera capital pour le déploiement à grande échelle de ces solutions.
Sébastien.
crédit photo : © Kalim
Après avoir travaillé 6 ans dans le management opérationnel chez Orange France, je travaille depuis presque 3 ans dans ce domaine passionnant qu’est la santé ! Une citation de Victor Hugo m’anime : « oser, le progrès est à ce prix-là ! », et ce que nous essayons de faire au quotidien !