Nous l’avons vu dans mon précédent article, des services santé, inspirés par le concept d’Uber, commencent à voir le jour aux Etats-Unis. Quelle valeur ajoutée pour ses services s’ils étaient implémentés en France et pour quels résultats ?
« Uberiser » la santé, est-ce si nouveau ?
Petit rappel, les premiers services « uberisés » de santé tournent autour de 2 réalités :
- un « docteur » (à comprendre comme professionnel de santé) à la maison ;
- un « docteur » en ligne qui réalise une consultation, voire une prescription, ou vous oriente vers un service physique. Certaines options se font par téléphone, d’autres par visio.
J’entends déjà les plus sarcastiques d’entre nous dire que tout cela n’a rien de nouveau et que de leur temps tout médecin digne de ce nom réservait une plage de son agenda aux visites à domicile pour suivre ses patients. Et puis bon cette offre n’est après tout rien de plus ni moins que le service proposé par SOS Médecins…
Oui peut être mais :
- la composante digitale / soin à distance / télémédecine et le triage ne font pas partie de la proposition de valeur de SOS Médecins aujourd’hui
- le patient n’a pas voix au chapitre sur le choix du médecin (par exemple celui qui est venu la dernière fois) ou de la plage horaire.
Bon pour avoir testé le service plusieurs fois, les délais sont raisonnables et un médecin à domicile pour soigner un enfant à 10h du soir c’est priceless comme dirait la pub…mais là n’est pas la question…
Docteur hUBERt, la solution pour réguler les dépenses de santé ?
Bon, tout ça à l’air très chouette, mais ne va certainement pas sans poser quelques questions de mise en œuvre, éthique, voire déontologiques pour certaines, en France en tous cas :
- la création d’une médecine à deux vitesses ? le temps de visite à domicile est plus long pour le professionnel de santé (déplacement). Comment sera valorisé ce temps ? Les consultations seront certainement plus couteuses qu’en cabinet.
- la nécessaire reconnaissance des actes de médecine à distance et notamment la possibilité pour les professionnels de santé de facturer une consultation à distance et le cas échéant de rédiger une ordonnance
- le statut des professionnels de santé salariés ou libéraux dans le cadre de cette organisation
- les éléments liés à la recommandation par les pairs des professionnels de santé
- Par ailleurs, peut réellement garantir en toute circonstance que l’examen clinique ne nécessite pas de présence physique (par ex palpation ?). Sinon, comment contrôler les abus ?
Enfin, le recul n’est pas suffisant aux Etats-Unis à ce jour, mais nous avons aussi peut être là une formidable opportunité potentiellement d’optimiser les ressources de santé, par un échange de « triage » avec un professionnel de santé, qui se transforme en téléconsultation si besoin et une visite à domicile déclenchée uniquement si c’est nécessaire. Concrètement cela pourrait permettre : un désengorgement des services d’urgence, un nombre de consultation réduit (par l’opération de triage), une meilleure utilisation des compétences : favoriser le retour à l’activité de professionnels de santé à temps partiel (versus un arrêt de l’activité).
Alors ce Dr hUBERt, on vote pour ou on vote contre ?
Fabienne.
crédit photo : © Marijus
Mes centres d’intérêts : le télésuivi des pathologies chroniques, les devices connectés médicaux ou non, les applications de prévention, wellness et télésuivi, les programmes d’évaluation et de certification de ces domaines en France et à l’international, l’innovation (robotique, nanotechnologies, nouveaux usages, etc.).