La virtualisation est dans l'air du temps, boostée entre autres par le succès des projets de transformations sur serveurs virtuels. Aujourd'hui la virtualisation ne concerne plus que les services de base, mais peut aussi fournir des réponses aux solutions critiques (PCA/PRA) ou concerner les applications sensibles et leur forte contrainte en SLA et DICP.
Coté éditeurs on sent à présent poindre 3 lignes directrices :
- étoffer/enrichir les produits phares
- remporter le marché de la virtualisation du poste client
- se positionner sur celui naissant du cloud computing
Premièrement, il y a la volonté de renforcer les produits existants par de nouvelles fonctionnalités, en allant plus loin dans la gestion et l'intégration du virtuel au sein du Datacenter.
Intégration de composantes réseaux, nouvelles fonctionnalités de gestion transverse des outils d'administration centralisés où l'on ne fait plus de différence entre gestion du physique et du virtuel, outils de conversion P2V/V2V plus robustes, sauvegardes plus adaptées au monde virtuel. Ensuite on note la volonté d'élargir les gammes en proposant des solutions de virtualisation de bout en bout : serveur, postes, et applications. En effet, fournir des solutions plus globales pouvant répondre à tous les besoins de virtualisation est encore la meilleure façon de fermer la porte à la concurrence!
Virtualiser le poste client est le second challenge que se fixent les éditeurs, même si la bataille coté serveurs est loin d'être terminée.
Tous les éditeurs se battent aujourd'hui à grands renforts d'avancées technologiques issus des divers rachats ou développements autour du VDI. VDI is the place to be!
Le marché est en fait juteux, car peu d'entreprises ont passé le cap de la virtualisation globale de postes utilisateurs. Les plus entreprenants ont depuis longtemps migrés vers des infrastructures TS/Citrix Xenapp, avec les contraintes que l'ont connait, mais la libération du poste client viendra surement avec le VDI, en mariant les avantages de la virtualisation avec le concept de poste personnel.
Coté évangélisation, le discours est prometteur "apporter la même expérience à l'utilisateur avec un poste virtuel qu'avec un poste classique", voire un peu trop; en n'avançant que les cotés positifs et en taisant les contraintes type volumétrie du stockage, liens réseaux, expérience utilisateur sur du contenu riche, ou big bang nécessaire coté gestion du poste utilisateur.
Il est également regrettable que des raccourcis dignes de slogans publicitaires entachent certaines présentations : "avec le VDI, vous allez migrer facilement en Windows Seven", "depuis qu'il est passé au VDI, notre client à eu 80% d'appels en moins au support"...On aurait aimé un peu plus d'analyse sur ce type de retours.
Mais le public répond présent aujourd'hui, et les conférences sur la virtualisation de poste attirent du monde. Contrairement à celles sur la virtualisation d'applications qui pourtant sont ,pour ma part, indissociables pour une vue cohérente et transverse de la virtualisation d'un environnement utilisateur.
La virtualisation des infrastructures embarquant avec elles de puissants outils de gestion, création, déplacement, optimisation, les éditeurs s'orientent de plus en plus vers des conceptions d'infrastructure dynamique : le "On Demand", premier pas vers le cloud computing!
Ici encore, le public est attentif à cette nouvelle tendance, mais sans trop en saisir les subtilités. En effet, virtualiser un serveur, un pc une application, on peut se le représenter facilement, projeter et modéliser son SI en tant que fourniture de service de ressources est une autre histoire.
Il faut en fait avoir deux niveaux de lecture.
Coté entreprise et informatique interne, la gestion et évolution des datacenters passant à la moulinette virtualisation se nomme à présent le cloud interne. Vaste concept marketing visant à rénover l'image du concept du datacenter classique, même si je suis en accord avec les progrès importants apportés par les nouvelles technologies actuelles.
Les éditeurs et constructeurs actuels fournissent donc des produits permettant de mettre en œuvre des solutions d'hébergement efficaces, robustes et versatiles. Ce sont ces infrastructures que des prestataires utiliseront pour fournir un service de ressources (applicatifs, machines...) via le cloud computing. Le cloud public est à ce titre une réelle évolution dans les façons de concevoir le SI: où après avoir externaliser ses machines sur des datacenters exploités par des prestataires, on dématérialise complètement la notion de propriété pour louer de l'espace, de la puissance, des applications, en résumé du service.
Dernier aspect qui commence à être abordé, le Green IT (merci au Grenelle de l'Environnement). Même si l'on sent que ce n'est pas encore un axe principal, les différentes présentations ont au moins intégré quelques arguments significatifs (gain en consommation électrique jusqu'à 80% en datacenter avec la virtualisation), mais on ne parle toujours pas des problèmes grandissants du recyclage du matériel informatique.
Patrice Boukobza