Même si le cloud computing ne constitue pas une révolution technologique, les usages et les modes de consommation qu'il libère vont provoquer de profonds changements dans le monde des services informatiques. L'impact est tel qu'il va falloir que les acteurs de cette industrie s'adaptent rapidement à la nouvelle donne.
Dans son ouvrage "Crossing the Chasm" (Franchir le gouffre) Geoffrey Moore décortiquait le processus d'adoption des nouvelles technologies. Un best-seller des années 90 toujours d'actualité. Le cloud n'échappe pas à l'analyse.
dans les pas de Ned Ludd
L'adoption des technologies innovantes provoque toujours des résistances. Toute l'histoire de l'innovation le démontre. C'est ce qui a conduit des tondeurs de drap et des tricoteurs de métier à bras à détruire les premières machines à tisser. L'introduction de ces machines constituait une menace évidente pour l'emploi d'une main d'œuvre qualifiée. C'est un héros imaginaire, Ned Ludd, qui a donné son nom au mouvement des briseurs de machines. Et partant de là, à tout opposant aux nouvelles technologies.
Bien avant Ned Ludd, c'est l'introduction de la pomme de terre qui avait dû faire face à des détracteurs. On soupçonnait, entre autres turpitudes, la tubercule de propager la lèpre ! Il fallut attendre plus d'un siècle après son arrivée en France, les stratagèmes de Parmentier pour imposer enfin notre patate, devenue depuis sujet de fierté nationale. Vive les "French fries" !
qui sont les luddites du cloud ?
Le cloud computing connaît, lui aussi, ses luddites. Mais la violence des conflits de la révolution industrielle n'est plus de mise. On imagine difficilement des commandos de consultants informatiques organisant des raids nocturnes pour aller briser les machines à tisser l'information au sein de leurs datacenters. Histoire de tuer le serpent dans l'œuf !
La main d'œuvre ultra qualifiée des informaticiens a beaucoup plus à gagner avec le cloud computing qu'à y perdre. Et les datacenters sont de véritables citadelles. Difficile d'y pénétrer même avec une autorisation. Les serveurs sont bien protégés dans des enceintes hautement sécurisées et conçues pour empêcher toute intrusion et prévenir toute défaillance physique.
comment reconnaître un luddite du cloud ?
Les détracteurs du cloud sont actifs. Ils cuisinent le dénigrement habituel en mélangeant les ingrédients classiques : incertitude, doute et peur.
- le luddite déteste l'incertitude mais adore douter
Principalement de la pérennité du cloud computing... Le cloud ne serait qu'une mode.
Douter de la pérennité du cloud, c'est faire mentir non seulement les prévisions marché (tout le monde peut se tromper et l'avenir n'est pas gravé dans le marbre), mais surtout la réalité du terrain. S'il y a une certitude à avoir dans ce débat, c'est bien que le cloud est là pour durer. Ses bénéfices sont tels qu'il n'est pas question de revenir en arrière. Le grand public constitue le meilleur rempart. Essayez d'expliquer à un utilisateur qu'il n'a plus besoin de synchroniser ses contacts entre son PC et son smartphone car ce n'était qu'une tendance technologique du moment.
- le luddite fait peur
Si l'incertitude et le doute ne suffisent pas, le luddite sort alors l'artillerie lourde : quid de la sécurité ? Vous ne savez pas où sont vos données, elles ne sont pas en sécurité, n'importe qui peut les consulter…
Qui est le plus à même de sécuriser vos données ? Un opérateur cloud qui a investi des millions et sécurisé les données à tous les niveaux (physique, logique et opérationnel) ou la PME du coin dont ce n'est pas le métier ? Ne confions-nous pas notre argent à notre banquier ? Parce que nos économies y sont plus en sécurité que sous une pile de draps dans notre armoire. Même si nous nous demandons ces derniers temps ce que notre banque fait de nos économies... Mais ça, c'est une autre histoire.
- le luddite du cloud est mal en point
En fait les luddites ont déserté le cloud computing. Du rang de briseurs de machines, ils sont passés à celui de "laggards" : les trainards.
Je fais à nouveau référence à l'analyse de Geoffrey Moore. Les "laggards" sont les derniers à rallier l'innovation, et uniquement lorsqu'ils y sont contraints et forcés. Une étude récente d'IDC (Voir article sur le site d'Eurocloud) nous apprend que la France compte seulement 7% de réfractaires qui n'envisagent pas aujourd'hui d'adopter de services cloud.
Avec un taux de pénétration prévisible de 93%, le gouffre des technologies "effet de mode" ou sans avenir est bien derrière nous. Et les luddites sont partis combattre d'autres innovations.
Martine
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Au contact quotidien des partenaires IT je partage leurs enthousiasmes et leurs réserves dans ce modèle de distribution que le Cloud computing nous propose. Spécialiste des canaux indirects à haute valeur ajoutée, j'ai, une partie de ma carrière, accompagné des VARs, revendeurs, intégrateurs, distributeurs pour le compte de constructeurs ou d'éditeurs.
L'écosystème IT est confronté aujourd’hui à un bouleversement qui va bien au-delà des aspects technologiques. C'est un nouveau modèle économique qui se dessine et auquel il faut s'adapter. C'est cette chevauchée du tigre que je vous propose de partager.