Quelques années après l’introduction du cloud computing d’infrastructure (IaaS) dans nos méthodes de travail, j’ai pensé qu’il serait intéressant de faire le point avec Christian Eychene, VP Orange cloud Transformation chez Orange cloud for Business, pour voir le chemin parcouru à l’intérieur même du groupe Orange qui dispose de l’une des plus grandes DSI d’Europe. Son expérience peut servir de modèle pour tous ceux qui se posent la question des impacts du cloud computing.
La transformation par le cloud computing des grandes DSI est un sujet passionnant que j’ai découvert il y a quelques années en compagnie de Christian Eychene, VP Orange cloud Transformation chez Orange cloud for Business, et de mes collègues d’Orange Cloud for Business. Leur objectif était justement d’accompagner l’opérateur dans cette transition.
On pourrait probablement croire qu’il s’agit là d’un phénomène uniquement technique, comme nous en avons connu tant depuis les années 80 et la progressive disparition des mainframes, mais il n’en est rien. Certes, le domaine est technique, on ne peut le nier. Toutefois, le changement qu’il apporte dans nos organisations va bien au-delà de cet aspect informatique : il est plus profond, il touche les organisations, les modes de travail et enfin, la finalité même des directions informatiques.
Le Groupe Orange dispose de l’une des plus grandes DSI d’Europe. Quelles sont ses spécificités ?
Christian Eychene : Cette DSI n'est pas seulement limitée au système d'information, elle gère également les plateformes et applicatifs qui sous-tendent les services que le groupe commercialise, comme les Livebox ou la télévision sur ADSL, mais aussi les services de messagerie enrichie, de collaboration, etc. Cela concerne de plus en plus de fonctions classiques de l’opérateur qui se transforment peu à peu en logiciels et qui s'exécutent sur des serveurs.
Comment le travail de transformation par le cloud computing a commencé ?
Christian Eychene : Cela a commencé il y a quatre ans par la recherche de solutions pour opérer une transformation en profondeur dans notre façon d’aborder l’informatique. Nous avons réellement démarré ce processus il y a trois ans avec une première expérience concrète de passage sur le cloud en interne avec des équipes volontaires qui cherchaient à évaluer les bénéfices du cloud. La seconde étape fut la vente proprement dite de ce service de cloud computing en interne, avec des engagements de service et des applications en production, il y a environ deux ans.
Quels étaient les besoins ?
Christian Eychene : Nous avons constaté qu’il existe trois grands types d’utilisateurs : les utilisateurs ayant besoin de réponses à des problèmes précis, ceux qui ont un besoin d’infrastructures agiles, et enfin ceux qui souhaitent ré-internaliser leur cloud.
Le premier groupe est composé de ces directions informatiques utilisatrices qui cherchent des réponses à des problèmes ciblés. C’était le cas d’Orange Horizons, l’entité du groupe chargée du développement commercial de l’opérateur dans les pays où il n’est pas directement présent.
Orange Horizons était alors une activité en cours de création, qui cherchait une solution pour son informatique qui ne l’engage pas sur des dépenses immédiates importantes. Elle devait également être capable de l'accompagner à la hausse comme à la baisse en fonction de son activité. Enfin, elle devait être entièrement disponible en mode “à la consommation” (‘As a Service’ en anglais), tout en permettant d’héberger des applications dernier cri. Orange Horizons cherchait en effet une infrastructure flexible et a opté naturellement pour l'offre que nous commencions à proposer et qui correspondait parfaitement à son modèle économique ».
Un exemple de développement d’infrastructure agile ?
Christian Eychene : Le deuxième type d'utilisateurs regroupe les entreprises déjà installées qui cherchent à développer des infrastructures plus agiles. L'enjeu était de cloner des applications (notamment la gestion des livebox) qui existent déjà en France, mais dont le lien avec l'infrastructure compliquait l’utilisation de l’application dans d'autres pays. Il a donc fallu trouver une solution pour cloner cette application en sortant de l'infrastructure du pays utilisateur. Nous avons ainsi créé une offre de services dissociant totalement la livraison de l'infrastructure de la livraison du projet. En effet, à chaque fois qu’un produit est livré, il est accompagné par la mise en place d’une infrastructure, de manière liée et simultanée. Cela permet de gérer les projets indépendamment de l'infrastructure et c'est exactement ce dont ce type de clients avait besoin pour pouvoir se développer. Voilà donc un exemple de première application grandeur réelle développée sur le cloud en interne pour le groupe.
Vous avez parlé des clients qui souhaitent ré-internaliser leur cloud
Christian Eychene : C’est le troisième type d'utilisateurs. Il regroupe les utilisateurs déjà présents sur le cloud en externe, et qui souhaitaient le réintégrer en interne. En termes de volumes, c'est encore anecdotique car nous n’avons pas beaucoup d'applications présentes sur le cloud, hébergées par d’autres prestataires, mais certaines équipes ont voulu éviter de travailler sur des solutions extérieures et ont naturellement opté pour notre solution. Ce qui est intéressant avec ces utilisateurs, c’est qu’ils sont déjà acquis au principe même du cloud. Ainsi, il ne leur a fallu que quelques semaines pour basculer la totalité de leurs applications des solutions externes vers nos solutions internes.
Propos recueillis par Yann Gourvennec
crédit photo : © Seamartini Graphics
Je suis spécialiste en systèmes d'information, marketing de la highTech et Web marketing. Je suis auteur et contributeur de nombreux ouvrages et Directeur Général de Visionary Marketing. A ce titre, je contribue régulièrement sur ce blog pour le compte d'Orange Business sur les sujets du cloud computing et du stockage dans le cloud.