Le poste de travail tel qu’il existe aujourd’hui sous la forme d’un bloc monolithique intégrant le matériel et son OS, les logiciels installés, la personnalisation de l’environnement et les données est un mode de fonctionnement du passé dont les avantages initiaux forment la complexité d’aujourd’hui (coûts d’exploitation, rigidité, difficultés d’évolution, historique de Microsoft dans cet environnement).
Ainsi la migration de Windows XP à Windows 7 engendre des coûts qui sont probablement sans commune mesure avec les bénéfices engendrés en termes de gain métiers pour les utilisateurs. Et l’on évoque une disponibilité de Windows 8 pour 2012…
les entreprises sont toutes confrontées au même problème
Les entreprises sont toutes confrontées au même problème : comment réduire le coût de possession tout en adressant la multiplicité naissante des types de postes de travail représentée par les tablettes et autres smartphones par essence hétérogènes en termes d’environnement (facteur de forme, OS, application stores, …) ?
La consumérisation des différents types de postes de travail (tablettes, smartphones, renaissance d’Apple), les progrès des modes de connexions sans fil (UMTS, HSDPA, LTE) et leur disponibilité, l’intégration dans l’entreprise des jeunes générations (Génération Y) consommant de l’informatique depuis leur plus jeune âge, les évolutions majeures des technologies Web, l’explosion de « l’informatique as a Service » et la disponibilité de plus en plus de logiciels en ligne imposent nécessairement une révision de la notion de « poste de travail » :
- Ce dont un utilisateur a besoin, c’est accéder à ses applications, ses données et la personnalisation de son bureau partout où il se trouve (ANY TIME, ANYWHERE). Ces notions correspondent à son « environnement de travail » et finalement peu importe le matériel pour y accéder (ANY DEVICE), toute la valeur et le capital de l’entreprise sont dans le contenu. Celui-ci est jusqu’à aujourd’hui présenté à l’utilisateur majoritairement au travers d’un bureau Microsoft Windows duquel sa productivité dépend.
- Par ailleurs, l’entreprise dispose d’un patrimoine applicatif (anciennes applications client/server, applications locales au poste dont de très nombreuses macros Excel, applications Web tellement fortement liées à une version précise d’une « marque » de navigateur qu’on devrait plutôt les appeler « applications navigateurs ») et d’un savoir faire en termes de gestion de tout cet environnement (annuaires évolués, gestion des droits et de la sécurité, gestion des déploiements, etc…) historiquement très liés à Microsoft depuis 25 ans et dont il est difficile d’imaginer s’en affranchir simplement parce que de nouveaux modes apparaissent sur le marché.
un « big bang » représenté par la mise en place immédiate de nouvelles technologies
Le futur poste de travail doit nécessairement prendre en compte toutes ces contraintes. Son évolution ne peut donc être que progressive. Un « big bang » représenté par la mise en place immédiate de nouvelles technologies généralement orientées Web, bien que répondant clairement à ces nouvelles contraintes, n’est pas envisageable à plusieurs titres :
- Tout d’abord les dizaines de milliers d’utilisateurs des entreprises sont aujourd’hui tellement habitués à leur environnement de travail actuel qu’il serait illusoire de leur imposer du jour au lendemain un environnement différent
- La perte de productivité globale que ce changement radical imposerait ne saurait être supportée par aucune entreprise
- Le legacy (patrimoine applicatif existant) ne peut être ignoré et doit pouvoir encore fonctionner pendant de nombreuses années
- Toute l’exploitation et la gestion de la sécurité ne peut être modifiée profondément sans conséquences
- Enfin toute nouvelle technologie doit avoir démontré sa robustesse à tous les niveaux, y compris réseau et SLA applicatif, avant d’être mise en œuvre en direct auprès de milliers d’utilisateurs
la virtualisation : la forme la plus aboutie du nouvel environnement de travail
La(es) virtualisation(s) des différentes composantes du poste de travail actuel (matériel, OS, applications, données, personnalisation) est la forme la plus aboutie du nouvel environnement de travail permettant de concilier en douceur nouveaux besoins et nouveaux usages avec le monde existant de l’entreprise tout en préparant l’avenir. La combinaison de ces différentes techniques de virtualisation permet ainsi dès aujourd’hui:
- De préserver le patrimoine applicatif dans son intégralité
- De le présenter en toute sécurité aux utilisateurs dans l’environnement et le matériel de leur choix : Windows, MacOS, Linux, iOS, Androïd, Webos, PC, Mac, tablettes, smartphones avec suivant les cas possibilité de fonctionnement en mode déconnecté (essentiellement pour la messagerie et les applications de type Office)
- De le fournir sous forme de ce qu’il est désormais convenu d’appeler un Application Store d’entreprise incluant self-service provisioning, workflow d’approbation managériale si nécessaire, gestion des licences, billing, …
- De ne pas créer de silos d’ingénierie et d’exploitation dédiés à chaque mode de fonctionnement qui engendreraient des coûts prohibitifs pour l’entreprise mais d’homogénéiser le delivery de l’environnement de travail utilisateur quelque soit son mode de consommation
Basée sur des technologies robustes qui ont fait leur preuve dans les entreprises, la virtualisation des composants du poste actuel est la solution la plus efficace actuellement pour simultanément commencer à sortir du concept « poste lourd » traditionnel et supporter dès maintenant les nouveaux usages.
Au même titre qu’on ne parle plus depuis de nombreuses années de « poste de télévision » (l’appareil) mais simplement de « télévision » (le contenu que l’on peut consommer sur un « poste » ou via Internet), le poste de travail du futur passe donc par cette phase de transition douce indispensable que constituent « les virtualisations » des contenus du poste actuel. Elle constitue à ce titre une évolution moins radicale vers de nouveaux modes très prometteurs dont les initiatives Open Source et les travaux du W3C, en particulier HTML5, font indéniablement partie.
Hervé Leroux
Hervé Leroux, est directeur solutions IT chez Orange Cloud for Business, filiale dédiée au Cloud Computing d'Orange Business.
De formation ingénieur en électronique, il occupe différentes responsabilités technico-commerciales et marketing au sein des filiales françaises d'Oracle, Sybase et OpenVision, avant d'émigrer aux Etats-Unis pour y démarrer l'activité américaine de Cyrano, éditeur français de solutions de tests logiciels. De retour en France, il participe à la création d'un des pionniers des portails d'entreprise, Mediapps, avant de rejoindre Neocles (filiale d'Orange Business) comme directeur marketing puis Orange Cloud for Business