Très souvent, dans les phases d'avant-vente et de mise en œuvre d'un projet de virtualisation ; qu'il touche aussi bien la consolidation des serveurs que la centralisation de l'environnement utilisateur, on se focalise sur les aspects techniques du projet en mettant de coté tous les aspects organisationnels. Il est évident qu'une bonne mise en œuvre technique va conditionner le succès du projet ; mais l'expérience me montre que si en parallèle du projet technologique, une nouvelle manière de travailler avec les infrastructures virtualisée n'est pas mise en œuvre, on ne saura pas tirer toute la quintessence de la nouvelle infrastructure mise en place.
Un constat simple : la mise en œuvre d'un environnement virtualisé se heurte à une organisation traditionnelle de l'IT.
Quoiqu'on en dise, la virtualisation de tout ou partie d'un système d'information amène un nouveau paradigme et une redéfinition des métiers de l'IT. Par exemple, un système d'exploitation dans une machine virtuelle, du point de vue de l'administrateur de l'environnement virtualisé, est considéré comme une ... application contenant lui-même n applications. Du point de vue de l'administrateur du stockage ou de celui du réseau, il y a une réelle difficulté à corréler les ressources affectées aux machines virtuelles avec la réalité physique ; sur quel port de mon switch physique est connectée ma machine virtuelle?
Dans le registre de l'administration du datacenter, on se heurte aussi à de nouvelles problématiques ; non pas techniques mais organisationnelles. Dans les grosses organisations, les équipes IT sont séparées par pôles de compétences. Une équipe est dédiée stockage, l'autre réseau, une pour les OS de type Unix, l'autre pour les OS de type Windows, une équipe sécurité, etc... Avec l'arrivée de la virtualisation, on voit arriver une équipe dédiée à la gestion des systèmes virtualisés (souvent un spin off des équipes systèmes). A la mise en œuvre de l'infrastructure virtualisée, chacune des équipes, bonnant-malant provisionne les ressources pour démarrer la nouvelle infrastructure. C'est à ce stade que les premières difficultés commencent :
- La sécurité : A quoi correspondent tous ces ports à ouvrir ?; Vous devez absolument monter une infrastructure virtualisée par DMZ ; etc...
- Le réseau : Ca y est les serveurs hyperviseurs sont dans le bon LAN. Pourquoi est-ce que je n'ai pas de visibilité sur le trafic des machines virtuelles ?; pourquoi je n'ai pas la main sur la partie du réseau qui est virtualisée ?, etc...
- L'équipe système : C'est nous qui avons la main sur les hyperviseurs ; il est hors de question de donner les droits d'administration aux équipes réseaux, sécu, stockage, etc. Ils n'ont qu'à nous mettre les bonnes ressources à disposition.
- Le chef de projet : On va traiter cela au prochain COPIL. Pendant ce temps là, rien n'avance.
Je vous garantie, pour l'avoir vécu plusieurs fois, qu'il n'y a malheureusement aucune exagération de ma part ; et on n'est pas encore dans la phase de RUN avec les Change request.
Un constat simple, la mise en œuvre d'un environnement virtualisé se heurte à une organisation traditionnelle de l'IT. Alors bien sûr, au final cela fonctionne, mais sans en dégager la pleine quintessence. Souvent, les problèmes liés à l'organisation sont un frein à l'obtention d'un véritable ROI.
Changer sa gouvernance pour tirer la pleine potentialité de son infrastructure virtualisée.
A mon sens, il est aussi important d'analyser l'impact de son organisation sur la mise en œuvre d'un système virtualisé que de surveiller les jalons techniques du projet. L'expérience me montre que pour être plus efficient et bien gérer un système virtualisé, il faut mettre en place une équipe transverse multi-compétences, sachant adresser le stockage, les problématiques de sécurité, les OS, le réseau, le computing, etc. La mise en place d'un système virtualisé passe par TOUTES ces compétences. Au-delà de ça, lorsqu'on met en place un système de virtualisation et qu'on l'administre, il est nécessaire d'avoir constamment une vision globale de son système d'information.
C'est en sachant se réorganiser dans leur mode de fonctionnement ; c'est en décloisonnant, que les équipes IT sauront tirer la pleine potentialité de leur infrastructure virtualisée.