En tant qu’infrastructure, le Cloud a besoin de l’intelligence artificielle pour traiter la masse des données qu’il véhicule. Qui dit intelligence artificielle dit aussi parfois angoisse d’un monde où la machine dominerait l’homme. Certes, la menace existe et des gardes fous doivent être posés. Mais le Cloud et l’AI représentent aussi et avant tout une formidable opportunité au service du progrès humain. Points de vue d’experts exprimés en ouverture de la Cloud Week.
Savez-vous que doté d’un Smartphone, un Masaï, au fin fond de l’Afrique, dispose potentiellement d’autant d’informations aujourd’hui que le Président des Etats-Unis il y a 30 ans ? C’est le Dr Zak Allal qui l’affirme. Ce jeune prodige, pianiste virtuose, médecin, entrepreneur, et représentant en France, à seulement 27 ans, de l’Université de la Singularité (un organisme soutenu par Google pour mettre la technologie au service de l’humanité) intervenait en conclusion de la conférence des visionnaires qui inaugurait la première édition parisienne de la Cloud Week.
Le cloud philosophe
En d’autres termes, loin de nous asservir, le Cloud et l'intelligence artificielle constituent un formidable outil de progrès, d’émancipation et d’ouverture au monde. A condition de les manier avec… intelligence. C’est en substance le message qu’a martelé Zak Allal, déplorant « l’absence d’un débat profond consacré aux technologies et à leur impact sur le monde, qui ne relève pas soit d’un techno-utopisme, soit d’un techno-fanatisme ». Un appel à aborder le monde et les technologies avec « l’intelligence de ce qui est» et saisir » [notre] temps dans la pensée », comme l’a souligné l’essayiste Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale, qui intervenait aux côtés de Zak Allal, faisant ainsi écho au philosophe Hegel.
Un appel que des acteurs de l’intelligence artificielle comme Elon Musk ont manifestement entendu, si ce n’est devancé. L’industriel dépense aujourd’hui sans compter pour garder « l’IA fiable et bénéfique, (…), aligné avec les valeurs humaines ». Là figure sans doute le principal enjeu. Pour le japonais Chiseki Sagawa, par exemple, Vice-président corporate et directeur du global Software Center de Fujistu, également présent à la séance inaugurale de la Cloud Week, il est indispensable « d’encourager l’harmonie entre les développements numériques et les développements analogiques ». Selon un autre intervenant, Fred Potter, fondateur de Netatmo, société spécialisée dans les objets connectés, « le cloud ne peut être envisagé indépendamment du service rendu aux utilisateurs ». Pour lui, « le cloud, c’est une mémoire et une puissance de calcul infinies au service de notre quotidien. (…). Il doit être conçu selon un modèle précis en réponse à une problématique précise», avec en premier lieu, celle d’améliorer d’abord la vie de tous les jours, puis, si possible, la vie humaine dans son ensemble, à l’échelle individuelle et collective.
Intelligence collective
C’est notamment tout l’enjeu des villes intelligentes. Ici, le Cloud et le Big data sont deux formidables atouts pour renforcer la gestion urbaine. Prenons l’exemple de la voiture individuelle. Dans une ville comme Paris, « 93 % des véhicules sont immobilisés en même temps » soulignait ainsi Jean-Louis Missika, adjoint à la ville de Paris en charge de l’Urbanisme, à l’occasion du récent Digiword Future 2015 organisé par l’Idate. Le résultat de cette immobilisation, ce sont des rues encombrées, des bouchons, du bruit, de la pollution, des dépenses inutiles. Pire, une voiture ne serait concrètement utilisée par son propriétaire que 5 % du temps. En termes d’intelligence pure, on se dit qu’on peut faire mieux. L’avènement de la voiture connectée capable d’éviter les accidents et de s’insérer dans le flux de la circulation transformera bientôt les embouteillages en mauvais souvenir. L’intelligence artificielle permettra de gérer la masse de données nécessaires à ces nouveaux usages routiers. A cet égard, « on parle de ville intelligence parce qu’il faut relier les problèmes entre eux, dans une logique de catalyse, d’intelligence collective » précise Jean-Louis Missika. Dans bien des domaines, cette intelligence collective encourage des modèles économiques basés sur l’usage plutôt que sur la propriété. Le succès de l’Autolib’ ou des champions de l’auto-partage que sont par exemple BlablaCar ou Drivy, annoncent ces mutations.
Une nouvelle empathie
Dans les entreprises aussi, une nouvelle forme d’intelligence est à l’œuvre. La transformation digitale conduit à aborder les enjeux commerciaux avec plus d’acuité, en développant une forme nouvelle d’empathie avec les clients. Parce qu’elle repose sur la donnée, l’économie numérique ne peut se développer sans confiance. Véritable laboratoire de la révolution numérique, le secteur de l’assurance se situe à cet égard en première ligne. Plus que jamais, son modèle économique s’articule autour de la confiance qui unit l’assuré à l’assureur. « Les clients doivent avoir envie de nous confier leur données parce qu’ils savent ce que nous allons en faire » a ainsi martelé Pierre Janin, président d’Axa Banque, en ouverture de la Cloud week. Disant cela, il s’inscrit finalement dans une démarche similaire à celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange qui rappelait lors du Digiworld Future, que «le secret, c’est de se mettre à la place du consommateur». Savoir se mettre à la place de l’autre, voilà probablement l’un des enjeux très humain introduit par le numérique. Ça n’a l’air de rien, mais il faut souvent plus d’intelligence qu’il n’y paraît pour y parvenir.
Joévin
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Journaliste, passionné par le digital, j'ai couvert l’actualité numérique au sein de l’équipe digitale d’Orange Business et accompagné le déploiement du dispositif éditorial appliqué aux blogs et aux réseaux sociaux de l'entreprise.