premiers livrables ETSI concernant la virtualisation de fonctions réseau

Le billet la "cloudification" du réseau annonçait début 2013 le démarrage d’activités de normalisation dans le domaine de la virtualisation du réseau.
Je présente ici les premiers résultats concernant la normalisation menée à l’ETSI (European Telecommunications Standards Institute) sur le sujet de la virtualisation de fonctions réseau.

objectif et bénéfices de la virtualisation de fonctions réseau

L’objectif principal est la mise en œuvre de fonctions logicielles réseau sur une infrastructure virtualisée de type cloud computing, à savoir pouvant fonctionner sur du matériel informatique générique, et pouvant être déplacées, ou instanciées dans divers endroits du réseau selon les besoins des opérateurs, évitant ainsi d’avoir à installer de nouveaux équipements.

Les bénéfices escomptés sont notamment :

  • la réduction du temps de déploiement de nouveaux services réseau,
  • une automatisation plus élevée de la gestion du réseau,
  • une plus grande flexibilité en terme d’utilisation des ressources réseau et
  • des gains en matière de coûts opérationnels et d’investissement sur le matériel réseau.

Bien entendu ces bénéfices doivent être obtenus tout en essayant de maintenir les exigences en matière de disponibilité et de performance préconisées actuellement dans les réseaux de télécommunications.

des travaux internationaux de normalisation menés au sein de lETSI

Janvier 2013 a vu la création par l’ETSI d’un ISG (Industry Specification Group) dénommé NFV (Network Functions Virtualization) pour une période de deux années. Des experts internationaux représentant près de 170 sociétés (opérateurs et industriels) des secteurs des télécommunications et des technologies de l’information   y collaborent pour établir de premières spécifications dans le domaine de la « cloudification » du réseau.

L’ETSI NFV comprend principalement trois groupes d’étude travaillant respectivement sur :

  • l’infrastructure servant de support à la virtualisation des fonctions réseau ;
  • l’architecture logicielle des fonctions de réseau virtuelles;
  • les fonctions de gestion et d’orchestration pour la mise en œuvre de service réseau sur la base de ces fonctions virtuelles.

D’autres groupes d’étude à vocation transverses sont également actifs dans les domaines très importants que sont la performance, la fiabilité ou bien encore la sécurité.

un premier jeu de livrables

Quatre premiers livrables (NFV Group Specifications) fournissant un cadre général pour la suite des travaux ont été publiés par l’ETSI en Octobre 2013. Ce cadre général pour la virtualisation de fonctions réseau couvre le vocabulaire, les cas d’usages principalement visés, les exigences majeures auxquelles se conformer et une première architecture générale de base.

Parmi les cas d’usages répertoriés sont notamment abordés la virtualisation des fonctions de l’IMS (IP multimedia subsystem), de l’EPC (Evolved Packet Core) du réseau mobile ou d’un réseau de livraison de contenus CDN (Content Delivery Network).

Les cas d’usage NFV y sont décrits en utilisant un même canevas traitant de l’intérêt et de la motivation pour le cas d’usage concerné, les objectifs en matière de virtualisation, la coexistence entre fonctions virtuelles et non virtuelles et les principaux problèmes à résoudre.

Concernant le cadre général d’architecture NFV, il fournit un premier niveau de découpe de l’architecture en éléments fonctionnels et points de référence se basant sur les éléments décrits dans la figure ci-après.

Cette architecture est constituée :

  • d’une couche comprenant les fonctions de réseau virtuelles (Virtual Network Function) ;
  • d’une couche d’infrastructure (calcul, stockage et réseau) dans laquelle les fonctions seront éxécutées ;
  • une couche transverse pour la gestion et l’orchestration

 

suite des travaux et perspectives

Les travaux au sein de l’ETSI NFV se poursuivent actuellement de manière à développer de manière plus détaillée les éléments d’architecture identifiés dans le cadre général d’architecture et d’identifier les exigences fonctionnelles à remplir par les éléments de cette architecture. L’ETSI NFV a également démarré des travaux visant à identifier les normes et les initiatives open source (existantes ou émergentes) susceptibles de servir à la mise en œuvre de ce cadre architectural du point de vue de son implémentation. Il s’agira en effet d’effectuer une analyse de l'écart entre ces normes et les exigences NFV devant être remplies, puis d'identifier les évolutions souhaitées pour ces normes le cas échéant.

 

Olivier Le Grand

En  collaboration avec Jamil Chawki

crédit photo : © jules - Fotolia.com
 

Olivier Le Grand

J'assure, depuis 2010, la coordination des activités de normalisation relative aux réseaux du futur au sein d’Orange Labs. Impliqué activement dans les travaux de normalisation du cloud, je suis depuis 2012 éditeur de la future norme concernant l’architecture du cloud menée conjointement par l’UIT-T et l’ISO/IEC JTC1.
De 2008 à 2012, j'ai présidé le groupe de travail de l’UIT-T relatif à la définition d’architectures pour les réseaux de nouvelle génération et IPTV.
J'ai travaillé pendant 10 ans dans le domaine des architectures de commande pour les réseaux à haut débit au sein d'Orange.