On a tellement répété qu'il n'y avait pas de différences entre l'administration d'un serveur physique et d'une machine virtuelle (ce qui est vrai dans l'absolu) qu'on pourrait penser qu'on administre un datacenter virtualisé de la même manière qu'un environnement physique.
En suivant ce mode de réflexion, on tombe dans le premier piège de la virtualisation. Il est indispensable, surtout pour les gros projets de virtualisation, de repenser les usages (workflows, modes opératoires) et de repositionner les différentes compétences des métiers de l'IT afin qu'ils délivrent le meilleur de leur savoir faire sur ces nouvelles technologies.
Les usages
Il est vrai que la virtualisation amène une réelle et quantifiable simplification dans l'exploitation récurrente de l'infrastructure. L'exemple le plus frappant est celui du déploiement des machines virtuelles à partir d'un template. En quelques minutes, et en 5 clicks de souris, on déploie un nouveau serveur (virtuel), opérationnel et compliant avec les standards de l'entreprise.
Cette fonctionnalité, facile à mettre en œuvre, illustre tous les pièges de l'environnement virtuel... C'est tellement simple, que tout le monde peux le faire... sans réfléchir ; et avec le risque de se retrouver au bout de 6 mois, avec une saturation de l'infrastructure par un nombre trop important de machines ; générées si simplement.
Dès le départ, en amont de la mise en place de l'infrastructure virtuelle, il est indispensable d'auditer les modes opératoires et de les adapter à la nouvelle infrastructure. Dans notre exemple, il faut soit mettre en place un workflow de demande de création de machine virtuelle avec un circuit de validation permettant le commissionnement de la ressource. Dans le même état d'esprit, il peut être intéressant de mettre en œuvre des dates de décommissionnement (renouvelable) pour les machines de tests afin de limiter la « pollution ».
En tout état de cause, on s'aperçoit que pour que la nouvelle infrastructure virtuelle puisse délivrer tout son potentiel, les process doivent être adaptés aux nouveaux outils. Cette démarche s'applique aussi aux métiers.
Les métiers
De part sa nature très centralisée, la virtualisation amène une dichotomie des rôles au sein des organisations informatiques. Les administrateurs de l'environnement virtuel se retrouvent à administrer du système (VMs), du réseau (Vswitchs), du stockage (Datastore) et de la ressource serveurs ; tandis que les administrateurs réseaux et stockage ne savent pas ce qu'il se passe dans l'environnement virtuel, n'ayant pas de visibilité dessus. Très souvent, de par la segmentation des équipes, il y a beaucoup d'opérations de maintenances et d'évolution du système d'information qui deviennent contre-productives voir qui génèrent des effets négatifs et bloquant. N'a-t-on jamais vu les équipes réseaux ou sécurités arrêter des projets déjà bien avancés par manque d'informations (communication) sur la future architecture.
Plus qu'ailleurs, lors de la mise en œuvre d'une infrastructure virtuelle, il convient de repenser les rôles et les positionnements des métiers dans l'infrastructure. Il faut repenser de nouvelles organisations transverses où les acteurs de l'IT doivent travailler différemment.
A mon sens, la virtualisation permet justement aux administrateurs, ingénieurs, architecte de pouvoir se repositionner sur la vrai valeur de leur activité ; l'ingénieurie et la conception. Dans la mesure où la mise en œuvre d'une infrastructure virtualisée permet des gains quantifiables sur les tâches d'administrations récurrente (déploiements, mises à jours) en industrialisant les process ; les intervenants informatiques ont à nouveau l'opportunité de ce concentrer sur des actions génératrices de valeur pour l'entreprise (rationalisation des process et des flux, propositions d'outils pour développer le business, améliorations de l'existant, ...).
On constate qu'un projet de virtualisation prend toute sa valeur à partir du moment où on sait aller au-delà de la mise en œuvre technique et qu'on sait repenser les usages et les métiers au sein de la DSI.
En amont de l'intégration technique, pour que le projet soit un succès plein et entier, le premier chantier à mener est d'auditer comment le SI est administrer et de modéliser les changements à opérer dans les usages et les métiers.