Le Bitcoin comme précurseur
Pendant 10 ans, la plus célèbre des cryptomonnaies a volé de records en records. Depuis 2009 où une simple pizza valait 10000 bitcoins, jusqu’en 2017 où la capitalisation de cette monnaie a bondi pour atteindre 330 milliards de dollars, soit un montant supérieur au PIB d’un pays comme l’Afrique du Sud.
Au cours de sa courte histoire, ce sont déjà 300 millions de transactions qui ont été réalisées et répertoriées dans un registre distribué. Ce registre est composé de 500 000 blocs assemblés à grand renfort de calcul (proof of work) par le plus vaste réseau de « mineurs » au monde. En 10 ans la Blockchain Bitcoin n’a jamais été piratée, ce qui en a fait le système de paiement le plus fiable au monde. Même le réseau interbancaire SWIFT ne peut pas en dire autant.
Et pourtant malgré tous ces succès, le bitcoin reste fragile et soumis à de nombreuses turbulences, comme en témoigne sa valeur qui a été divisée par 3 depuis le début de l’année.
Et à y regarder de plus près, le Bitcoin porte dans sa conception-même plusieurs limitations techniques qui ont rendu nécessaire l’apparition de nombreuses cryptomonnaies alternatives. On peut citer Litecoin qui a testé une version adaptée de la « proof of work », ou encore la monnaie Dash qui apporte au bitcoin la couche d’anonymisation qui lui manque. Mais c’est surtout en 2015, avec Ethereum et l’utilisation des smart contracts (des contrats informatiques qui s’exécutent automatiquement) que la technologie Blockchain est entrée dans sa version 2.0.
L’Ethereum comme accélérateur
Grâce à Ethereum, la Blockchain sort enfin du domaine de la cryptomonnaie qui lui colle à la peau. Elle vient coloniser tous les secteurs d’activité : la logistique, la sécurité, les tiers de confiance, l’énergie…
Ethereum est un projet de société qui ambitionne de tout décentraliser : du web avec les Dapp (applications décentralisées) jusqu’aux organisations avec les DAO (Distributed Autonomous Organisation) qui sont des sociétés régies par des smart contracts.
Avec cette nouvelle vague, les entreprises se mettent peu à peu à la Blockchain en créant leurs propres déclinaisons de la technologie comme IBM avec Hyperledger ou à travers des consortiums regroupant plus de 200 institutions financières comme R3.
Tangle comme détonateur ?
En 2017, une troisiéme génération de Blockchain voit le jour avec le réseau Tangle dédié à l’IoT. Cette troisième version s’éloigne des fondamentaux de la technologie, car les « blocs » sont remplacés par des graphes de transaction. Chaque participant du réseau Tangle doit valider des transactions pour pouvoir émettre les siennes. Cette nouvelle approche offre la perspective d’une scalabilité infinie. Elle s’affranchit de la présence des mineurs avec comme avantage un gain énergétique et des coûts de transaction réduits à zéro, idéal pour traiter les transactions des milliards d’objets connectés.
Ce principe d’un réseau où chaque utilisateur est en charge de valider des transactions a été repris par l’entreprise Télégram avec le réseau TON (Telegram Open Network) dont le lancement est prévu cette année, avec un avantage de taille : ce réseau compte déjà plus de 200M d’utilisateurs qui pourront valider des transactions depuis leur smartphone, ce qui en fera du jour au lendemain le réseau Blockchain le plus étendu au monde.
Et demain ?
La quatrième génération de la Blockchain sera probablement un mélange d’IoT, d’IA, de temps réel et de big data, mais il faudra probablement attendre encore 2 ou 3 ans pour le savoir et pendant ce temps le réseau Bitcoin devenu une institution aura validé son 600000e blocs.
Pour aller plus loin
Je suis Senior Manager expert sur les nouvelles technologies avec plus de 15 années d’expérience professionnelle centrée autour de la transformation digitale, à des postes de management et de conseil. J’ai piloté de nombreux projets à forte dimension innovante dans les secteurs de la Banque et des Télécommunications (open innovation, Intelligence artificielle, Blockchain, Rich communication, MOOC, Process Mining…).